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Charlie Hebdo : face à l'effroyable faire face tous ensemble

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La pire attaque qu'un journal français ait subie vient de se dérouler sous nos yeux. La rédaction du journal satirique Charlie Hebdo vient d'être victime d'un attentat au cours d'une fusillade qui a causé la mort de douze personnes.

Dix membres de la rédaction de Charlie Hebdo ont trouvé la mort et deux policiers. A l'heure où nous écrivons cet éditorial, quatre autre personnes sont gravement blessées. Il n'y a pas de mot pour condamner l'horreur de ce crime qui frappe un titre de la presse française, et plus largement la liberté d'expression.

Cette attaque sonne comme un véritable traumatisme, un séisme moral aux conséquences imprévisibles. On ne sait pas encore qui se cache derrière cette attaque meurtrière visiblement bien préparée. Les forces de police ne tarderont pas à le découvrir.

Mais quel que soit le commanditaire de cet attentat, l'objectif visé comme dans chaque attaque terroriste semble toujours le même : semer un climat de panique, de terreur et de haine.

Cette attaque intervient à un moment de crise et de très fortes crispations identitaires autour de l'islam. Le contexte international est dominé par les crimes de l'organisation terroriste Daesh qui a su attirer vers elle plusieurs centaines de Français.

Certains saisiront peut-être l'occasion pour ajouter de l'huile sur le feu à cette situation explosive. Mais c'est précisément ce but que poursuivent en règle générale les auteurs d'attaques terroristes.

C'est donc tout autre chose que nos compatriotes doivent réaliser. L'union sacrée face au terrorisme d'où qu'il vienne.

Toute la rédaction de Zaman France exprime sa plus profonde tristesse aux familles des victimes de Charlie Hebdo ainsi qu'aux deux policiers morts en accomplissant leur devoir.

D'ores et déjà, le 7 janvier représente un jour de deuil national.

 

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Charlie Hebdo : sur RTL, Ivan Rioufol fait pleurer Rokhaya Diallo

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Au cours d'un débat sur les ondes de RTL dans l'émission «On refait le monde» animée par Marc-Olivier Fogiel, l'éditorialiste Ivan Rioufol du Figaro s'est livré à une attaque en règle du communautarisme et a dénoncé une guerre ouverte de l'islam radical contre la France, sommant les musulmans de ce pays de se démarquer des terroristes. Une offensive violente et amalgamante contre les musulmans qui a provoqué les larmes de la chroniqueuse Rokhaya Diallo, fondatrice de l'association Les Indivisibles, et elle-même de confession musulmane.

Cette scène qui a jouxté un débat extrêmement tendu faisait suite à la tragédie qui s'est abattue hier dans les locaux de Charlie Hebdo où deux hommes armées de fusils d'assaut ont froidement assassiné douze personnes, dont dix membres de le rédaction, aux cris de «Dieu est Grand». Charb et Cabu font partie des victimes.

L'émotion était donc très forte sur le plateau. Le journaliste du Figaro a commencé par attaquer la politique de la gauche. «Je pense, malgré tout, qu'il est possible, encore aujourd'hui sous le coup de la colère - parce que moi aussi, j'ai de la colère et de la tristesse - de faire le procès de ce communautarisme qui s'est développé dans l'aveuglement très général, en l'occurrence de la gauche qui l'a parrainé», a-t-il introduit.

Les larmes de Rokhaya Diallo

Rioufol embraie ensuite sur le devoir de mobilisation des musulmans de France. «Il faudrait également et urgemment que manifestent aujourd'hui les Français musulmans qui, évidemment, ne se reconnaissent pas dans cet attentat terroriste, sinon on va craindre effectivement les amalgames». La patronne du Médef Laurence Parisot, a aussitôt réagi à ces propos rétorquant des propos laissant «entendre qu'ils (les musulmans de France, ndlr) adhéreraient à cette folie terroriste».

Ivan Rioufol est l'un des éditorialistes de la rédaction du Figaro.

«Non, je ne dis pas cela, au contraire, répond l'intéressé. Je les somme presque aujourd'hui de bien nous faire comprendre qu'ils n'adhèrent pas», dans une large retranscription des interventions faites par le site d'information ozap.com.

Rokhaya Diallo est une militante antiraciste et fondatrice de l'association Les Indivisibles.

Rokhaya Diallo a alors manifesté son émotion face aux propos de Rioufol. «Quand j'entends dire qu'on somme les musulmans de se désolidariser d'un acte qui n'a rien d'humain, oui, effectivement, je me sens visée. J'ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés».

Marc-Olivier Fogiel a ensuite pris la parole pour signaler que Rokhaya Diallo pleurait. «Le minimum, c'est de le signaler. Et de signaler que ce sont vos propos, ce soir, qui ont déclenché ces larmes» a déclaré l'animateur à l'adresse de Ivan Rioufol.

 

 

 

 

 

 

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Les deux héros musulmans qui ont défié les terroristes

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La série d'attentats menées par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly a eu sont lot de drames mais aussi d'héroïsme. Deux hommes de confession musulmane font partie de ces héros. Ahmed Merabet, policier qui a trouvé la mort dans l'exercice de ses fonctions. Et Lassana Bathily, Malien, employé de l'Hypercasher de la Porte de Vincennes, qui a sauvé la vie à quinze personnes.

Il s'appellait Ahmed Merabet et avait quarante ans. Sa profession ? Policier. Mercredi 7 janvier, Ahmed est appelé en renfort dans les locaux de Charlie Hebdo. Il s'y rend avec sa collègue sans autre équipement que son arme de service. Il fait face alors à deux hommes cagoulés et munis de fusils d'assault. Ceux que la police identifiera plus tard comme les frères Kouachi viennent d'abattre dix membres de la rédaction du jouirnal satirique.

"Avec les restrictions budgétaires, on n'a même pas assez de munitions pour s'entraîner au tir. Même pas de gaz lacrymo....Ahmed n'avait aucune chance", explique Sonia, sa collègue dans un témoignage à nos confrères du Nouvel obs. Après avoir pris la fuite dans une voiture Citroën de couleur noire, les terroristes percutent deux policiers en vélo, et tirent sur une voiture de police.

Ahmed Merabet est mort dans l'exercice de ses fonctions, abattu par les terroristes responsables de l'attentat contre Charlie Hebdo.

Une fois sur le boulevard Lenoir, ils se retrouvent face à Ahmed Merabet. Et lui tire dessus en le blessant. La scène ne s'arrête pas là. Une vidéo a filmé la fin tragique de Ahmed. Les deux hommes s'approchent du policier allongé sur le sol, désarmé et hurlant sa douleur. Ils lui disent alors «Tu veux nous tuer ?». Ahmed qui lève la main, répond «Non, c'est bon chef». Rien à faire. Les terroristes sont décidés à tuer et ils abattent Ahmed d'une balle dans la tête.

Un policier modeste et professionnel

Dimanche après-midi, le président de la République a rendu hommage au policier défunt à son domicile à Livry-Gargan et a annoncé à ses proches que la légion d'honneur lui sera remise à titre posthume. Dans le commissariat du 11e arrondissement de Paris, des fleurs sont déposés à la mémoire de Ahmed. Décrit comme un homme «discret» et «professionnel» par Rocco Contento, responsable de la section parisienne du syndicat Unité SGP Police, Ahmed Merabet avait passé avec succès l'examen d'officier de police judiciaire. Un bonheur pour cet homme fier d'appartenir à la police française. «En mars, il devait quitter la voie publique et rejoindre le service des enquêtes. Il s'est même porté volontaire cet été pour accompagner le Tour de France et représenter les couleurs de la police !», poursuit Rocco Contento. Français d'origine algérienne, Ahmed Merabet était célibataire et sans enfant. Une marche a été organisée dimanche 11 janvier à 10h30, à la mairie de Livry Gargan, en hommage à Ahmed et aux autres victimes de l'attentat. 

Un Malien qui sauve quinze personnes de la mort

Autre héros de confession musulmane, plongé au cœur de la tourmente terroriste, Lassana Bathily, de nationalité malienne, a lui sauvé des vies au cours de la seconde attaque terroriste à l'HyperCasher de la Porte de Vincennes. Au moment où Amédy Coulibaly prenait en otages les clients de cette épicerie juive, Lassana cachait des clients dans la chambre froide du magasin.

Employé de l'HyperCasher de la Porte de Vincennes, Lassana Bathily a sauvé quinze personnes en les cachant dans une chambre froide. 

«Je suis allé au congélateur, j'ai ouvert la porte, et plusieurs personnes sont rentrées avec moi. Je leur ai dit de se calmer, de ne pas faire de bruit», a-t-il déclaré sur BFMTV. Quinze personnes ont pu être sauvé grâce à Lassana qui a été très mal remercié par les forces de police. Arrêté et menotté, pris pour un terroriste Lassana Bathily l'a été 1h30 durant. Mais Lassana, ex sans-papiers, ne leur en tient pas rigueur et a eu ces mots : «Je suis musulman, pratiquant. J'ai déjà fait mes prières dans ce magasin, dans la réserve. Et oui, j'ai aidé des Juifs. On est des frères, a-t-il déclaré. Ce n'est pas une question de juifs, de chrétiens ou de musulmans, on est tous dans le même bateau», a-t-il déclaré dans des propos relayés par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN). Pour Thiaba Bruni, porte-parole du CRAN, le président de la République doit saluer ce geste héroïque de Lassana en lui attribuant la nationalité française ainsi que la Légion d'honneur.

 

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Hollande et les musulmans : les ambivalences d'un discours

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Dans un discours donné à l'Institut du monde arabe (Ima) à Paris, le président de la République François Hollande a fait une importante mise au point sur la cohésion nationale et les risques de tensions religieuses. Sans toujours éviter les dérapages langagiers, parfaitement contrôlés.

Fouad Bahri avec Reuters

Hollande a notamment insisté sur la solidarité pleine et entière de la République à l'égard des Français de confession musulmane et a dénoncé toute forme d'amalgame.

«Ce sont les musulmans qui sont les premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme et de l'intolérance», a-t-il déclaré, évoquant notamment le conflit syrien.

Une semaine après la série d'attentats qui a fait 17 victimes en France, actes revendiqués par Al Qaïda au Yémen et dont les auteurs se réclamaient de l'islam, le président français a mis en garde contre «les amalgames et les confusions».

«Nous devons refuser les amalgames et les confusions, a martelé François Hollande. Les Français de confession musulmane ont les mêmes droits, les mêmes devoirs que tous les citoyens. Ils doivent être protégés. La laïcité y concourt, elle respecte toutes les religions.»

«Rien ne doit être toléré, a répété le chef de l’Etat. L’ordre républicain doit être exercé fermement face à ceux qui s’en prennent à tous les lieux de culte.»

Le devoir d'injonction

Alors que les incidents se sont multipliés dans les écoles depuis la minute de silence jeudi 8 janvier, M. Hollande a insisté sur le rôle de «l’école de la République, lieu de connaissance, de savoir».

«Les actes antimusulmans comme antisémites doivent être punis sévèrement», a ajouté le président, assurant que «les conflits du Moyen-Orient n’ont pas leur place ici».

Les musulmans «doivent être protégés, la laïcité y concourt car elle respecte toutes les religions», a-t-il dit. «L'école de la République est également un lieu de lumière et donc de connaissance, de savoir. L'histoire y est enseignée, ce qui veut dire l'histoire des religions, pour savoir d'où nous venons».

Fustigeant le racisme et l'antisémitisme, le président a décrit une France «qui s'est constituée à travers des mouvements de population, des flux d'immigration» qui font que «nombre de (se)s compatriotes ont des attaches avec le monde arabe».

«Ils peuvent être musulmans, juifs, chrétiens, ils peuvent être croyants ou non», a-t-il rappelé. «Ils ont contribué, génération après génération, à l'Histoire de la France.»

Pourtant, le chef de l'Etat a eu ces mots troublants et qui ont pris le contre-pied de la tonalité apaisante et consensuelle de son discours en appelant les musulmans de France à se sentir «unis, protégés, respectés comme eux-mêmes doivent respecter la République».

Une formulation malheureuse qui reprend les éléments de discours des partisans de l'injonction à l'encontre de leurs compatriotes de confession musulmane.

«La Méditerranée, mer de la prospérité»

Hollande a également interpellé les pays de la Méditerranée en commençant par rappeler que les conflits de l'étranger, en particulier en Syrie et au Proche-Orient, «n'ont pas leur place ici, ne peuvent pas être importés».

«La France est un pays ami mais la France est un pays qui a des règles, des principes, des valeurs, et parmi les valeurs il y en a une qui n'est pas négociable, qui ne le sera jamais, c'est la liberté, la démocratie», a-t-il souligné, sur-investissant là-encore la spécificité française là où le danger terroriste tendrait à égaliser toutes les conditions des peuples au nom d'un fléau commun.

La France proposera à ses partenaires européens de renforcer les coopérations entre les deux rives de la Méditerranée, «qui ne doit pas être une mer du malheur mais une mer de la prospérité.»

François Hollande a dit souhaiter une meilleure utilisation des institutions telles que l'Union pour la Méditerranée et le groupe 5+5 (France, Italie, Portugal, Espagne, Malte, Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie) pour faire de cette région du monde "un espace de sécurité et de développement."

 

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Charlie Hebdo : le piège de la confessionnalisation

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Alors que des hommes politiques et des éditorialistes français ont demandé aux musulmans de se désolidariser des attentats qui ont frappé la capitale, d'autres voix ont souligné l'erreur et le danger d'investir le référent religieux et de confessionnaliser les questions de terrorisme.

La dramatique attaque contre les bureaux du journal satirique Charlie Hebdo par deux hommes armés qui ont tué de sang froid dix des membres de la rédaction et deux policiers a plongé la France dans un climat de peur, d'angoisse, de colère et d'incompréhension.

Dans ce contexte d'émotion intense, la tentation de désigner des responsables ou de jeter le doute sur leur loyauté était présente. Un article publié par Zaman France dévoilait ainsi il y a peu la teneur d'un débat sur RTL entre l'éditorialiste Yvan Rioufol et la militante antiraciste Rokhaya Diallo, où Rioufol sommait les musulmans de France de se désolidariser de l'attentat.

D'autres lui ont emboîté le pas comme l'ex chef de l'Etat Nicolas Sarkozy qui a tweeté après la tragédie de Charlie Hebdo que les questions de «l'immigration et de l'islam sont clairement posées». Beaucoup de politiques et d'«intellectuels» ont surfé sur cette vague de la justification permanente.

Pas de justification au nom de l'islam

Pour autant, d'autres voix se sont exprimées pour défendre l'opinion contraire. Le philosophe tunisien, anthropologue, spécialiste de la Grèce ancienne et du Coran Youssef Seddik a eu ces mots sur le site de Rue 89. «Nous sommes effarés, nous sommes hors de nous, mais n’avons pas à nous justifier en tant que musulmans. Pourquoi s’adresser à nous ? Nous sommes comme vous. Qui vous dit que je ne suis pas athée ? D’ascendance musulmane, mais athée ? Il est indécent que nous soyons enjoints à nous désolidariser», a-t-il déclaré.

Le chercheur au CNRS, spécialiste du monde arabe et de l’Islam, Vincent Geisser a été interviewé sur le site de Challenges.fr. «Il faut faire attention avec cela. C’est bien que les acteurs religieux comme le CFCM,  l’UOIF ou les imams condamnent fermement ce qui s’est produit. Mais l’intervention de ces acteurs tend à favoriser une lecture communautaire et religieuse de cette tragédie. Nous sommes dans un État laïc donc il ne faut pas surdéterminer, surévaluer, le rôle de ces instances».

Pour le chercheur français, la grille de lecture religieuse est un paravent masquant d'autres mobiles, d'autres facteurs, d'autres causalités.

«Ceux qui passent à l’acte ont un profil de gangster islamisé. Ils ne sont pas des piliers des mosquées. Les jeunes qui  font le Jihad ont une culture musulmane très fragile par exemple. Leur capital islamique est très faible. Le CFCM a donc une influence nulle sur ces gens, il n’a aucun pouvoir de médiation. C’est comme demander à un professeur de médecine de ressusciter un mort. Le terrorisme relève d’une logique criminelle».

Commentant l'intervention du président Hollande à l'Institut du monde arabe du 15 janvier, des conseillers du président, cités par Le Monde, insiste sur le fait de décommunautariser cette crise nationale. «La réponse aux morts de Charlie Hebdo n’est pas d’enchaîner les visites aux communautés», estime un collaborateur. «On est dans un moment de rassemblement et d’unité. Faisons attention à ne pas communautariser le débat. Le président ne rentrera pas dans le sujet en disant : un point pour les juifs, un point pour les musulmans», prévient un autre conseiller du chef de l’Etat.

Le risque du choc des civilisations

Dans une tribune publiée sur Libération, du politologue et enseignant à HEC, Thomas Guénolé titrée Attentat de «Charlie Hebdo» : les musulmans de France n’ont pas à se justifier, l'argumentaire de l'injonction est déconstruit avec plusieurs exemples.

«Quand le Ku Klux Klan pendait des Noirs au nom de la suprématie chrétienne blanche, nul n’exigeait que les clergés chrétiens américains s’en désolidarisent. Au fil des trente années d’attentats de la Fraction armée rouge en Allemagne, nul ne réclama que la gauche allemande réaffirme son attachement à la démocratie. De même, plus près de nous, dans la France des années 1980, personne ne songea à soupçonner l’extrême gauche de ne pas assez rejeter les attentats d’Action directe. Pourquoi ? Parce que dans tous ces cas, considérer les seconds comme a priori suspects de sympathie pour les premiers, c’eût été absurde, ridicule, et pour tout dire idiot», explique-t-il.

Par conséquent, «Exiger spécifiquement des musulmans de France qu’ils condamnent cet acte, c’est enfermer ces Français dans un étiquetage religieux. C’est donc poser sur eux un regard qui n’est pas républicain. C’est aussi fantasmer sur une «communauté musulmane» au lieu de respecter l’individualité de ces Français. C’est donc être communautariste. Surtout, c’est mettre mentalement dans le même sac les Français musulmans et les terroristes obscurantistes-puritanistes. C’est donc aider ces derniers à installer de force en France la grille de lecture d’un «choc des civilisations»", écrit-il

 

 

 

 

 

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Caricatures : la liberté d'expression peut-elle tout justifier ?

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Alors qu'en France, le discours est resté unanimement centré sur la liberté d'expression des caricaturistes de Charlie Hebdo, d'autres voix ont dénoncé l'offense faite à l'islam et l'usage irrespectueux de la liberté d'expression.

La vague d'émotion qui a suivie les attentats en France contre le journal Charlie Hebdo a favorisé la production d'un discours national fortement consensuel autour du journal satirique devenu la voix de la France et le symbole de la démocratie frappée dans ses principes.

Ce fut nettement le cas dans l'Hexagone avec une pléiade de manchettes reprenant la caricature de Mahomet, sur fond de titres comme «Nous sommes Charlie», «Nous sommes la France», illustrant la totale solidarité de la presse française non seulement avec l'horreur de l'attentat ce qui est parfaitement légitime mais plus encore avec la ligne éditoriale du journal satirique.

En Europe, les quotidien allemands Die Tageszeitung et Neues Deutschland ont reproduit la une de Charlie Hebdo, tout comme Saarbrücker Zeitung. Bild a consacré sa quatrième de couverture à la une du journal satirique. En Espagne, El País a publié la double page centrale du Charlie Hebdo"des survivants"

La tolérance religieuse anglo-saxonne

Outre-Atlantique et Outre-Manche, la politique éditoriale des journaux fut toute autre. La tradition de tolérance religieuse aux Etats-Unis et au Royaume-Uni étant très ancrée dans la culture politique des Anglo-Saxons, peu de titres ont reproduit la Une de Charlie Hebdo.

Le New York Times, New York Daily News et The Daily Telegraph en font partie. Beaucoup d'éditorialistes ont dénoncé la peur de ces journaux qui auraient cédé au chantage des terroristes. Mais pour  Philippe Portier, historien et sociologue des ­religions, interviewé par nos confrères du Monde.fr, le respect des opinions religieuses est tout aussi déterminant dans cette posture anglo-saxonne, à la différence de la tradition anticléricale française. 

«Aux Etats-Unis, le contrat social est fondé sur le respect de la ­religion et le lien social repose sur le fait de croire, analyse le sociologue français. Croire, en Amérique, n’est pas perçu comme un affaiblissement de l’esprit. En France, une partie de la société s’est construite contre la religion. Pour entrer dans la modernité, opérer cette séparation de l’Eglise et de l’Etat et instaurer la laïcité, il a fallu se battre contre et la critiquer. La caricature est un art très français de la rébellion, né des Lumières et de la Révolution dans lequel s’inscrit Charlie Hebdo. »

Ne pas céder à la provocation de l'offense

Dans ce débat sur le rapport entre la liberté d'expression et le respect de la liberté religieuse, des prises de positions se sont faites entendre dans la presse française. Le théologien musulman Ahmed Jaballah insiste sur le fait que  «la liberté d'expression gagne à être utilisée avec responsabilité et dans le respect de la dignité de l'autre» en précisant les dangers qu'un usage irresponsable de cette liberté fait peser sur le vivre-ensemble.

«Chacun d'entre nous a déjà été indigné par des propos qui respectent la légalité mais qui abîment le vivre-ensemble. Comment, dans une société de diversité, exercer sa liberté sans nuire au vivre-ensemble ni offenser l'autre dans sa dignité ? Voilà une question légitime qui doit être sereinement débattue».

Les contours flous de la liberté d'expression

Sur le site de Médiapart, Laurent Ripart regrette la posture conflictuelle proche du choc des civilisations de Samuel Huntington fréquemment relayée dans les médias français. «Il est au fond attristant de voir tant de gens s'inscrire, aussi bien à droite qu’à gauche, dans le piège qui nous est tendu, celui de penser le monde comme le champ d'un combat entre les valeurs "universelles" de l'Occident et un fondamentalisme auquel serait, selon certains philistins, peu ou prou condamné l'Islam».

La pluralité des approches philosophiques démontre la complexité du sujet. Ainsi, pour les dessinateurs de Charlie Hebdo, caricaturer le Prophète de l'islam fait partie de la liberté de religion. C'est en substance les propos tenus par le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, sur les ondes américaines de NBC. «Chaque fois que nous faisons un dessin de Mahomet, chaque fois que nous faisons un dessin de prophètes, chaque fois que nous faisons un dessin de Dieu, nous défendons la liberté de religion». De quoi relancer à nouveau le débat.

 

 

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Jamel Debbouze : "Le terrorisme n'a pas de religion!"

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Dans un entretien accordé à Sept à Huit, dimanche 18 janvier, Jamel Debbouze s’est exprimé sur les attentats qui ont secoué la France.

Pour la première fois, l'humoriste est revenu sur sa foi musulmane et ses origines :

"J'ai passé mon temps à ne pas dire que j'étais musulman, a-t-il dit. Pas parce que je n'en étais pas fier, loin de là, parce que je considérais que ce n'était pas un sujet, qu'on n'avait pas besoin de revendiquer son identité, sa différence".

Bouleversé et meurtri par ces événements, il explique qu’aujourd’hui, il ressent presque le besoin de le revendiquer, tout en exprimant son amour pour la France, «un pays avec des valeurs nobles».

"Aujourd'hui, j'ai presque besoin de le revendiquer, comme pour dire 'ne vous inquiétez pas, on est pareils', a-t-il également affirmé. Je suis français, musulman, artiste. Je suis né à Barbès, j'ai grandi à Trappes. Je suis père de 2 enfants, marié à une chrétienne, journaliste, très très belle, a-t-il ajouté au sujet de sa femme, Mélissa Theuriau. Et ça pour moi, c'est la France ».

«Le blasphème, c’est pas ma culture»

A la question de son ressenti sur les caricatures, Debbouze a expliqué son malaise tout en exprimant son horreur face aux actes perpétrés. "Le blasphème, c'est pas ma culture, ça me fait pas rire. Mais on ne peut pas insulter, agresser et tuer juste parce qu'on n'est pas d'accord", a-t-il dit. "On ne tue pas au nom de Dieu, ça n'existe pas. Le terrorisme n'a pas de religion ». 

L'intégralité de l'interview : 

 

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Le défi de l'islam aujourd'hui : délaisser les vieux concepts au profit du "dar-al Hizmet"

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MUSTAFA DEMIR/ ÖMER SENER

Dans un précédent article, nous avons examiné l'impact de l'émergence du groupe Daesh sur les minorités musulmanes dans les pays occidentaux en procédant à l'analyse d'événements tragiques qui venaient de se produire au Canada et aux Etats-Unis. Nous disions que Daesh (et les autres groupes extrémistes comme al-Qaïda et les talibans) avait nui à l'image des musulmans dans le monde entier plus que n'importe quel autre groupe ou idéologie. 

Nous y disions également que les termes dichotomiques «dar al-Harb» et «dar al-Sulh», créés par des intellectuels musulmans à l'ère médiévale, n'étaient pas mentionnés dans le Coran ni dans la sunna et ne répondaient pas à la complexité des relations internationales d'un monde globalisé comme aujourd'hui. Il est donc évident que ces termes ont été créés pour servir les intérêts géopolitiques des dynasties de cette époque conformément au contexte politique de l'époque.

Aujourd'hui, l'interprétation radicale de l'islam et ses croyants appliquent ces concepts anachroniques et utilisent cette terminologie pour justifier ou fonder «théologiquement» leurs actions extrémistes, comme l'assassinat de personnes innocentes.

C'est pour cela qu'il est nécessaire et urgent de clarifier les racines de ces termes et le contexte dans lequel ils étaient considérés comme «acceptables» ou «applicables».

Nous sommes aujourd'hui en présence d'un «nouveau» monde dont la réalité ne repose pas uniquement sur l'aspect financier mais également sur une mondialisation culturelle et ethnique.

La nature même de cette mondialisation requiert une réinterprétation des concepts «religieux» existants, qui ont été créés pour servir les intérêts géopolitiques des détenteurs du pouvoir à l'époque et qui servent aujourd'hui les intérêts des seigneurs de la guerre.

Quels sont les intérêts des musulmans dans un monde globalisé ?

Il n'est pas aisé de définir les intérêts d'un groupe pas totalement soudé tels les groupes religieux, vu les multiples façons de comprendre les principes et la pratique de leur foi. Mais pour faire simple, ce dont ont besoin les musulmans et les autres croyants, c'est un monde où ils peuvent pratiquer leur foi en paix.

Cela dit, l'image que les agissements de radicaux donnent des musulmans et la façon dont certains médias présentent ces actions a entraîné l'apparition de l'islamophobie et la perception des musulmans en tant que menace.

L'islam en tant qu'«idéologie» et les musulmans «en tant que pratiquants» sont perçus comme «ceux qui veulent porter atteinte aux fondements/valeurs des sociétés occidentales».

Par exemple, à cause de l'ampleur de la tragédie et de la manière dont certains médias irresponsables ont rapporté l'information, beaucoup ont commencé à soupçonner leurs amis et voisins musulmans au lendemain des attentats du 11-Septembre et du 7 juillet à Londres.

Ainsi, la représentation médiatique de tels événements a fait l'objet d'études approfondies. Mais l'auto-critique des musulmans et des intellectuels musulmans n'a dépassé la condamnation de ces actes.

De nouvelles mesures fondamentales doivent rapidement être entreprises pour lutter contre le radicalisme sur le long terme, et ce par le biais d'une remise en question de l'utilisation par les extrémistes de concepts qui justifient leurs actions terroristes.

Revoir le contexte des termes utilisés par les extrémistes

Nous avions identifié un certain nombre de concepts qui ont été utilisés par des extrémistes pour fonder et motiver leurs actions radicales. Deux de ces termes sont «dar al-Harb» et «djihad».

Nous allons évoquer la pertinence du terme «dar al-hizmet» au sein de notre monde globalisé et débattrons du concept de djihad, souvent mal interprété.

«Dar al-hizmet» est un terme relativement nouveau qui décrit une nouvelle vision du monde islamique qui ne se divise pas entre la sphère islamique et la sphère non-islamique mais qui voit le monde comme un lieu où on sert l'humanité dans son ensemble et où on atteint, par cet intermédiaire, le plaisir de Dieu.

Ainsi, «Dar al-hizmet» en tant que terme islamique ne trouve pas sa base dans des calculs et des considérations géopolitiques (comme c'était le cas avec les termes à connotation politique «dar al-Harb» et «dar al-Suhl») mais dans les concepts sociaux et spirituels d'ihsan, de diğergamlık (altruisme) et enfin, de hizmet (service).

Résultat, «dar al-hizmet» a le pouvoir de mobiliser les musulmans afin qu'ils deviennent plus responsables socialement au sein de leur communauté et de leur pays d'accueil, peu importent la religion ou l'idéologie dominante et la forme de gouvernance du pays dans lequel ils vivent.

Il faut également souligner que le terme «dar al-Harb» n'a pas sa place dans le Coran ni dans la sunna, les deux principales sources de l'islam. Par conséquent, les intellectuels musulmans défendent l'utilisation d'autres termes comme «dar al-Ahd» (domaine de la trêve) et «dar al-da'wah» (domaine de l'invitation), pas vraiment connus en Occident.

Ces termes, comme celui de «dar al-hizmet» pourraient être la solution au problème des groupes qui se radicalisent et qui citent (et interprètent souvent mal) certaines fatwas se rapportant à l'intellectuel musulman médiéval, Ibn Taymiyya.

Comme il le souligne dans son ouvrage sur la position d'Ibn Taymiyya vis-à-vis de la lutte contre le régime tyrannique ou oppressif, l'universitaire Yahya Michot indique que Taymiyya est souvent mal interprété dans le but d'inciter à la violence contre les régimes non-musulmans, alors qu'il suggère patience et endurance, plus que le combat («qital»).

Promouvoir l'utilisation d'autres termes dans le monde musulman

Si des groupes extrémistes basent leurs agissements sur certaines de ses fatwas, ces débats intellectuels qui plongent au cœur de la complexité de ses arguments religieux et les place dans leurs contextes historique, géopolitique et social sont remarquables.

Ces arguments et termes alternatifs en lieu et place de «dar al-harb» doivent faire l'objet de discussions par les intellectuels musulmans lors de conférences et de symposiums et être présentés au large public afin d'empêcher la radicalisation de la jeunesse musulmane par l'intermédiaire de groupes extrémistes.

De plus, un terme comme «müspet hareket», proposé par l'érudit musulman Fethullah Gülen peut également servir en ce qu'il donne à la jeunesse musulmane un rôle constructif dans sa contribution à la société au sens large dans son pays d'accueil.

«Müspet hareket» (l'action positive) dans ce sens, encourage la pro-activité en société et les citoyens à se montrer respectueux envers la loi.

D'un autre côté, on a un terme mal interprété, celui de «djihad», à la fois déformé par les médias et les groupes extrémistes pour véhiculer le sens de violence et d'agression. Comme pour «dar al-harb» par exemple, «djihad» est communément utilisé par les médias pour parler de l'«extrémisme islamique».

D'un autre côté, les groupes extrémistes abusent du concept de «djihad» et l'utilisent pour légitimer leurs actes terroristes. Alors que «djihad» ne transmet pas du tout le sens de «guerre sainte» en islam, il est souvent utilisé à la place de ce terme à très forte connotation.

En réalité, le terme de «guerre sainte» ne se rapporte pas à la terminologie islamique, la paix («Suhl») étant considérée comme une partie intégrante du «djihad». Le concept de «djihad» doit donc être replacé dans son contexte par les intellectuels et universitaires musulmans.

La corrélation entre les termes «ijtihad» et «djihad» ne devrait pas être négligée, étant donné qu'ils ont la même racine. Tandis que «ijtihad» appartient au domaine du fiqh, c'est-à-dire l'effort déployé pour comprendre et réfléchir sur le Coran et la sunna, «djihad» possède une signification plus variée, à savoir le fait de «s'efforcer» d'apprivoiser son âme charnelle afin de représenter les valeurs et le vrai caractère de sa foi dans tout ce qu'on fait durant sa vie.

«Djihad» dans ce contexte est une force déployée pour le bien et un effort vers l'amélioration constante de son comportement social et de son caractère avec sa famille, ses collègues, la communauté et la société au sens large.

Cependant, «djihad» est un mot qui a déjà été galvaudé (construit comme une menace existentielle à certaines valeurs précieuses) et les significations qu'on lui attribue ne rendent pas l'idée de paix. Ainsi, remettre en question les significations négatives qui existent et qui sont profondément ancrées est peut-être uniquement possible si on relève l'importance d'alternatives et d'une terminologie qui est en train d'émerger comme «hizmet» (service).

Promouvoir ces notions pour remettre en question des concepts destructeurs dans le contexte actuel d'un monde globalisé est uniquement possible via des plate-formes qui puissent fournir de telles interprétations, en montrant la valeur du service à l'humanité et en défiant des images déjà toutes faites.

 

Mustafa Demir est doctorant en politique et relations internationales à l'institut international des études sociales de l'université de Keele, en Grande-Bretagne.

Ömer Sener est chercheur et écrivain, docteur en études culturelles et critique littéraire à la Queen Mary University de Londres.

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Samim Akgönül : "La communauté musulmane n'est pas responsable des crimes commis par des individus musulmans"

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Samim Akgönül, politologue et historien au département des relations internationales et d'Etudes turques de l'université de Strasbourg, s'exprime à Zaman sur les attentats perpétrés contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier dernier. Le professeur, dont les thèmes de recherche tournent autour des minorités, des communautés d'immigrants, de la religion, de la société et de l'Etat, évoque notamment la perception de la société vis-à-vis du journal, ce que représentent les attaques pour la France et leurs potentielles répercussions sur les musulmans d'Europe.

 

Le journal Charlie Hebdo s'est-il déjà montré raciste et/ou anti-musulman ?

Charlie Hebdo n'est pas monolithique. Il est arrivé que certains contributeurs – comme Philippe Val, qui a dirigé le journal de 1992 à 2009 – aient un sens de l'humour qui pouvait être qualifié de raciste. Ce n'était pas du tout le cas des caricaturistes qui ont été assassinés, Cabu, Charb et Wolinski. On ne peut pas dire que Charlie Hebdo soit un journal anti-musulman. En revanche, c'est un journal anti-islam orthodoxe.

Pourquoi Charlie Hebdo est-il perçu comme un journal anti-islam ?

D'un côté, ce n'est pas uniquement une perception. C'est la réalité. Mais il faut opérer une distinction nette entre anti-islam et anti-musulman. Charlie Hebdo n'est pas contre les musulmans en France ou en général. La ligne éditoriale est basée sur l'idée que les musulmans sont les victimes premières d'une approche orthodoxe et dogmatique et les musulmans sont profondément hostiles à la liberté d'interprétation de l'islam.

Mais on peut aussi considérer que la principale cible du journal est l'Eglise catholique souvent représentée comme un Etat oppressant et raciste. Attaquer les dogmes et les symboles «saints» et non pas le peuple est normal en France.

Au contraire, dans les sociétés moyen-orientales, on sous-estime les attaques terroristes mais on réagit violemment au manque de respect vis-à-vis des tabous. Ces tabous, nationaux et/ou religieux étaient et restent les principales cibles de Charlie Hebdo. D'un autre côté, c'est en effet une perception qui est apparue à cause de la couverture médiatique.

Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce que j'essaye de dire, c'est que quand Charlie Hebdo tourne en ridicule et se moque d'autres religions, les pays musulmans et non-musulmans restent relativement silencieux. Quand le journal fait la même chose avec des symboles islamiques, on constate une réaction violente voire physique.

Les leaders de médias, politiques et religieux déforment, simplifient à l'excès et finissent par manipuler le public en présentant cette sorte de moquerie comme l'ennemi mortel. Les gens réagissent aux choses simples. Et quand ils réagissent aux choses simples, ils exagèrent toujours.

Dans ce sens, particulièrement au Moyen-Orient – en Turquie, en Egypte etc. – les gens voient Charlie Hebdo comme anti-islam et uniquement anti-islam. Mais l'aspect anti-islam de Charlie Hebdo est marginal par rapport à d'autres discours qui ont pu être tenus contre les autres systèmes religieux et/ou idéologiques.

Qu'est-ce que représente Charlie Hebdo ? Qu'est-ce que l'attaque contre Charlie Hebdo signifie pour la France ?

Le paradoxe français qui est l'anticléricalisme. Si je peux me permettre un oxymore, le droit au blasphème est sacré en France. C'est pour cela que l'attaque contre Charlie Hebdo a été ressentie comme une attaque à la francité, aux valeurs de la France.

Même si les médias et le discours politique ont leur part de responsabilité dans les réactions du public, je pense qu'il y a eu une véritable tristesse, sincère et profonde mais aussi de la colère chez ces millions de personnes qui ont dit «Je suis Charlie» dans les rues de France, même si elles n'étaient pas d'accord avec le journal auparavant.

Comment réagissent les musulmans d'Europe face à cette attaque ?

Avec dignité et peur. Dignité parce que les musulmans français n'ont pas eu cette réaction excessive qu'ont eu les pays musulmans. Une grande majorité a ouvertement condamné ces attaques sans rechercher de prétexte. Beaucoup d'organisations musulmanes comme le Conseil français du culte musulman ont vivement condamné ces assassinats. Des milliers de musulmans ont participé aux manifestations du 11 janvier à Paris et en province.

Et avec peur car quand il se produit un électrochoc comme celui-ci, la majorité voit la minorité comme une communauté monolithique et TOUS les membres de cette minorité sont assimilés à une seule et même image. Dans ce cas précis, à la violence, à l'intolérance et au terrorisme. Il est du devoir des intellectuels français, des partis de gauche, des défenseurs des droits de l'homme mais aussi des leaders musulmans de protéger les individus qui appartiennent à la minorité musulmane.

Pensez-vous qu'ils devraient plus vivement dénoncer les islamistes radicaux afin de mettre fin aux justifications du racisme en Europe ?

Oui et non. Oui parce qu'on attend quelque chose de la majorité. Dans la vie quotidienne, on attend du musulman moyen qu'il prouve sa fidélité aux valeurs françaises. C'est une situation fréquente dans les relations entre minorités et majorités comme c'est le cas pour les non-musulmans qui vivent en Turquie.

Mais en même temps, je pense qu'il est toujours injuste de demander à une communauté de présenter ses excuses pour un acte de violence perpétré par quelqu'un d'autre. En droit, il y a un principe : l'individualité de la peine. Les musulmans ne sont pas responsables en tant que communauté des crimes commis par des individus musulmans.

Pourtant, et il faut le dire, il existe une minorité dans cette minorité qui légitime et qui encourage même ce type de violence. Une politique de dé-radicalisation, un processus public, doit être appliquée en urgence par l'Etat et les organisations musulmanes elles-mêmes.

Quelles pourraient être les répercussions sur les musulmans d'Europe après cette attaque ?

Il pourrait se passer deux choses totalement opposées. Première chose, une montée des mouvements d'extrême-droite est à craindre. Je suis quasiment certain que les nationalistes et les «identitaires», comme on les appelle en France, exploiteront ces attaques.

Mais j'aimerais terminer sur une note positive. Je m'attends à un réflexe de la gauche contre tous types de discriminations et de racisme. Cela a été le cas avec les manifestations de dimanche. Je n'ai pas entendu de slogans «contre» quoi que ce soit. Tous les slogans étaient «pour» quelque chose.

Je pense qu'en Europe occidentale, les gens comprendront que les communautés musulmanes, croyantes ou non, sont partie intégrante de la société. Et les communautés musulmanes assimileront davantage, encore une fois par réflexe, les valeurs européennes puisqu'elles sont européennes à 100%.

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Liberté d'expression/liberté de conscience : faux débat et faux départ

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Est-ce bien raisonnable de prendre la plume en ces temps de violence générale ? Le chaos a frappé la France. L’émotion est palpable. La tension est électrique et chaque éternuement d’opinion est susceptible de déclencher la foudre. 17 morts, un journal décimé et un peuple en colère.

Ce n’est pas tout. Certains pays musulmans s’embrasent et défilent contre les caricatures du prophète Muhammed, sous la houlette des régimes autoritaires et autres gouvernements militaires, monarchiques ou oligarchiques, qui savent canaliser les passions populaires et orienter les vents de la contestation dans le sens contraire à celui des tempêtes démocratiques. Soit. Et maintenant ? Que faut-il dire ? Faire ? Penser ?

Les "grands esprits" de la République sont divisés. Une partie renouvelle le discours de la dénonciation, parfaitement légitime, mais insuffisant. L’émotion n’aide pas à la résolution des problèmes et est une bien mauvaise conseillère. D’autres ont investi le champ de l’éternel débat entre liberté d’expression érigée en dogme sacré de la République et liberté de conscience. Ce débat en France est un débat faussé. La tradition anticléricale est toujours vivace et détermine une orientation nettement antireligieuse du concept de liberté.

De fait, la France, par son histoire et ses valeurs, n’est pas proche de la tradition libérale anglo-saxonne. La liberté en France a toujours revêtu les oripeaux des pouvoirs et des classes dominantes, les unes succédant inévitablement aux autres, par la force de l’Histoire. L’Eglise ayant été la principale opposante des élites philosophiques et politiques du XVIII à la fin du XIXe siècle et le soutien idéologique du pouvoir, la religion a incrusté sa marque négative dans l'imaginaire français.

Ce rappel nous permet de comprendre les soubassements idéologiques de l’union nationale qui s’est accomplie dans la formule "Nous sommes Charlie". Des Unes comme celle de Libé, "Nous sommes un peuple", évoquait les relents révolutionnaire de la matrice républicaine. Mais même à droite, l’heure était à l’union sacrée.

Sur un plateau télé, Natacha Polony évoque la tradition française de la caricature l’associant à la culture française et réorientant le débat, de la tension entre deux libertés, celle de caricaturer et celle de critiquer et de manifester contre les caricatures, à celui d’une identification nationale à la France. Outre le fait que la notion de tradition ferait bondir les auteurs défunts de Charlie Hebdo, la chroniqueuse du Figaro aurait pu également ajouter que des caricatures antisémites ont participé il y a un siècle à diaboliser des composantes de la population française.

Si, encore une fois, ces réactions sont parfaitement compréhensibles et traduisent le traumatisme national des Français face à une manifestation de violence terrifiante, il est erroné de laisser entendre que Charlie est la France comme si la France pouvait se réduire à un concept ; comme si les Français de droite, catholiques, juifs, protestants ou musulmans, ces Français qui font sans doute partie des 42 % à être défavorables à la publication des caricatures comme le révélait un sondage, n’étaient pas la France.

Même si beaucoup de ceux qui ont scandé le slogan "Nous sommes Charlie" n’adhèrent pas forcément à la ligne éditoriale du journal satirique, nous en sommes conscient, il faut néanmoins souligner le fait que symboliser une Nation par une seule de ses expressions est toujours risqué. C’est prendre le risque de la marginalisation et de l’exclusion des autres.

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La Turquie expulse un présumé djihadiste vers la France

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Un présumé djihadiste a été expulsé dans la nuit de mercredi à jeudi de la Turquie vers la France et devait être présenté jeudi à un juge d'instruction antiterroriste, a-t-on appris de sources française et turque.

Ce Français faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen dans le cadre d'une enquête ouverte le 11 janvier dernier pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a précisé une source judiciaire française, confirmant une information d'Europe 1.

Arrêté à proximité de la frontière syrienne autour du 6 janvier, il était avec sa femme et leur enfant, également expulsés, et faisait partie d'un groupe de personnes qui tentait de gagner la Syrie, selon un officiel turc.

Cheikhou Diakhaby, n'a jamais été condamné pour des faits de terrorisme en France, mais était parti en Irak en 2004, dit une source proche du dossier.

Il avait été arrêté début janvier en Bulgarie aux côtés de Fritz-Joly Joachin, qui doit être bientôt extradé vers la France et a admis connaître les frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier dernier.

Les deux hommes voulaient alors rejoindre la Turquie.

A l'issue de cette interpellation, Fritz-Joly Joachin, visé par un mandat d'arrêt européen pour enlèvement d'enfant après une plainte de sa femme, a été retenu par les autorités bulgares. Il voyageait avec son fils de trois ans qu'il comptait emmener en Syrie.

Un mandat d'arrêt européen

Cheikhou Diakhaby, lui, n'a pas été retenu en Bulgarie et a rejoint la Turquie.

Dix jours plus tard, un mandat d'arrêt européen a toutefois été émis à son encontre - ainsi que contre Fritz-Joly Joachin - pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, permettant son expulsion la nuit dernière.

Fritz-Joly Joachin, Français d'origine haïtienne converti à l'islam, était connu des autorités françaises pour ses liens avec les filières irakiennes, auxquelles Chérif Kouachi a appartenu et qui lui ont valu d'être condamné en mai 2008 à trois ans de prison.

Il a admis connaître les frères Saïd et Kouachi mais a démenti connaître leur projet d'attentat.

Un lien avec Chérif Kouachi ?

Un éventuel lien entre Cheikhou Diakhaby et Chérif Kouachi est donc possible, même s'il n'est pas avéré à cette heure, estime une source proche du dossier.

L'enquête qui vise Fritz-Joly Joachin et Cheikhou Diakhaby est distincte de celle sur les attentats djihadistes qui ont fait 17 morts en France, insiste une source judiciaire.

Leurs dépositions pourraient toutefois intéresser les enquêteurs, qui ont jusque-là principalement avancé sur le volet Coulibaly, et non sur le volet des frères Kouachi, comme l'a dit mercredi le procureur de Paris.

Quatre hommes âgés de 22 à 28 ans soupçonnés d'avoir apporté une aide "logistique"à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre juifs début janvier en Ile-de-France, ont été mis en examen et placés en détention provisoire.

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2015 : les rencontres interreligieuses démarrent sur les chapeaux de roue

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Cela mérite d'être souligné. En cette turbulente nouvelle année 2015, les rencontres interreligieuses sont belles et bien au rendez-vous. Une bouffé d'oxygène salutaire deux semaines après les dramatiques attentats qui ont endeuillé le sol français.

Jeudi 22 janvier, le Collège des Bernardins reçoit la rencontre annuelle pour la paix lancée par la Communauté de Sant'Egidio. Il s'agit de l'une des plus importantes manifestation de dialogue interreligieux actuellement organisée au niveau international.

Présidée par le père Antoine Guggenheim, la rencontre réunira Jean-François Bensahel, président de l’Union libérale israélite de France ; Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, membre de l'Académie française ; Jean-Arnold de Clermont, président honoraire de la Fédération protestante de France ;

Anouar Kbibech, vice-président du Conseil français du culte musulman et Valérie Régnier, responsable de la Communauté de Sant’Egidio en France.

Islam et citoyenneté

L'objectif affichée de ces rencontres initiées par le Pape Jean-Paul II est de permettre aux «croyants des différentes religions de s'unir aux hommes de bonne volonté pour mettre en place la civilisation du vivre ensemble et construire un avenir de paix entre les peuples».

Dimanche 25 janvier, la troisième table-ronde d'une journée entière de débat et de réflexion sur la place de l'islam dans la citoyenneté française organisée par l'Académie française de la pensée islamique sera consacrée au vivre-ensemble.

Sous l'intitulé «Quelle société française de demain nous voulons ensemble ?», débattront ensemble le physicien Ghaleb Bencheikh, le théologien Tahar Mahdi, le Père Bruno Leclerc, le rabbin Jacques Levy et le pasteur Bernard Jornod.

AFPI : 75 avenue de la Marne 93800 Epinay sur seine.Train Ligne H à partir de Gare du Nord,

station Epinay/Villetaneuse.

Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy 75005 Paris

 

 

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Raphaël Liogier : «Le djihad est le chant du cygne d’individus asociaux»

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Raphaël Liogier est sociologue du fait religieux, professeur des universités à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence et directeur de l'Observatoire du religieux. Il est aussi l’auteur du Mythe de l’islamisation (Seuil) et Ce populisme qui vient (Textuel). Zaman France l’a interrogé sur le profil des djihadistes français et sur les caractéristiques du nouveau djihadisme. 

Vous estimez que des individus comme les frères Kouachi ou Amédy Coulibaly ne ressemblent pas au profil des djihadistes des années 80/90. Comment définiriez-vous cette nouvelle génération de djihadistes ?

Cette nouvelle génération croise l'ancienne génération. Les frères Kouachi ont été en contact avec des membres de l’ancienne génération. La caractéristique du djihadisme moderne est d’être un produit de décomposition du néo-fondamentalisme qui s’est construit par rapport à l'Occident.

Le profil des djihadistes modernes était variable. Il pouvait y avoir des militants radicalisés, issus d'un milieu élevé, qui avaient fait leurs études dans des universités occidentales. Il y avait aussi le type de Khaled Kelkal dans les années 90, socialement défavorisé, radicalisé en prison où il apprend l'arabe et adhère à des thèses djihadistes.

Aujourd'hui, on imagine que ce sont tous des Kelkal. C'est ce que veut faire Valls, surveiller les quartiers. Mais les profils sont très variés sociologiquement, ils ne sont pas tous nés dans des milieux où il y a une intensité de la pratique religieuse.

On trouve des jeunes liés au banditisme, au trafic de drogue et qui partagent tous la caractéristique psychologique d’avoir des rêves déchus. On trouve des profils où les parents sont absents symboliquement comme pour les frères Kouachi, orphelins. 20 % des djihadistes ne sont pas issus de milieux musulmans.

Comment devient-on djihadiste ?

Quand on est stigmatisés, le sentiment d'être humilié génère une logique d'échec  et la volonté d’affirmer une force virile. Ces jeunes sont dans cette optique. Très souvent, ils sont passés par tous les excès : alcool, filles.

Puis, à un certain moment a lieu une rencontre avec une personne qui va donner un sens positif à leur stigmate en leur expliquant que leurs souffrances sont des épreuves que Dieu leur envoient pour les former. 

Quel rapport avec les filières internationales du djihadisme ?

Nous assistons à une transformation du djihadisme à l'échelle globale et à un nouveau marché global de la terreur. Les groupes terroristes sont de plus en plus structurés autour d’un label de la terreur, celui d’Al Qaida. Le label Al Qaida les fait exister sur le modèle de la terreur car ils sont médiatisés.

Nous sommes dans une logique de marché, on veut prendre des parts de marché au moyen d’une stratégie marketing basée sur la mise en scène de la terreur. Dans cette concurrence, les groupes doivent se trouver un créneau, une originalité, une niche. Pour Al Qaida, c’était l'islam pur. Pour d’autres, c’est le sunnisme pur.

Pourquoi le gouvernement persiste à pointer du doigt la radicalisation religieuse ? 

Le président de la République et la Premier ministre font confiance aux services de la sécurité du territoire français.

Or ces derniers sont encore dans des modèles de djihadisme des années 80/90 qui ne sont plus d’actualité et qui ne correspondent plus aux profils des djihadistes actuels qui passent soudainement à l’action, sans aucun processus de radicalisation et avec une intentionnalité violente bien antérieure à leur passage dans l’islam.

Les politiques versent donc dans la démagogie pour montrer aux Français qu'on les protège.

Comment prévenir cette nouvelle forme d’action terroriste ?

Les problèmes d'identité dans les sociétés européennes ont favorisé la mise en scène de «héros» nationaux, figures salvatrices du peuple français faisant face à des ennemis potentiels. La construction de la figure du musulman comme nouvel ennemi national a fait que des jeunes ont pris à la lettre cette mise en scène sociale de la guerre.

Cette posture de l'ennemi leur permet de devenir des héros de l'islam. Ils veulent devenir musulmans pour faire le djihad, ils sautent directement sur le djihad. Cela nourrit leur désir de puissance. Merah voulait devenir un légionnaire, il deviendra d’une certaine manière un «légionnaire» de l'islam telle que lui-même interprétait cela.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il n’y a pas de radicalisation. Il s’agit plutôt d’une rencontre des humiliations, rencontre qui transforme le stigmate négatif en positif. Il n’y a pas non plus dans le cas qui nous intéresse de problème de communautarisme. Le djihadiste est asocial, seul dans son quartier.

Pour lui, le djihad est un chant du cygne héroïque. Pour lutter contre ce djihadisme, il faut cesser de viser les musulmans en tant que pratiquants et porter attention au contexte réel, social, d'émergence des djihadistes.

Une expérience intéressante par exemple a été menée dans le nord de l’Europe où un travail avec des djihadistes qui n'avaient pas commis de crimes a été accompli pour réorienter leur énergie dans d’autres voies, pacifiques, en les faisant devenir des héros humanitaires. 

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Ce que doit véritablement être la laïcité française

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Zaman France publie une chronique de Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques, sur le grand malentendu autour de la compréhension de ce qu'est la laïcité en France.

Les attentats terroristes qui ont été commis en France les 7, 8 et 9 janvier 20105 et l’immense mobilisation citoyenne qui a suivi, notamment les impressionnantes mobilisations du 11 janvier regroupant au total 3,7 millions de manifestants dans les rues françaises, ont incontestablement marqué la situation politique dans le pays. Depuis lors, des milliers d’heures d’émission radiophoniques ou audiovisuelles et d’articles ont été consacrés aux défis de la société française.

Dans cette avalanche de débats médiatiques, beaucoup de convictions se sont exprimées, mais aussi beaucoup de confusions. La question de la laïcité est une de celles qui reviennent de façon récurrente dans les débats. Ainsi, les termes de laïcité ouverte, positive, tolérante, coercitive ont été énoncés sans en réalité permettre de mieux comprendre la réalité du concept. Il nous semble donc utile de revenir brièvement aux origines, à l’histoire et aux définitions même de ce terme pour tenter de lui redonner sa force en même temps que son efficience.

La laïcité, telle que revendiquée par la France depuis la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, puis la promulgation des grandes lois laïques de 1905 ne se définit ni par une hostilité ni par un acquiescement de principe aux croyances religieuses.

La laïcité concerne l’autorité publique, donc ce qui relève de l’Etat et de ses institutions, du droit et de sa production : elle n’est pas une doctrine, c’est un principe qui fait obligation à la République de ne pas porter atteinte à la liberté de conscience et de culte et, par conséquent, de ne reconnaître ou de ne soutenir aucune croyance religieuse en particulier.

La laïcité indique que la loi, la puissance publique et les affaires politiques sont disjointes de toute croyance et de toute incroyance et que, par conséquent, la puissance publique s’oblige à un devoir d’abstention. Elle garantit, à l’encontre du prosélytisme religieux, la liberté absolue d’être sans religion. Elle n’a ainsi pas pour fonction de libérer les croyances, c’est-à-dire les favoriser, mais de libérer les citoyens des croyances instituées que les différentes églises ont toujours tenté d’imposer.

Au cours des débats de ces dernières semaines nombre de commentateurs ont critiqué la laïcité, présentée comme agressive. Or, la laïcité se borne à séparer le domaine du religieux, éventuellement propre à chaque individu, de la sphère de l’Etat et des institutions républicaines au sein desquelles tous les citoyens sont conviés, à travers l’exercice de leur raison naturelle, donc critique, à participer à la définition de l’intérêt général.

En ce sens il faut opérer la nette distinction entre la laïcité et le laïcisme, car ce dernier, de facto, tente d’instituer une nouvelle forme de religion. La laïcité n’est contre aucune religion, elle les permet toutes mais ne doit en privilégier aucune. C’est pourquoi la République doit avoir une politique claire et se trouve devoir fréquemment relever de véritables défis.

Ces quelques principes brièvement rappelés, chacun comprend en effet que leur application concrète est actuellement loin d’être satisfaisante en France et que les rapports de l’Etat, donc de la République, avec ses citoyens de confession musulmane pose de nombreuses questions. Il faut par exemple savoir reconnaître les erreurs, voire les fautes, dans les ratés de l’intégration de nombreux jeunes issus de l’immigration dans la communauté des citoyens.

Les causes de cette situation ne s’expliquent pas par des valeurs républicaines qui seraient trop exclusives mais, tout au contraire, par l’insuffisance de République et par l’application sélective de ses principes. Certains prônent le multiculturalisme comme remède à cette situation problématique, alors que ce dernier n’est en réalité que l’alibi des communautarismes. Il faut tout au contraire défendre la République comme un régime où, en dehors de ce qui n’est pas prohibé par la loi, la liberté est la règle.

Rappelons la fameuse lettre de Jules Ferry, fervent promoteur des lois laïques en France, aux instituteurs – elle date de 1883 ! –, qui demande aux enseignants de toujours s’interroger sur le fait que ce qu’ils disent et expliquent dans leurs cours ne doit jamais blesser non seulement la conscience de l’enfant mais aussi la conscience de ses parents. Vision prémonitoire et singulièrement d’actualité. Ainsi, un professeur de dessin dans l’école de la République ne peut avoir le droit de caricaturer le Prophète.

La laïcité n’est dirigée contre aucune religion. Si l’Etat est laïc, et doit le rester, la société pour sa part ne l’est pas. C’est pourquoi la République, pour se refonder, a besoin de concepts clairs. Au titre de ces derniers, quelques mots sur la notion de «communauté musulmane», au centre de nombreux débats. Chacun est libre d’avoir, ou non, ses convictions religieuses, n’y revenons pas.

Le débat est ailleurs et semble comporter de nombreux dangers. Nous avons en effet entendu, à de multiples reprises, la demande, l’exigence parfois, que les musulmans condamnent le terrorisme. Cela est déjà fait. Il y a eu d’innombrables condamnations du terrorisme par des hommes et des femmes de confession musulmane.

Pourquoi alors ne sont-elles pas entendues ? Pourquoi certains imputent par périphrases, ou par sous-entendus cyniques, la responsabilité objective de ladite communauté musulmane ?

Parce que les mêmes individus attribuent aux citoyens de confession musulmane une communautarisation, qu’ils leur reprochent ensuite de ne pas afficher. Contradiction absolue et double peine pour les musulmans de France ! Certains laïcistes reprochent ainsi aux musulmans d’être communautarisés mais leur demandent de réagir contre le terrorisme en tant que communauté...

Position théoriquement intenable et politiquement condamnable. Les citoyens de confession musulmane sont soit parfois stigmatisés pour leur soi-disant incapacité à s’intégrer, soit transformés en victimes de l’islamophobie. Ces deux prises de position, en apparence opposées, sont en réalité les deux faces du même fantasme d’une communauté musulmane qui en réalité n’existe pas.

On le comprend, ces débats sont absolument essentiels pour l’avenir de la société française, de façon à ce que les principes de la République soient respectés et permettent la nécessaire refondation républicaine. Les enjeux sont de taille. Il en va de l’avenir du vivre-ensemble de toutes les composantes de la seule communauté qui existe, la communauté nationale.

 

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CAIR appelle les Républicains à rejeter l'islamophobie

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Le CAIR (Council on American-Islamic Relations), une organisation américaine de défense des libertés civiles des musulmans dont le siège se trouve à Washington D.C., vient de publier une lettre ouverte aux futurs candidats républicains à la présidentielle de 2016. Ce texte d'environ deux pages appelle les candidats du GOP (Grand Old Party), l'autre nom du parti républicain, à rejeter l'islamophobie et à se tourner davantage vers les électeurs musulmans.

CAIR commence par rappeler que les primaires républicaines de 2012 avaient été marquées par de nombreuses déclarations anti-musulmanes proférées par la quasi-totalité des candidats. Herman Cain et Newt Gingrich sont notamment pointés du doigt pour avoir exigé que les musulmans américains prêtent serment de fidélité s'ils étaient amenés à collaborer au sein de leur gouvernement. Cain avait justifié cette décision en disant qu'il y avait une plus grande part de danger dans la religion musulmane par rapport à la religion catholique ou mormone. Une décision qui fait pourtant l'objet d'une violation de l'article VI de la Constitution américaine, souligne le CAIR dans le paragraphe suivant.

Herman Cain

Faire cesser tout propos anti-musulman

«Diffuser des propos anti-musulmans ne permettra pas à la campagne électorale des Républicains de s'illustrer dans le sens positif de ce terme», écrit le CAIR. L'organisation antiraciste s'appuie sur l'exemple des remarques proférées par le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal et potentiel candidat républicain, qui ont fait l'objet de vives critiques. L'élu avait en effet qualifié des quartiers de villes européennes de 'zones d'exclusion à majorité musulmane. «En prononçant un discours à Londres, Jindal a affirmé : En Occident, les musulmans qui ne veulent pas s'assimiler créent des enclaves et instaurent la charia autant qu'ils le peuvent sans tenir compte des lois des pays démocratiques qui les ont accueillis», explique la lettre.

Bobby Jindal

Attirer les électeurs musulmans pour faire la différence

Les jeunes électeurs et ceux issus des minorités votant davantage aux présidentielles, rappelle le CAIR, le parti républicain devrait mieux s'attirer les faveurs de cet électorat afin d'avoir plus de chances d'accéder à la Maison Blanche. CAIR donne l'exemple réussi des efforts déployés par le parti pour attirer des électeurs latino-américains en 2014, efforts qui ont notamment porté leurs fruits au Texas ou au Kansas. «Les candidats républicains devraient investir dans des ressources similaires pour attirer des électeurs musulmans comme ils le font pour d'autres communautés. La communauté musulmane américaine est bien placée pour avoir un impact sur les résultats électoraux dans des Etats clés comme l'Ohio, la Virginie ou la Floride», ajoute l'ONG américaine. Le groupe de défense termine sur une note positive en rappelant que si les Républicains sont en grande partie responsables de la poussée de l'islamophobie lors des dernières élections, d'autres positions respectables ont pu être prise ces douze derniers mois. Le Comité national républicain avait notamment censuré l'un de ses membres, Dave Agema, pour ses remarques incendiaires répétées à l'encontre des musulmans et de l'islam.

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La méfiance des Français envers l'islam est en baisse

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Près d'un Français sur deux (47%) considère que l'islam est "compatible avec les valeurs de la société française", contre un sur quatre en 2013, selon un sondage Ipsos/Sopra-Steria pour Le Monde et Europe 1 diffusé mercredi.

Malgré une courte majorité (51%) qui continue de penser que la religion musulmane n'est pas "compatible", l'institut note une acceptation croissante de l'islam en France dans cette étude réalisée deux semaines après les attentats djihadistes qui ont fait 17 victimes en France du 7 au 9 janvier.

La proportion des Français qui jugent l'islam incompatible avec les valeurs françaises est en baisse de 12 points par rapport à janvier 2014 et de 23 points par rapport à janvier 2013. Il y a un an, 37% des Français jugeaient l'islam "compatible" avec leurs valeurs, 26% il y a deux ans.

L'écart reste toutefois important avec la religion catholique, jugée "compatible" par 93%, et la religion juive (81%).

Les Français divisés sur la deuxième religion de France

Soixante-six pour cent des personnes interrogées estiment que l'islam est "une religion aussi pacifiste que les autres" et que "le djihadisme est une perversion de cette religion".

Elles affirment au contraire à 33% que l'islam "porte malgré tout en lui des germes de violence et d'intolérance", "même s'il ne s'agit pas de son message principal".

Après les attentats, les Français sont 53% à juger que leur pays est "en guerre"; 47% considèrent que l'expression est "exagérée".

Guerre contre le terrorisme, pas contre l'islam

Ils estiment à 84% que cette guerre est dirigée contre le terrorisme djihadiste uniquement, 16% contre "l'islam en général".

Les Français sont 63% à penser que cette guerre sera gagnée, 36% sont d'un avis contraire.

L'enquête a été réalisée par internet les 21 et 22 janvier auprès de 1.003 personnes âgées de 18 ans et plus.

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Médine est-il allé trop loin avec Don't Laïk ?

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Le dernier clip Don't Laïk du rappeur Médine a soulevé un tollé dans les milieux intellectuels laïcistes ou nationalistes. Zaman France revient sur cette mini-polémique artistique.

C'est le procès en sorcellerie du moment sur la planète rap. Le rappeur franco-musulman Médine est en train de défrayer la chronique avec son dernier clip intitulé Don't Laïk.

Abordant frontalement la question de la laïcité, le rappeur natif du Havre dénonce une laïcité d'exclusion à l'égard des musulmans, femmes voilées et hommes portant la barbe. Le clip est traversé d'un son électrique et d'une mise en scène très efficace qui lui a donc valu les foudres de plusieurs éditorialistes.

«Ecoutez Médine. Jusqu’au bout si vous pouvez. Et n’hésitez pas à faire pause pour aller vomir. Vous y verrez Marianne, incarnation d’une République qui ne sera parfaite que lorsqu’elle deviendra islamique (…) Et vous apprendrez, si vous ne le savez déjà, que la laïcité est une machine diabolique qui complote contre l’Islam», écrit Benoit Rayski historien, écrivain et journaliste, sur le site Atlantico.fr.

La plume du rappeur contre la violence du monde

Face à ces attaques qui ne sont pas isolées, Médine a pris lui même la plume et a répondu dans les colonnes du Nouvel Obs, en clarifiant son propos et en répondant aux accusations de ses détracteurs.

«En tant qu’artiste, je dénonce toutes formes de violence, terrorisme et autres apologies immorales. J’ai choisi la voie de la non-violence comme la majorité de mes concitoyens à travers la musique pour exprimer mes désaccords avec ma société».

Le rappeur français ajoute que son texte est une caricature et la meilleure réponse à l'actuel climat de tension. « "Don’t Laïk" est précisément une caricature tendue aux fondamentalismes. Une caricature qui singe à la fois ceux qui font de la laïcité un outil d’exclusion, et à la fois ceux qui la subissent et l’expriment à travers une réaction d’hyper-identification de circonstance».

 

Médine apostrophe également les intellectuels Vincent Cespedes, Caroline Fourest et Alain Finkielkraut qui ont dénoncé son titre dans divers contributions écrites. «Je m’interroge également, dans la foulée, sur la capacité de Caroline Fourest à défendre mon droit à la liberté d’expression, quand elle qualifie "d’intégriste" un texte qui la rend responsable du kidnapping de Marianne ? Alain Finkielkraut voyait-il dans la plume de Charb une volonté d’affirmation idéologique comme il prétend la voir dans la mienne ?», écrit-il.

 

 

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Islam # terrorisme, France # islamophobie : les évidences sont de retour

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Qui l'aurait cru ? Deux semaines après l'effroyable attentat qui a endeuillé et traumatisé la France, les esprits reprennent leur calme et la réflexion fait place à l'émotion. On y voit un peu plus clair sur les motivations et le parcours des tueurs Kouachi et d'Amédy Coulibaly, auteurs respectifs de la tuerie de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher Porte de Vincennes.

Dans un entretien exclusif accordée à notre rédaction, le sociologue Raphaël Liogier livre une analyse très intéressante et assez à rebours de ce que l'on peut entendre dans les médias français.

Liogier explique que le passage au djihadisme des jeunes français n'implique aucune forme de radicalisation religieuse, que la violence de l'entreprise terroriste y est antérieure à toute forme de passage dans l'islam et que les djihadistes ne cherchent dans l'islam que le moyen de légitimer un passage à l'acte violent.

Des propos qui s'inscrivent dans la ligne d'un autre article publié dans Zaman France alertant sur les pièges de la confessionnalisation corrélatifs à la médiatisation de l'affaire Charlie Hebdo et de la posture qui tendait naturellement à établir des liens entre l'islam et le terrorisme.

Le Coran en rupture de stock

Un sondage publié très récemment montre fort heureusement que l'opinion des Français vis à vis de l'islam est en amélioration, ce qui peut paraître là encore paradoxal étant donné le contexte.

Réalisé par l'Institut Ipsos, l'étude démontre que les Français sont moins méfiants vis à vis de la seconde religion de France qu'ils ne l'étaient il y a quelques mois.

La violence des faits a également crée un intérêt et une volonté d'en savoir plus sur l'islam et le Coran, un texte que les Français se sont arraché ces dernières semaines provoquant certaines ruptures de stock.

Accalmie des esprits, intérêt grandissant autour de l'islam, analyses détricotant les liens entre islam et violence, il semble qu'un début de maturité s'installe dans la patrie des Lumières, du moins chez certains de ses esprits.

Michel Onfray contre Aymeric Caron

Dans une émission récente de Laurent Ruquier, On n'est pas couché, deux philosophes se faisaient face : Michel Onfray, qui ces derniers mois s'est lancé dans une vaste offensive médiatique anticléricale contre l'islam, réitérait ses ineptes propos affirmant que «le Coran prescrivait d'égorger les Juifs», face à un Aymeric Caron, plus calme et répondant par d'autres versets appelant à la miséricorde.

D'autres invités réagissaient à leur tour, dénonçant les amalgames de Onfray. Là-encore, la réaction des intervenants démontre qu'il n'est jamais simple de prévoir et anticiper le sentiment et l'opinion du public dans des situations de crise.

L'islamophobie n'est pas toujours la pente naturelle des sociétés occidentales, de la même manière qu'il n'existe pas de lien causale entre violence et islam.

 

 

 

 

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#StopDjihadisme : une infographie sur les «signes de radicalisation» fait polémique

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Quelques heures après sa mise en ligne, le site Stop Djihadisme, lancé par le gouvernement mercredi 28 janvier, fait déjà l'objet d'une polémique.

Hanan Ben Rhouma

En cause, une infographie sur la radicalisation jihadiste recensant «les premiers signes qui peuvent alerter». On peut ainsi y lire que rejeter des membres de la famille, se méfier d’anciens amis car considérés « comme des "impurs" », abandonner l’école «car l’enseignement dispensé fait partie du complot» et fréquenter «assidûment des sites et des réseaux sociaux à caractère radical ou extrémiste» sont des signes de rupture auxquels il faut prêter attention.

Seulement, l’affiche, présente dans l’onglet «Décrypter la propagande djihadiste», va bien plus loin. Ainsi, changer ses habitudes alimentaires et vestimentaires, arrêter des activités sportives («parce qu’elles sont mixtes»), ne plus écouter de la musique («car elle les détourne de leur "mission"»), ne plus regarder la télévision et ne plus aller au cinéma («car on y voit des images qui leur sont interdites») sont aussi considérés comme des «premiers signes» d’alerte.

«Les comportements suivants peuvent être les signes qu’un processus de radicalisation est en marche. Plus ils sont nombreux, plus ils doivent alerter la famille et l’entourage», lit-on en amont.

Un précédent au rectorat de Poitiers

«Chaque situation est spécifique, l’identification d’un ou plusieurs signes n’implique pas systématiquement une radicalisation», finit par nuancer le gouvernement.

«La radicalisation, qui ne doit pas être confondue avec la pratique d’un Islam rigoriste, est un changement de comportement rapide qui peut conduire au rejet de la loi et à la violence. Est radical un discours qui mène le jeune à sa propre destruction ou à la destruction des autres au nom de Dieu»,

explique-t-on également ailleurs sur le site Stop Djihadisme.

Mais «si vous avez des doutes, des questions», le numéro vert du ministère de l’Intérieur est rappelé en bas de l'infographie. De nombreux internautes, qui y voient un appel à la délation, ont très vite ironisé mercredi soir sur les réseaux sociaux sur le contenu du document, qui peut être téléchargée seule.

#StopDjihadisme : une infographie sur les «signes de radicalisation» fait polémique

Elle n'est pas sans rappeler un PowerPoint consternant qui circulait en novembre 2014 au rectorat de l’académie de Poitiers. Il avait alors suscité l’ire des musulmans, indignés par la stigmatisation qui transparaissait du document frappé du sceau de l'Education nationale.

Les précautions ont été bien mieux prises sur Stop Djihadisme pour éviter les amalgames. Mais à vouloir tout simplifier, les raccourcis sont inévitables. Avec une infographie diffusée par les autorités à l'échelle nationale, l'erreur est officielle.

Dès son lancement, #StopDjihadisme a fait le buzz. Il a cependant été diversement apprécié. L'efficacité de la contre-propagande est remise en question, particulièrement auprès des apprentis jihadistes eux-mêmes défiants envers l'Etat.

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Gare à "l'hystérie collective", dit une instance musulmane

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La lutte contre la radicalisation islamiste ne doit pas conduire à "une hystérie collective", a déclaré jeudi l'Observatoire national contre l'islamophobie, au lendemain de la convocation d'un écolier de huit ans dans un commissariat de police de Nice.

L'enfant, scolarisé dans une école de l'ouest de Nice, avait notamment déclaré en classe, à la suite de l'attentat meurtrier contre Charlie Hebdo : "Il faut tuer les Français, je suis dans le camp des terroristes, les musulmans ont bien fait", selon Fabienne Lewandowski, directrice départementale adjointe de la sécurité publique des Alpes-Maritimes.

Il avait également refusé d'observer une minute de silence en mémoire des 12 victimes, le 8 janvier. L'enfant avait fait l'objet d'un signalement à la Protection de l'enfance et une plainte avait été déposée contre son père pour "intrusions et attitudes menaçantes au sein de l'école". Tous deux ont été convoqués mercredi au commissariat.

"L'enfant ne comprend pas la portée de ses déclarations, il ne sait pas ce que veut dire 'terrorisme'", a rapporté Fabienne Lewandowski sur des médias.

Une situation qui a dégénéré

Pour l'avocat de la famille, Me Sefen Guez Guez, cette convocation est "ubuesque". Le père de l'enfant a témoigné jeudi sur BFM TV des "excuses" répétées de son fils. "J'ai dit à mon fils, 'Ces gens-là, ce qu'ils ont fait, c'est un acte de barbares, ce n'est pas un acte d'islam'", a-t-il dit, regrettant que la situation ait "dégénéré".

L'Observatoire national contre l'islamophobie demande dans un communiqué à la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, de veiller "à ce que de tels dérapages ne se reproduisent plus et de faire primer le dialogue dans des cas similaires". "La lutte contre la radicalisation ne doit pas donner lieu à une hystérie collective mais doit s'inscrire dans le cadre légal républicain", souligne-t-il.

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