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Salima Bouyarden : «On crée des pseudo-programmes de lutte contre le djihadisme en invitant à la délation»

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Salima Bouyarden est docteure en Etudes Méditerranéennes et Orientales diplômée de l’Université de Strasbourg. Elle est spécialiste de la question de l’islam et des musulmans européens. Son champ d’analyse et d’expertise porte sur la construction identitaire dans un contexte de mondialisation. Zaman France s'est entretenu avec elle concernant la délicate question de l'identité des jeunes Français de confession musulmane.

Il y a 20 ans, Khaled Kelkal confiait à un chercheur allemand son mal être et le fait qu’il n’était pas reconnu comme français. Plus proche de nous, Mohamed Merah voulait intégrer l’armée française, sans succès. Ces deux exemples nous plongent directement dans la problématique sensible et violente de l’identité, dans laquelle de nombreux jeunes Français de confession musulmane sont embourbés...

Précisons que cela n’arrive pas si souvent que cela. Ce sont des cas isolés. Les politiques sociales ne sont plus en phase avec les problématiques que rencontrent ces personnes.

On rend compte de la situation actuelle en se référant à des théories-concept qui, selon moi, doivent être aujourd’hui réactualisées. On continue aujourd’hui de parler d’échec de la politique d’intégration de ces citoyens nés et élevés en France.

Il n’y a, selon moi, pas eu d’échec de cette politique, elle a au contraire bien fonctionné pour les primo arrivant.

Alors en quels termes définiriez-vous ces problèmes ?

Cette politique arrive à ses limites dans un monde de plus en plus interdépendant et dans une société en perpétuel mouvement. La question est aujourd’hui «comment faire société dans un tel contexte ?»

Il faut en effet être en mesure de dégager des bases stables pour pouvoir continuer à faire société. Mais «se baser» ne doit pas signifier «figer» ou «scléroser».

Quelle logique sous-tend la construction identitaire des musulmans ?

La mondialisation a un impact sur la construction identitaire. On intègre de plus en plus rapidement via les moyens de communication et de transports. De plus en plus d'informations nouvelles amènent à une dissociation des éléments constituant les structures de l’identité qui existaient jusque-là.

Que l’on soit bien clair, cette dissociation ne signifie pas une «désagrégation» ou annihilation progressive des structures ou frontières qui prévalaient antérieurement. Les éléments continuent au contraire d’exister et retrouvent leur autonomie et leur dynamique.

La structure ou la norme identitaire ne peut alors plus être envisagée comme imperméable et exclusive.

Vous évoquez notamment la notion d'entre-deux pour illustrer cette idée...

L’ «entre-deux», qui émerge alors de cette dissociation, renvoie dans le contexte de l’émergence d’un islam européen au concept formulé par Tariq Ramadan «d’intégration des intimités».

Le film du rappeur Abdelmalik Qu'Allah bénisse la France aborde la thématique de l'identité franco-musulmane.

Ce concept est ainsi défini en tant que «dernier niveau de l’intégration» dans lequel l’individu a « un cœur qui se sent bien là où il est, en paix avec son environnement, tout en gardant le lien avec sa foi».

Anne Pélissier précise quant à elle que l’intimité «est un «entre-deux» fluctuant entre deux limites, l’altérité radicale et la fusion totale.» C’est un espace qui permet la rencontre profonde et intime des citoyens éloignés des extrêmes.

Ce qu’il se passe aujourd’hui c’est que certaines personnes ne sont pas conscientes ou alors trop conscientes de toutes les déterminations qui pèsent sur elles.

On instrumentalise leur mal être et ces citoyens se voient refuser cet espace de reformulation qui leur apparaît comme un vide, un néant. Ils se replient alors parfois de manière violente dans une sorte d’altérité radicale.

Comment évolue ce débat en France ?

Au niveau politique, ce débat évolue de manière de plus en plus malsaine. On instrumentalise la confusion des citoyens dans une logique de pouvoir et à des fins purement politico-politicienne.

Nous manquons de personnes compétentes au pouvoir avec de réels projets politiques comme ce fut le cas des pères fondateurs de la laïcité notamment qui avaient de réels projets politiques à proposer.

 

Aujourd’hui, nous avons des politiciens qui n’ont aucune expérience et expertise réelles de la société. Ils sont coupés de toute réalité sociale. Leurs intérêts et ambitions ne sont que d’ordres politico-politicienne.

On diffuse une idéologie identitaire en sommant les citoyens de ne plus penser, de ne plus débattre, et surtout de ne plus demander de comptes sur la façon dont est géré le pays.

Nous sommes dans l’ordre de l’intimidation, de l’humiliation d’une frange de la population, avec des tentatives de formater la jeunesse en lui faisant passer des interrogatoires au commissariat de police dès l’âge de huit ans.

On crée des pseudo programme de lutte contre le djihadisme en invitant les citoyens à la délation. En France nous faisons de Georges Orwell et de son œuvre 1984 un visionnaire et non plus un romancier… La réalité dépasse la fiction.

Cette problématique de l’identité musulmane a-t-elle une spécificité ?

Nous vivons aujourd’hui dans une société mondialisée, les modes de construction identitaires sont en parti déterminés par ce contexte de mondialisation dans lequel nous nous trouvons.

Il y a une corrélation existant entre le processus de mondialisation et la façon dont les européens de confession musulmane construisent leur identité.

La «majorité silencieuse» des français de confession musulmane construisent leur identité en phase avec la société mondialisée dans laquelle ils vivent. La spécificité et la valeur ajoutée de cette identité résident dans la diversité et la pluralité des éléments qui la composent.

Les nouvelles générations de ces Français pensent et produisent de nouvelles façons d’être notamment musulman français, anglais, européen au sein de l’espace publique qu’ils considèrent comme un espace «intérieur-de-deux» de reformulation de leur identité plurielle et inclusive.

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Kosciusko-Morizet exprime des «regrets» aux enfants musulmans... pas à leurs parents

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L'ancienne candidate à la Mairie de Paris et actuelle députée-maire de Longjumeau (Essonne) a publié un communiqué dans lequel elle exprime ses regrets auprès des enfants musulmans qu'elle avait accusés de retard à l'école pour raison de prière.

C'était sur les ondes de RMC et BFMTV. Nathalie Kosciuskot-Morizet, ancienne candidate de l'UMP à la Mairie de Paris, était l'invitée de Jean-Jacques Bourdin lundi matin. Au cours de l'interview, la députée lançait une accusation : «Des dizaines d'enfants arrivent systématiquement en retard à l'école parce que leurs parents les emmènent à la prière».

S'appuyant sur l'exemple de la ville de Mulhouse, NKM réitérait ses attaques contre les enfants de confession musulmane, ajoutant «Ça le conduit où, l'enfant, d'aller à la prière et pas à l'école?» et annonçant que son parti se devait de trouver «des solutions radicales».

Des propos pour le moins inquiétant pour les familles de confession musulmane déjà sous pression depuis l'affaire Charlie Hebdo. Or, depuis, les langues se sont déliées.

Vrais regrets, fausses excuses

L'Express publiait sur son site le son de cloche de l'inspection académique de Mulhouse qui commentait ces propos ainsi : «C'est des conneries!», «aucun directeur d'école n'a jamais signalé ce genre de problème».

Démentie par les instances académiques, NKM a donc fait machine arrière en publiant ce matin un communiqué d'excuses. La vice-présidente déléguée de l'UMP a notamment exprimé aujourd'hui ses «plus vifs regrets» reconnaissant que ses «propos sont inexacts et proviennent d'une mauvaise interprétation d'une conversation avec le maire de la ville (Jean Rottner, NDLR) sur la situation délicate dans laquelle se trouvent certaines de ses écoles. (...)

Je précise donc que contrairement à ce que j'ai déclaré sur la foi de mauvaises informations, seuls les parents sont concernés et aucunement les enfants. J'exprime mes plus vifs regrets aux personnes qui ont pu se sentir blessées par mes propos», écrit-elle dans ce communiqué.

Des excuses ? La chute du communiqué permet d'en douter : «seuls les parents sont concernés». De quoi refroidir l'enthousiasme de la communauté musulmane.

Rappelons que la députée Rachida Dati avait déjà exprimé ses réserves sur ces propos de NKM et le risque que pouvait entraîner des mesures sociales comme le placement d'enfants mineurs.

“Il faut faire très attention… Le placement d’un enfant, c’est une mesure grave. On a d’autres propositions beaucoup plus importantes à faire que de dire que pour un retard, on place un enfant”, avait-elle déclaré sur BFM TV d'après le site Islaminfo.fr.

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14 questions auxquelles les musulmans de France sont fatigués de répondre

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Français... et musulman? Alors vous avez forcément été confrontés à ce type de questions. On y a probablement répondu une centaine de fois, mais que voulez-vous... Peut-être que ça rentrera à la cent-unième?

1-Mais en VRAI, tu viens de quel pays?

- Eh bien...de France (qu'est-ce que c'est exotique, hein?)

2- Tu n’as JAMAIS bu d'alcool de ta vie?

- Et donc? 

3- Et t'as pas le droit de manger du porc? Tu sais pas ce que tu rates...

- Des millions de végétariens ne mangent pas de viande... donc je pense que ça va aller.

4- Tu parles bien le français! Comment t’a appris notre langue?

- Bah… à l’ecole...

5- Tu prends ta douche avec ton voile? Et tu dors avec aussi?

- Ouiii, je prends ma douche toute habillée...

6- Tu ne parles pas arabe? Comment ça se fait?

- Peut-être parce que tous les musulmans ne sont pas arabes...

7- Tu mets le voile parce que t'as pas de cheveux?

- Ouais et la bosse à l'arrière de ma tête c'est une tumeur... 

8- Finalement c'est pratique de porter un voile. Ça protege de la pluie.

- Oui, tout à fait, même plus besoin de parapluie, tiens.

9- C'est pour toucher les allocs que vous avez autant d'enfants?

- ...

10- C'est pas dangereux de faire du sport avec ton voile?

- Demande à l'américaine Ibtihaj Muhammad, elle est championne olympique d'escrime...

11 - Donc quand tu fais le Ramadan, tu mange rien pendant un mois? T'as le droit de boire de l'eau?

- Nan, on mange rien du tout et on sort pas le jour aussi...en fait on est des vampires!

12 - Tes parents te laissent sortir?

- Jamais, voyons! Je te l'ai dit je suis un vampire...

13 - C'est difficile de vivre en banlieue, non?

- Oui... pire que l'Afghanistan... (!)

14 - Pas facile d'etre musulmans en ce moment...

- N'est-ce pas? 

 

Et vous, qu'est-ce qu'on vous pose comme question?

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Charlie Hebdo : "Une parole publique a été libérée au sein des communautés musulmanes"

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Amel Boubekeur est chercheure associée au Centre Jacques Berque et au German Institute for International and Security Affairs. Dans un entretien exclusif accordé à Zaman France, elle explique pourquoi la phase du débat n'a pas encore eu lieu en France, quelques semaines après la série d'attentats meurtriers à Paris.

Que pensez-vous de la manière dont les débats se sont organisés en France ?

Les débats n'ont pas encore eu lieu. Après l’étape consensuelle du "Je suis Charlie", on n'en est maintenant à celle de la confrontation publique d'acteurs aux discours conflictuels.

Cet échange est plus désenclavé qu'avant, mais ce n’est pas encore un débat au sens où il y a peu d’échanges de vues réels.

La tuerie de Charlie Hebdo a libéré une parole publique au sein des communautés musulmanes qui se demandent comment réagir face au problème du terrorisme alors qu’ils ont longtemps pensé ne pas être concernés cela n’étant pas pour eux le vrai islam“.

Elle a aussi renforcé l‘intérêt de l’opinion publique pour savoir qui sont les musulmans au-delà des poncifs de la violence qui leur est souvent attribuée.

Cette possibilité d’échange et de débats autour d'un nouveau projet politique égalitaire et responsable de partage du droit à la liberté d’expression est tout à fait possible mais nous n'en sommes pas encore là.

Il y a pourtant eu des voix musulmanes qui ont pris la parole ?

Oui et c’est là aussi l’annonce d’une nouvelle ère. Des acteurs publics musulmans ont pris la parole sans attendre une injonction des médias et des politiques, mais ces derniers, qui sont ceux qui légitiment la parole publique, ont peu suivi en favorisant la diversité des interventions.

Il existe divers profils de citoyens de confessions musulmanes. Certains ont un islam à visée culturelle, organisationnelle ou encore communautariste.

Que faudrait-il alors pour qu’un véritable débat prenne place ?

La question de la participation politique est cruciale. Il faut créer la possibilité pour les musulmans d’exprimer publiquement et en toute responsabilité citoyenne leurs désaccords avec les politiques de leur gouvernement sans être perçus comme déloyaux et indignes d’être français.

Dans le cas où la participation politique ouverte et non infantilisante n’est pas possible, on assiste à un repli sur des canaux ou des réseaux sociaux fermés, dans lesquels des personnes s'opposent à un discours majoritaire depuis un point de vue minoritaire, avec tout ce que cela implique de volonté de

revanche identitaire et de rejet de la domination.

Les dernières manifestations pour la Palestine qui ont été interdites en France durant l’été 2014 au prétexte qu’elles seraient un vecteur de radicalité sont l’exemple du cantonnement d’un islam qui ne serait relié qu’aux crises sécuritaires.

De ce fait, certains ne participent pas aux communions politiques publiques telles que la manifestation républicaine pour Charlie, car ces personnes ont été laissées loin de ces débats pendant très longtemps.

Cela va bien au-delà de la question de l’islam en tant que religion.

Quand vous avez des jeunes dont les parents n'ont jamais eu le droit de vote ou des banlieues où les élus ne viennent jamais et donc pour qui il n’y a pas eu transmission d‘une pratique citoyenne concrète, il devient problématique pour eux de comprendre l’intérêt de se rendre aux urnes ou de s’investir

dans de telles initiatives.

On parle beaucoup des jeunes musulmans. Leurs opinions posent-elles problème ?

Il y a une radicalisation du discours manifeste depuis une dizaine d'années auprès des plus jeunes liée au type de média que sont les réseaux sociaux.

Sur ces derniers, les jeunes se projettent dans une communauté imaginée, avec un sentiment de toute-puissance, un discours de minorité marginalisée car elle seule détient la vérité et qui se construit autour des thèses complotistes et de positions provocatrices face à des «vendus» qui, d’après eux,

manquent de courage et n’osent pas s’affirmer face à ceux qui dominent le monde et y répandent l‘injustice.

Il s'agit néanmoins d'un discours beaucoup plus culturel que cultuel. Il s’agit de dire si je vous gêne c’est que j'existe.

J’entre par effraction dans votre monde de privilégiés. On voit bien la différence de positionnement de ces jeunes sur les réseaux sociaux et dans la vie de tous les jours où ils vivent très bien avec les autres.

Sur Facebook, c’est un islam virtuel, pas trop compliqué et immédiatement accessible qui séduit. Beaucoup d‘adolescentes posent en selfie, voilée avec une «duck face» afin de recueillir le maximum de «machallah» et de likes.

Les garçons louent Allah et insultent les kouffars en posant torse nu devant une Ferrari…

Les acteurs institutionnels musulmans vous semble-t-ils illégitimes dans la prise de parole publique ?

La confessionnalisation des identités publiques n'est-elle pas un piège pour les musulmans, le piège de se voir écartés de l'identité nationale républicaine ?

Par peur de disqualifier la culture laïque on a du mal à parler du religieux. Je pense que la question est néanmoins essentielle.

Concernant les institutions religieuses, un des effets de Charlie Hebdo a aussi été d’accélérer la diversification de sa représentation médiatique.

Au vu du déficit de légitimité intellectuelle de l’imam Chalghoumi, certains plateaux ont été ouverts à des imams comme Mohamed Bajrafil.

Le manque d‘identification des musulmans français à des autorités religieuses positives amène parfois certains à aller la chercher sur des sites internet du monde arabe déconnectés de leur réalité.

Etre musulman restera pour les plus jeunes un élément d'altérité négative s'il n’est autorisé à parler de sa foi que pour dénoncer le terrorisme.

Si des citoyens de confession musulmane considèrent que leur foi peut apporter un élément positif à la société, cela ne doit plus être un tabou.

C’est déjà une réalité dans notre société reste à le traduire dans les médias.

Quelles solutions alors pour sortir de ces impasses ?

Il faut promouvoir des modèles d'identification positifs. Lassana Bathily a fait figure de héros pour beaucoup et il a été récompensé par la nationalité française.

Mais ceux qui sont déjà français visent en toute logique autre chose qu’une reconnaissance du droit à être de bons musulmans et de bons français.

On les invite pour des initiatives bien circonscrites glorifiant la diversité mais peu de modèles positifs neutres et de culture musulmane sont mis en avant dans la culture globale.

Je pense que nous aurons de plus en plus de profils qui pourront exprimer leur islam autrement que dans l'injonction d’intégration ou la défense d’une identité minoritaire.

Cependant il faut pour cela traiter de questions telles que la mixité des espaces à l'école, dans l’accès au logement ou en entreprise, ou la ségrégation des causes à défendre au nom des valeurs d’égalité et de fraternité,

telle que l’islamophobie qui ne serait qu’un discours victimaire et pas une réalité qui concerne l’ensemble des français.

 

 

 

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Des dignitaires musulmans condamnent l'exécution par le feu

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De nombreux dignitaires musulmans ont fustigé mercredi le procédé choisi par l'Etat islamique pour assassiner un pilote jordanien que le mouvement retenait captif, jugeant que le feu était proscrit par l'islam, quels que soient les motifs.

Des djihadistes ont diffusé mardi une vidéo semblant montrer le pilote de chasse jordanien Mouath al Kassaesbeh revêtu d'une combinaison orange, enfermé dans une cage et brûlé vif.

La principale autorité religieuse égyptienne, la mosquée Al Azhar du Caire, a publié un communiqué exprimant sa "profonde colère à l'égard de cet acte terroriste lâche", commis par ce qu'elle a qualifié de groupe "satanique, terroriste".

Le cheikh Ahmed al Taïeb, imam de la prestigieuse mosquée dont les avis sont suivis par des millions de sunnites, a déclaré que les bourreaux méritaient "d'être tués, crucifiés ou démembrés".

Au Qatar, le cheikh Youssouf Qardaoui, dirigeant de l'Union internationale des savants musulmans, lié aux Frères musulmans, a qualifié d'acte criminel l'immolation de Mouath al Kassaesbeh.

"L'Union affirme que d'aucune façon, cette organisation ne représente l'islam et que ses actions heurtent toujours l'islam", dit elle.

Sur Twitter, l'Etat islamique (EI) a publié un avis religieux qui explique que l'islam permet de brûler un infidèle.

L'immolation par le feu interdite en islam

Cette position est combattue par un grand nombre de dignitaires musulmans qui soulignent que l'islam a toujours interdit la mort par le feu.

"Le prophète (...) a adressé des mises en garde contre l'immolation par le feu", a déclaré à Reuters le cheikh Hussein ben Chouaïb", du département des Affaires religieuses du Sud-Yemen.

Mais, fait rare, des condamnations émanant même des dignitaires présentés comme plutôt favorables à la cause djihadiste, qui estiment que le fait de brûler vif un homme et d'en filmer le supplice est susceptible de ternir l'image de l'EI.

"Cela affaiblit la popularité de l'Etat islamique parce que nous voyons l'islam comme une religion de miséricorde et de tolérance. Même au coeur de la bataille, un prisonnier de guerre reçoit un bon traitement", a déclaré Abou Sayaf, un dignitaire salafiste de nationalité jordanienne, également connu sous le

nom de Mohammed al Chalabi, emprisonné dix ans pour avoir notamment préparé des attaques contre des soldats américains.

"Même si l'Etat islamique dit 'Mouath nous a bombardés et brûlés et nous a tués et nous l'avons donc tué de la même manière', nous répondons: d'accord, mais pourquoi donc filmer cette vidéo si choquante ?", a-t-il dit à Reuters.

"Cette méthode a retourné la société contre eux."

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#JeSuisNous, une initiative pour valoriser la présence musulmane en France

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Après les attentats qui ont eu lieu en France le 7 janvier dernier, une équipe de jeunes activistes de confession musulmane a mis en place une campagne sur les réseaux sociaux. #JeSuisNous, ce mouvement souhaite mettre en avant le vivre-ensemble et la contribution positive des musulmans à la société française. 

Historique, anecdotique ou artistique, le groupe, présent sur Facebook, partage des contenus et des écrits intéressants qui aborde les sujets de société et de diversité. Un mois après ses débuts, leur page Facebook compte déjà plus de 2000 mentions j’aime.

S’exprimant à Al Arabiya News, l’équipe de #JeSuisNous explique comment les incidents vécus en France ont inspirés leur projet. Chef de projet de #JeSuisNous et journaliste pour la chaîne Oumma Tv, Suhail Najmi parle des objectifs de cette campagne : «Valoriser les actions des citoyens musulmans avec nos histoires personnelles et en promouvant la contribution des français musulmans à la communauté [française], à la culture, à l’art… »

Redonner sens aux valeurs françaises

Depuis les attaques de Charlie Hebdo, et la montée des actes islamophobes, l’Observatoire National contre l’Islamophobie recensent plus de 128 attaques entre le 7 et le 20 janvier 2015.

Professeur d’histoire, Samia Hathroubi, également dans l’équipe de #JeSuisNous, explique combien il est difficile pour les musulmans de France de gagner une opinion publique positive quand médias et politiques tiennent continuellement un discours négatif.

Optimiste quant à leur futur, l’équipe de #JeSuisNous espère toucher un large public par le biais d’internet et des réseaux sociaux.

Précisant que la campagne a déjà « beaucoup de soutien », la doctorante en droit Laila Fathi termine en expliquant comment ils espèrent surmonter la division créée par l’utilisation de #JeSuisCharlie, ajoutant que l’identité française est « une pluralité qui s’unit dans la croyance des valeurs de liberté d’égalité et de fraternité. Des valeurs qui ont perdu leur sens ces dix dernières années. »

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L'islam sunnite a-t-il perdu la tête ?

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Décapitations, massacres, immolations : la plupart des atrocités commises dans le monde musulman l'ont été par des groupes radicaux sunnites. Comment expliquer que ces personnes utilisent l'islam sunnite pour justifier leurs actes ?

Cela doit être le comble de l'ironie pour l'histoire musulmane. La lecture et l'interprétation abjecte que certains musulmans ont de l'islam sunnite a provoqué toute une série de phénomènes macabres comme les décapitations, les immolations par le feu, les bombardements de civils. D'où la sempiternelle question : est-ce là le vrai islam sunnite ? Mais aujourd'hui, la vraie question est plutôt : comment l'islam sunnite a-t-il été détourné par les radicaux et les politiciens corrompus qui en abusent pour légitimer leurs objectifs à deux sous ? Pire, de nombreux «leaders religieux» sunnites restent silencieux. En tant qu'observateur des débats intellectuels dans les sociétés musulmanes, je suis très contrarié par le manque de réaction face aux pratiques de Daesh. Je suis décontenancé par le choix du silence adopté par ces religieux sunnites qui ont pourtant le pouvoir de faire réagir leurs fidèles. Comment l'islam sunnite est-il devenu une idéologie pouvant légitimer de telles pratiques ? Trois causes intimement liées expliquent la crise que traverse actuellement l'islam sunnite.

Des révolutionnaires chiites devenus des acteurs non-étatiques radicaux

Premièrement, l'islam sunnite est devenu un peu chiite. Cette transformation s'est produite au niveau théologique et politique. Côté théologique, d'éminents sunnites ont adopté des interprétations chiites de la foi islamique. Historiquement, l'islam sunnite s'appuie sur le point de vue de la majorité et rejette l'autorité d'individus ou de groupes choisis. Côté politique, depuis la révolution iranienne, plusieurs groupes religieux utilisent l'islam sunnite comme une idéologie révolutionnaire. Mais le problème, c'est que la révolution de 1979 avait son Etat : l'Iran. Les révolutionnaires sunnites n'ont pas d'Etat. Ils sont donc devenus, de leur propre chef et au nom de l'islam, une formation d'acteurs radicaux non rattachés à un Etat particulier. Je ne suis pas en posture de défendre le modèle iranien mais c'est l'Etat iranien qui a maintenu l'islam chiite radicalisé jusqu'à un certain point.

Où l'inutilité domine l'essentiel

Deuxièmement, l'islam sunnite est devenu l'idéologie des radicaux. Un anarchisme a peu a peu pris la tête du monde sunnite. De nombreux leaders des groupes sunnites islamiques connus ne sont pas correctement instruits. En résumé, l'islam sunnite est devenu la croyance des médiocres ce qui lui a permis de devenir un instrument légitime aux mains de beaucoup de radicaux. Troisièmement, les «leaders religieux» sunnites n'ont pas réussi à s'adapter aux réalités des changements mondiaux. Bien au contraire, ils ont continué à jouer la carte des donneurs de leçon. Ils ont écrit de volumineux livres religieux avec des pages et des pages sur le comportement à adopter dans les latrines et rien sur la morale publique. Ces choses-là transforment l'islam sunnite en un système où l'inutile domine l'essentiel. Aujourd'hui, les radicaux comme Daesh citent les livres de l'islam sunnite pour expliquer leurs agissements. Mettre leurs actes sur le compte de la pathologie ne suffit pas. Il faut comprendre pourquoi la tradition les nourrit comme elle le fait. Les musulmans doivent désormais adopter une nouvelle interprétation sunnite qui rejette catégoriquement la violence.

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Les féministes musulmanes de France affichent leur différence

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Qui sont les féministes musulmanes, qu'on appelle parfois «islamiques» ? Quelles idées défendent-elles ? Qui les représentent en France et quelles sont leurs divergences ? Dans un article exclusif, Zaman France brosse le portrait idéologique de ces femmes de conviction qui ont su ébranler dans un même élan rigoristes et laïcards.

Ne le prononcer pas trop fort. Le mot, paraît-il, fait peur dans certains milieux conservateurs tout comme dans les quartiers chics de la bourgeoisie laïque parisienne.

L'expression «féminisme islamique» représente pour bon nombre de personnes un oxymore quand elle n'est pas l'incarnation par excellence du choc des civilisations cher à Samuel Huntington.

Et pourtant ! Voilà quelques décennies qu'elle poursuit son petit bonhomme de chemin sémantique depuis l'Iran révolutionnaire jusqu'aux pays arabes et maintenant l'Europe et les Etats-Unis.

Diplômée en littérature et en philosophie, la chercheuse Asma Barlas est l'une des figures les plus impliquées aux Etats-Unis sur la question du féminisme islamique.

En France, ce courant d'idées est présent et ses représentantes commencent à formaliser leurs réflexions au détour des débats qu'elles mènent et qui, loin de produire un consensus, affiche une réelle diversité d'approches.

Les auditeurs de radio Grenouille, un média marseillais, ont pu s'en rendre compte le 31 janvier dernier.

«Les musulmanes ont mis quelques années à se l'approprier»

Une émission/débat intitulée «Sortir de la confusion» y était organisée sur ce sujet. Parmi les nombreux intervenants, trois femmes directement impliquées par la question du féminisme islamique en France ont échangé des vues pour le moins intéressantes :

Hanane Karimi, Malika Hamidi et Houria Bouteldja.

 

La première question primordiale qui s'est imposée à elles a été celle de la définition de l'expression «féminisme islamique». Malika Hamidi est une sociologue belge. Auteure d'une thèse sur les féministes musulmanes européennes en contexte postcolonial à l’Ehess Paris, elle est aussi membre du

steering committee du projet européen «forgotten Muslim women in Europe» et militante, directrice générale du think tank European Muslim Network .

Autre figure célèbre du courant féministe américain, la sulfureuse Amina Wadud. Cette femme qui refuse l'étiquette de féministe, est une fervente promotrice de l'égalité homme/femme en islam. Elle s'est rendue célèbre en étant la première femme à diriger publiquement la prière devant des hommes, en mars 2005. Cette approche, jugée provocatrice et inutile par beaucoup de féministes musulmanes, continue de diviser le mouvement.

Elle resitue le contexte d'apparition de l'expression et de sa relation avec les principales figures du féminisme musulman. «Cette nomination de féministe, les femmes musulmanes ont mis quelques années à se l'approprier, dit-elle.

L'Américaine Amina Wadud qui appelait depuis plusieurs années à cette relecture des Textes et à une égalité de genre, rejetait elle-même cette appellation de féminisme islamique en précisant que néanmoins si cela pouvait aider à faire comprendre son travail, elle l'accepterait mais qu'elle était avant tout

une femme de foi et que c'est à partir de sa foi qu'elle tendait vers cette égalité. Pour Asma Barlas, c'était la même chose».

Féministe islamique ou musulmane : les enjeux d'une appellation contrôlée

Toute une génération de féministes musulmanes menait ce travail sans se revendiquer du féminisme islamique, explique la sociologue belge. «Sur le terrain, en 2004, 2005 ou 2006, il ne fallait même pas en parler aux militantes qui dénonçait une approche néo-coloniale.

Elles se disaient femmes musulmanes avant tout», ajoute-t-elle. Hanane Karimi est l'une des figures engagées du féminisme musulman en France. Sociologue spécialisée en éthique, diplômée du Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Ethique (CEREE),

ses thèmes de recherche s’articulent autour de l’éthique appliquée dans les domaines de l’islam et du genre. Elle est membre de nombreux collectifs de luttes féministes.

Dans son approche transversale du féminisme, Hanane Karimi associe des analyse éthique, politique et sociologique. Elle reconnaît ainsi à l'instar de Malika Hamidi la difficulté à faire accepter cette formulation de féminisme islamique.

«Certaines féministes ne se reconnaissent pas toujours dans cet intitulé de féministe islamique. Elles se reconnaissent plus comme féministes musulmanes avec la diversité d'identité que cela recouvre.

Le féminisme musulman c'est d'abord une désignation de chercheuse. La dénomination de féministe est problématique car on prend des discours et des pratiques féministes qui s'articulent autour du paradigme islamique», détaille-t-elle.

Houria Bouteldja : «Je ne me revendique pas du féminisme islamique»

Mais ajoute-t-elle aussitôt, la problématique féministe n'a pas de lien spécifique avec l'islam. «L'oppression des femmes n'est pas seulement quelque chose qui appartient à l'islam mais à l'humanité», même s'il faut ajouter, dit-elle,

aux discriminations de genre subies par les femmes, des contraintes supplémentaires, parmi lesquelles «la posture post-coloniale dans laquelle nous nous situons en tant que femmes musulmanes».

Autre problème soulevé cette fois ci par la porte-parole du Parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja, la nature de la relation entre la réinterprétation des sources musulmanes par les femmes et les questions de discriminations vécues au quotidien par les musulmanes en France.

«Je ne me revendique pas du féminisme islamique, mais j'ai des questions. Que signifie la question de l'interprétation des textes quand on est une femme musulmane dans un quartier. Quand on est en lutte et qu'on subit la triple oppression : le genre, la classe, la race.

Des problèmes sociaux, d'argent, de boulot, de discrimination, des problèmes par rapport à la scolarisation des enfants et les crimes policiers. Je n'arrive pas à voir de lien entre une interprétation féministe du Coran et la résolution de ces problèmes.

C'est un mouvement qui existe et qui est réel. Simplement, je ne constate pas son implantation. Je ne rencontre pas dans la lutte que je mène de féministes islamiques», témoigne-t-elle.

Les secrets de l'empowerment féminin

Cette approche du PIR qui surinvestit la question politique et les déterminismes sociaux en lieu et place d'une posture fondée sur une approche religieuse est l'une des démarcations interne intéressante des mouvements féministes islamiques ou musulmans.

Bien que non féministe islamique, Houria Bouteldja incarne depuis une bonne décennie la figure de la militante des quartiers populaires en lutte contre l'islamophobie et le féminisme colonial meanstream.

Houria Bouteldja du mouvement des Indigènes de la République, mobilisée en mars 2004, au cours d'une manifestation contre le projet de loi qui interdira le port du voile à l'école.

Pour elle, la question féministe imposée aux musulmans est un instrument de division caractéristique du néocolonialisme français. «L'islamophobie est le prolongement d'un racisme qui existait déjà hier contre les Arabes.

Il s'est métamorphosé à partir de l'affaire de Creil, du 11 septembre et il a pris un visage légal avec la loi de 2004. Ce n'est pas quelque chose de fondamentalement nouveau si l'on prend en compte l'histoire coloniale.

Le dévoilement des femmes algériennes durant la période coloniale illustre très bien cette réalité de séparation des genres instituée. La division de genre coloniale était déjà une pratique coloniale, elle se poursuit aujourd'hui dans le cadre républicain».

Hanane Karimi conteste cette approche hiérarchique qu'elle juge réductrice, partielle et insiste sur la dimension quotidienne, spirituelle et concrète de la réflexion féministe islamique qu'elle articule autour de la notion d'empowerment.

«La vie d'une femme n'est pas qu'une vie politique, même si les féministes ont dit que le privé était politique. Un système englobant comme l'islam qui règle la vie quotidienne des musulmanes est nécessairement interrogé par elle».

La loi du 15 mars ou l'union des machismes communautaire et étatique

La chercheuse du CERE poursuit son argumentation en s'appuyant sur des exemples quotidiens. «Quand les femmes s'investissent dans l'empowerment, c'est tout leur structure familiale qu'elles aident.

Des questions concrètes comme la répartition des tâches ménagères, la nécessité pour les femmes de travailler à l'extérieur pour améliorer le niveau de vie familial ou de faire des études sont des questions auxquelles les féministes islamiques se sont penchées comme des pratiques authentiquement

féministes», souligne-t-elle. Hanane Karimi va d'ailleurs plus loin : elle estime que le vote de la loi du 15 mars 2004, interdisant le port du voile à l'école, et qui a marginalisé plusieurs étudiantes voilées, démontre l'alliance indirecte des formes de misogynie qu'elles émanent de l'Etat ou de la communauté

musulmane. «L'étau de la loi du 15 mars est venu enfermer les femmes dans quelque chose de plus domestique. Là il y a quelque de l'ordre de la connivence entre l'Etat et le machisme à connotation religieuse». S'insérer dans la vie économique et sociale :

c'est également le constat auquel Malika Hamidi aboutit. «La vraie priorité des femmes aujourd'hui ce n'est pas de diriger la prière mais de travailler d'étudier et d'être reconnue comme des citoyennes à part entière».

Le droit de pouvoir librement effectuer des études et choisir une carrière professionnelle font partie des revendications portées par les féministes musulmanes. 

La chercheuse belge évoque par ailleurs un élément important : la discrimination n'est pas seulement le fruit des hommes. «Les plus grandes résistantes à l'action féministe sont les femmes elles-mêmes. Il m'est arrivé d'aller à des conférences où l'on m'a dit :

tu ne parles pas de féminisme islamique, tu parles de libération et d'émancipation».

Dans le sillage de Asma Lamrabet

Autre défi qui divise les féministes musulmanes : la question de la réinterprétation du Coran et de la tradition prophétique par les musulmanes. Pour Malika Hamidi, les féministes musulmanes d'Europe pécheraient par frilosité et manque d'audace sur ce point précis.

«En Europe francophone, il y a une frilosité à réinterroger les textes. Je ne connais pas de groupes de femmes qui aient osé réquisitionner les textes de manière ambitieuse, pour proposer une lecture et une critique des Textes qui soit validé par des savants,

dans une perspective féministe en puisant dans le féminisme actuel les concepts et la méthodologie pour s'émanciper de toute forme de domination» explique-t-elle.

Dans la galaxie du féminisme islamique, Asma Lamrabet est une figure incontournable. Cette médecin marocaine qui s'est investie en profondeur dans la recherche sur les textes de l'islam, travaille au centre d'étude de recherche et de formation sur l'islam sur la question de l'interprétation des sources et le caractère genré des avis religieux misogynes présent dans la tradition jurisprudentielle musulmane. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages, dont le dernier Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ?

La directrice générale de European Muslim Network rappelle néanmoins le travail important mené par la Marocaine Asma Lamrabet, docteure et fondatrice du centre d'étude de recherche et de formation sur l'islam, qui réunit des chercheuses et des théologiennes oeuvrant à la déconstruction des

réinterprétations machistes des sources islamiques.

 

Les réserves du PIR sur le féminisme islamique

Elle en souligne pourtant les limites pour la réalité européenne. «Pour que ce travail soit acté sur le terrain, beaucoup disent : il nous faut l'accord et l'aval de nos savants religieux». Serait-ce alors le serpent féministe qui se mord la queue ?

En Europe, on perçoit davantage de luttes menées sur le plan sociopolitique face aux lois «liberticides» votées contre le foulard ou «les discriminations à l'emploi», reconnaît la Belge. «Cette frilosité à remettre en cause y compris certains versets court-circuite le travail de relecture des sources

scripturaires», confesse finalement Malika Hamidi. Du côté des Indigènes de la République, la critique de l'approche confessionnalisante des féministes islamiques est bien réelle. «Si nous étions au Maroc où l'islam est religion d'Etat, je comprendrais cette lecture féministe à partir d'une lecture du Coran,

qui remettrait en cause le patriarcat, mais je le comprendrais malgré tout avec réserve car je ne crois pas que la question du genre soit liée à l'islam. Mais en France où l'islam n'est pas religion d'Etat, quel est l'objet et l'objectif de cette démarche dans la mesure où les questions du genre,

comme celle de la classe et de la race et plus généralement les rapports de domination sont déterminés par les institutions, par un système économique, une forme qu'a l'Etat, comment répond-on à ces questions à partir du Coran ?», réinterroge à nouveau Houria Bouteldja.

Le Coran au cœur du message féministe de l'islam

Mais les féministes musulmanes ne partagent pas que des divergences entre elles. Au cœur de la démarche épistémologique qui fonde leur action, ces femmes ont découvert et adopté une lecture essentielle et primordiale qui ne cesse d'éclairer leur travail.

Autre figure contemporaine importante, Zahra Ali, française émigrée en Grande-Bretagne et l'auteur de Féminismes islamiques aux éditions La Fabrique.

Celle que le message du Coran est un message émancipateur pour les femmes, qu'il l'a été historiquement et que l'islam des origines n'a que peu de choses à voir avec l'appropriation masculine et politique qu'en ont fait les dynasties suivantes. Pour ces femmes qui ont su réunir contre elles,

à la fois les plus rigoristes des imams et les plus laïcardes des féministes, c'est en revenant aux sources que les féministes musulmanes pourront redécouvrir et donc se réapproprier le sens des Textes. Elles en sont persuadées : les femmes avaient dès les débuts de l'islam une place prépondérante.

La transmission du savoir après la mort du Prophète réalisée par son épouse Aïcha, en est la preuve symbolique. Une conviction qui les met en droite ligne face au courant du féminisme dominant, mainstream, qu'elle qualifie de colonial.

L'union sacrée des musulmanes contre le féminisme dominant

Sur ce terrain là, plus aucune divergences. Hanane Karimi allume la mèche. «Les féministes musulmanes ne cherchent aucune reconnaissance des féministes mainstream. Elles dénoncent leur discours féministe laïque qui voudrait croire qu'il ait pensé toutes les manières d'émancipation des femmes»,

dit-elle, en récusant le caractère universaliste autoproclamé par ce féminisme. «Elles ne peuvent pas appliquer leur modèle laïque, hégémonique qui n'est qu'un particularisme français à toute l'humanité. Ce n'est pas possible car cet universalisme est biaisé.

Elisabeth Badinter incarne en France la tradition du féminisme mainstream ou dominant, caractérisée par une approche laïciste et universaliste appuyée sur les Lumières françaises.

N'oublions pas qu'une femme comme Olympes de Gouges qui a dénoncé au moment de la Révolution française cette exclusion des femmes a fini sur l'échafaud. Ces lumières universelles doivent être interrogées», conclut la chercheuse française.

Même son de cloche chez Houria Bouteldja et Malika Hamidi : il faut décoloniser le féminisme. «Il y a encore beaucoup de réticence pour les féministes de voir des femmes voilées. Le futur des mouvements féministes mainstream sera d'accepter ces nouvelles générations de femmes,

de reconnaître que l'universalité du féminisme est questionné par ces femmes qui à partir d'un paradigme islamique souhaite être reconnues comme telles», commente Malika Hamidi.

Caroline Fourest, essayiste, est l'autre figure médiatique très présente sur le terrain du féminisme mainstream.

Aujourd'hui, les challenges qui attendent ces femmes de conviction est double : lutter à l'intérieur de la communauté musulmane contre les pratiques culturelles misogynes et machistes.

Oeuvrer dans la société civile pour une décolonisation du féminisme qui par sa grille de lecture essentialiste, disent-elles, exclue et marginalise les femmes musulmanes. Une tâche immense que ne désavouerait pas les antiques Amazones.  

 

 

 

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Pour Barack Obama, les terroristes ne parlent pas au nom des musulmans

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barack obama

Barack Obama a martelé que les terroristes ne parlaient pas « au nom d'un milliard de musulmans » et appelé à l'unité et à l'action pour vaincre « les fausses promesses de l'extrémisme ».

 « Nous ne sommes pas en guerre avec l'islam », a lancé le président américain au deuxième jour d'un sommet à Washington pour « contrer la violence extrémiste », auquel des représentants de 60 pays ont été conviés. Les dirigeants d'organisations telles que l'Etat islamique « ne sont pas des leaders religieux, ce sont des terroristes », a ajouté l'occupant de la Maison Blanche. « Nous devons être beaucoup plus clairs sur les raisons pour lesquelles nous rejetons certaines idées », a-t-il ajouté. 

Il a estimé en particulier que les leaders musulmans devaient « faire plus » pour discréditer l'idée selon laquelle les pays occidentaux seraient « déterminés à supprimer l'Islam ». Barack Obama a par ailleurs souligné que les opérations militaires, telles que les frappes aériennes menées depuis des mois contre l'organisation Etat islamique en Irak et en Syrie, ne pouvaient en aucun cas être la seule réponse face à la « violence extrémiste ». Le président américain a mis en exergue l'importance prise par les réseaux sociaux, rappelant la nécessité de lutter contre la propagation d'idéologies dangereuses. « Les groupes terroristes utilisent une propagande très ciblée dans l'espoir d'atteindre et de manipuler de jeunes musulmans, en particulier ceux qui se sentent abandonnés. C'est la vérité, a-t-il lancé. Les vidéos de haute qualité, l'utilisation des réseaux sociaux, les comptes Twitter des terroristes sont conçus pour toucher les jeunes en ligne ».

Ces terroristes sont d'abord une menace pour les communautés qu'ils visent. Ces communautés doivent prendre l'initiative et se protéger elles-mêmes. C'est vrai en Amérique et c'est vrai ailleurs », a encore ajouté le président américain. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et les ministres de l'intérieur français et britannique, Bernard Cazeneuve et Theresa May, font partie des personnalités attendues le 19 février au dernier jour de ce rendez-vous international. Le sommet avait été annoncé en janvier, peu après l'attaque contre Charlie Hebdo, mais préparée de longue date.

FAIT RELIGIEUX 

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Islamophobie, arme de mobilisation massive ?

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Fouad Imarraine est l'un des acteurs historiques de l'associatif musulman en France. Citoyen engagé, militant, il est notamment membre d'EMN ( european muslim network), coordinateur du centre islamique Philippe Grenier, et l'un des cofondateurs du Collectif des musulmans de France et de Présence musulmane. Dans une tribune exclusive publiée par Zaman France, il nous livre un éclairage approfondi de l'exploitation politique de l'islamophobie et de ce que cette exploitation dévoile.

Aux abois, Sarkozy vient de se remettre dans la course à celui qui exploitera au mieux les peurs des Français, que la plupart des partis traditionnels et des candidats aux futures élections utilisent pour atteindre les électeurs, à défaut de pouvoir le faire sur des sujets sensibles (économie, emploi, social, etc). Ils courent derrière le F.N dans l’espoir de récupérer leurs adhérents séduits par le discours du rejet.

L’islamophobie est une monnaie forte. Il suffit d’en faire mention pour s’attirer toutes les clientèles du marché de la peur. Allons-nous donc revenir au même niveau atteint au XIXe siècle, lorsque des politiques affichaient publiquement l’antisémitisme comme point fort de leurs programmes ?

Cette question qui demeurait jusqu’à alors sans réponse sera bien vite résolue, puisqu’il semble que nous soyons arrivés à cette situation. Si les politiques potentiellement éligibles, à l’image de la candidate du Front National, savent que les musulmans sont absents de la scène politique française, et que par conséquent l’islamophobie est une voie sans risque, cela n’empêche pas de voir se développer sur le front «dit» républicain des tentatives d’instrumentalisation de la lutte contre le racisme, tel que le fit Mitterrand avec le bras du Parti Socialiste.

L'islamophobie, le voile de la République

Mais bien que l’islamophobie représente aujourd’hui une arme de mobilisation populaire, le parti socialiste ne peut aujourd’hui prétendre lutter contre, car selon certains socialistes, ce terme recouvrirait une instrumentalisation des «islamistes», là où se serait opérée hier, celle des «mollahs».

Pire encore, le parti socialiste aux commandes de l’Etat se retrouve aujourd’hui à crier avec les loups (à l’unisson avec le front national) contre cet islam des quartiers, des banlieues, des territoires «perdus de la République».

En revanche, il ne sera en aucun cas question de diaboliser l’islam qui constitue la religion dominante de certains Etats-amis qui détiennent le pouvoir de renflouer nos caisses de l’Etat, et cela en dépit des violations des droits humains au nom du même islam.

L'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy qui se représentera vraisemblablement aux présidentielles de 2017 est un habitué des propos islamophobes comme l'atteste sa dernière déclaration : "Nous ne voulons pas de femmes voilées en France".

Raison d’État oblige. L’islamophobie est là pour voiler tous ces agissements. À défaut d’instrumentaliser une lutte contre le racisme «respectable» que représente l’islamophobie, le gouvernement, ainsi que le Président de la République, en usent afin de ne pas laisser le monopole au Front National.

Certes, l’expérience mitterrandienne dans l’instrumentalisation de la lutte contre le racisme ne peut plus se reproduire, mais l’instrumentalisation du racisme peut s’avérer payante aujourd’hui.

L'islam de France pris en tenaille

Quel grand risque, peut-être ! En attendant, on peut toujours agiter le chiffon rouge du Front National d’un côté et celui de «l’islamofascisme» de l’autre, ce qui attirerait un électorat qui est contre le racisme basique et primaire, mais sans complexe en accord avec ce racisme «respectable» qui a la particularité de s’appuyer sur un «islam respectable».

Un islam discret qui serait soutenu sans complexe lui aussi car prisonnier d’une certaine lecture de la laïcité et de la République. Un islam conscient que l’heure est au rassemblement face aux risques du terrorisme d’un côté et de la montée du Front National de l’autre.

Un islam d’État régulé, aux rythmes des enjeux. Il serait réducteur de ne voir cette instrumentalisation de l’islamophobie présente uniquement chez les porteurs d’un racisme ordinaire ou «respectable».

Elle l’est également chez les acteurs de la vie politique française, dont le rôle paraît certes moins important, mais qui est déterminant dans certaines luttes de notre agenda politique et social.

En effet, il existe encore des partis qui tentent de faire de la lutte contre l’islamophobie le levier d’un réveil politique dans les quartiers populaires. L’islamophobie pourrait être ce déclic tant attendu.

Du danger de politiser la lutte contre l'islamophobie

Non seulement, crier aux injustices dont sont victimes des musulmans et ceci à juste titre, mais faire de la lutte contre l’islamophobie, le nouveau cri de ralliement. Mais un ralliement à quoi ? À qui ?

Chacun y va de son allégorie révolutionnaire, ou de ses souhaits de profonde réforme pour sauver la République des griffes de celles et de ceux qui veulent l’imploser.

Fouad Imarraine est l'une des figures majeures de l'associatif musulman en France. Il fut l'un des artisans essentiel de la dynamique Présence musulmane et du Collectif des musulmans de France.

En somme une lutte contre l’islamophobie qui serait révélatrice de talents, de nouveaux espoirs, de musulmanes et de musulmans, jusqu’alors simples victimes, transformés en héros sauveurs de nos rêves révolutionnaires ou de nos aspirations laïquement républicaines.

Une simple lutte contre les discriminations et pour rétablir des droits bafoués se transforme presque en programme politique.

Et cela alors même qu’il existe déjà des instances ayant fait leur preuves en la matière (CCIF, CRI, etc.), et qui nécessitent un soutien matériel et financier pour réduire ce racisme très ancien mais qui se présente vêtu de nouveaux habits de l’islam.

Le danger de cette politisation est qu’elle devienne le pendant de l’instrumentalisation de l’islamophobie qui voile les véritables problèmes.

La lutte contre l'islamophobie, un combat universel

Il n’est aucunement question de dire ici que la lutte contre l’islamophobie n’est qu’instrumentalisation politique mais elle doit être le relais de d’associations qui combattent les discriminations pour se faire entendre et non pas parler en leur nom.

Tout simplement parce que l’expérience montre que ces types d’organisations perdent leur âme lorsque la proximité avec les partis politiques se fait trop grande.

Député des Alpes-Maritimes, Maire de Nice, Christian Estrosi s'est récemment illustré par une déclaration islamophobe considérant qu'"il y a un vrai problème posé par l'islam".

C’est une logique dévastatrice pour notre société que de transformer systématiquement les dynamiques sociales en réseaux de relais de prise de pouvoir politique (au sens parlementaire du terme).

La lutte pour le respect du droit se doit de rester à vocation universelle, pour que son efficacité serve à chacun. L’affilier à une dynamique politique de prise de pouvoir, renforce une représentation populaire voire sociétale de la démocratie réduite à sa simple manifestation électoraliste.

Quant au versant politique de l’islamophobie, il ne sert que de voile à la crise de notre société à vocation républicaine et démocratique. Le ralliement devrait se faire au-delà de la lutte contre l’islamophobie.

«L’islamophobie est le versant de la présence musulmane»

Il y a urgence à se mobiliser en faveur d’une nouvelle étape de l’histoire républicaine débutée, près de deux siècles avant nous et qui continuera après nous. Une histoire sans fin. La république est une utopie vers laquelle on devrait tendre.

Elle est un idéal politique moteur de nos mouvements. Ce qui exigerait un effort permanent pour la protéger et la renforcer. Oui, l’islamophobie est un mal qu’il faut combattre en ayant en permanence à l’esprit qu’elle est un cache-misère de notre vie politique.

Le meilleur moyen de la neutraliser est de contribuer aux actions des musulmans à tous les niveaux de notre société.

L’islamophobie est le versant de la présence musulmane car elle traduit leur présence croissante et les tensions qu’elle provoque.

C’est parce que l’enracinement des musulmans se consolide que l’islamophobie se renforce. Mais il ne s’agit pas de dire ici que la victime est coupable de son racisme. Les islamophobes paniquent à l’idée d’une expression française décomplexée de l’islam.

C’est fondamentalement la visibilité des musulmans qui provoque la peur, une peur de l’autre récurrente dans l’histoire vis-à-vis de tout ce qui est perçu comme étranger.

 

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Les trois vies de Malcolm X

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Malcolm Little. Malcolm X. Al Hajj Malik Al-Shabbaz. Trois vies en une seule. La destinée mouvementée du célèbre harangueur des foules noires américaines est moins connue du grand public. Diplômé en sociologie et membre de l'association Ambitions-Jeunesses à Nantes, Yaser Gün revient sur les moment clés de la vie controversé du prédicateur politique à l'occasion du cinquantenaire de sa mort.

Une vie, plusieurs (re)naissances... Malcolm X (de son vrai nom Malcolm Little) est né aux États-Unis en 1925, d'un père militant pour la cause noire et d'une mère métisse complexée par la blancheur de sa peau, dans un contexte où les tensions raciales étaient fortes. Il eut une enfance difficile.

Il perd son père à 6 ans (sans doute assassiné) ; sa mère quant à elle est internée en hôpital psychiatrique vers ses 13 ans. Malgré son placement dans une famille d'accueil, il a de très bons résultats scolaires en primaire.

Mais un jour, l'un de ses professeurs lui dit que le métier d'avocat, que le jeune Malcolm espérait faire plus tard, n'était pas réaliste pour un «nègre». S'en suivra un désintérêt pour l'école, ainsi qu'un complexe lié à tout ce qui touche à sa couleur de peau.

Il essaiera, par exemple, de rendre son teint plus clair, se défrisera les cheveux pour qu'ils soient lisses comme ceux des «blancs»...

Malcolm X et le boxeur Muhammad Ali, à l'époque où le militant des droits civiques était proche de Nation of islam.

Quelques années plus tard, le jeune Malcolm goûte à la drogue et à la délinquance, faisant de cette dernière son gagne-pain.

A 20 ans, ses activités illégales le mènent finalement en prison, où il passe sept années. Derrière un mal, se cachant parfois un bien, il prend goût pour la lecture en prison et dès lors, lit tout ce qu'il peut lire. Il y recopie aussi l'intégralité du dictionnaire, afin d'enrichir son vocabulaire.

«Le blanc est un démon»

Son côté studieux resurgit donc là, enfermé, isolé de la société et de ses vices. Il dira d'ailleurs qu'il n'avait «jamais été aussi libre de sa vie» que quand il était en prison. Car son corps était enfermé, mais son esprit et son cœur étaient en train de se libérer...

C'est également en prison qu'il découvre l'islam. Il s'efforce alors d'avoir une meilleure hygiène de vie et un meilleur comportement.

Nation of islam a été l'organisation noire américaine la plus influente dans les années 50 jusqu'à la mort de Malcolm X.

 

L'escorte des tribuns de Nation of islam, au premier rang d'un meeting.

Cependant, sans qu'il ne le sache, il est endoctriné dans une secte, «Nation of Islam». La frustration que Malcolm avait envers la société et les «Blancs» fit en sorte qu'il se retrouve dans la doctrine de cette secte, basée sur la haine du «Blanc» (perçu comme un démon) et l'instauration d'un État où les Noirs vivraient entre eux.

Cette secte se servira de l'éloquence et du charisme de Malcolm pour diffuser son idéologie haineuse. Il se dévoue dès lors corps et âme à ce qui lui semblait être la «vérité», et la solution aux problèmes de sa «communauté».

Bien que l'idéologie qu'il prêche soit en partie violente, celle-ci ne serait aux yeux de Malcolm qu'une réponse légitime à la société qui est violente envers lui et ses semblables, une société dont il ne fait que parler le «même langage».

Malgré cet aspect violent, qui sera moins présent vers la fin de sa vie, il se bat pour éveiller les consciences endormies des siens, les inciter à s'éduquer, s'unir, s'organiser et à voter pour faire valoir leurs droits.

Il multiplia aussi les contacts avec les dirigeants du Tiers-Monde, et d'autres figures révolutionnaires telles que Che Guevara ou Fidel Castro. Retour du Hajj, remise en question et nouvelle vision.

Le pélerinage à la Mecque de Malcolm X a profondément changé sa vision de l'islam et de l'engagement politique.

La renaissance spirituelle de Malcolm

Après de nombreuses années de militantisme au service de la Nation of Islam, il décide de s'éloigner de celle-ci, sa sagesse et sa perspicacité lui montrant peu à peu le vrai visage de cette secte.

Mais c'est le pèlerinage (Hajj) à La Mecque, en avril 1964, qui fera office de renaissance pour lui, un an avant sa mort. Il se fera désormais appeler «Al Hajj Malik Shabbaz».

Lors de ce voyage spirituel, il découvre l'Islam authentique et comprend que la Nation of Islam n'a rien à voir avec le véritable Islam, qui prône paix et fraternité entre tous les humains, quelles que soient leurs couleurs ou leurs origines.

Sa vision et son discours se transforment. Il comprend que l'ennemi n'est pas le «Blanc», mais le racisme, qui découle de l’ignorance.

Alors que son action prend de plus en plus d'ampleur, tant au niveau local et national qu'international, et que la vision de sa lutte contre le racisme se fait plus unitaire, Al Hajj Malik Shabbaz est assassiné le 21 février 1965 à l'âge de 40 ans.

L'homme meurt, mais ses idées vivent toujours, 50 années après...

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Malcolm X, l'héritage universel d'un Afro-américain

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50 ans après sa mort, quel héritage le plus célèbre des Afro-américain a-t-il laissé derrière lui ? Yaser Gün nous en dresse le tableau qui brille toujours autant par son actualité.

Cinquante ans. Le 21 Février 2015 correspondait donc au 50e «anniversaire» de l'assassinat du célèbre mais pourtant pas si bien connu Malcolm X. Malgré le temps qui passe, le personnage, sa lutte ainsi que ses idées continuent d'inspirer militants, artistes ou encore citoyens de tout horizons de par le monde.

Aux États-Unis évidemment, mais aussi en Europe, en Afrique ou encore en Turquie et en Indonésie. Certes, il ne faut pas rester figé dans le passé au point d'en négliger le présent.

Les contextes sont différents donc inutile d'attendre le prochain Malcolm X, mais il y a aussi de nombreuses similitudes (conditions des minorités, lutte contre les injustices sociales, mobilisations électorales etc.) desquelles on peut, aujourd'hui encore, nous inspirer.

Par ailleurs, nous vivons dans une époque où il y a un manque de repères, notamment pour les plus jeunes. Ce genre de figures peut en faire office, sans idéaliser voire idolâtrer des individus, sacraliser leurs idées, ni exagérer leurs actions.

Nous pouvons et devons tirer profit de ce que d'autres ont fait avant nous, pour ne pas faire les mêmes erreurs, mais surtout améliorer ce qui peut l'être. A mon sens, Malcolm X fait partie de ces figures contemporaines qui peuvent servir d'exemple, à l'instar, dans d'autres registres, de l'Abbé Pierre, de Sœur Emmanuelle, de Gandhi et de bien d'autres.

Car ils ont mis leur vie au service de leurs convictions et de leur idées, avec courage et persévérance. A la source de la délinquance, il y a bien souvent des drames familiaux, eux-mêmes pouvant avoir (ou non) comme origine les dérives de la société.

Plutôt que d'agir à la source, et de prévenir cette délinquance qui touche de nombreux jeunes, notamment dans nos quartiers (mais pas que), l'on préfère stigmatiser et punir, sans chercher à guérir.

Et quand la structure familiale n'est pas stable, cela peut mener à la délinquance, mais aussi au terrorisme (cela n'est pas sans rappeler le parcours des frères Kouachi, qui ont perdu leur père puis leur mère avant d'être placés...)

La frustration, à la source de la délinquance

Il arrive trop souvent que des enfants plein de qualités et de talents soient frustrés (par leur famille, l'école, la société etc.). La frustration est une graine qui, lorsqu'elle croît, donne de mauvais fruits : rejet de la société, vulnérabilité, violence, drogue....

Denzel Washington a immortalisé le rôle de Malcolm X dans un film signé Spike Lee.

Dans le cas du petit Malcolm, c'est une simple phrase prononcée par son maître qui l'a éloigné de l'école, alors qu'il était un brillant élève. Cela me fait penser à l’Éducation Nationale qui, malgré ses bonnes intentions, n'arrive pas à être entièrement un lieu d'ascension social, et qui continue de fait à désavantager les élèves les plus vulnérables.

Stigmatiser et rabaisser une partie de la population à cause de sa couleur, de ses origines (culturelles, sociales...), de sa religion, de son handicap etc., engendre aussi de la frustration.

Dans le cas du jeune Malcolm, cela se traduisait par une volonté de ressembler aux «Blancs» parce qu'il avait honte de son apparence, mais aussi par des comportements déviants (drogue, délinquance etc.) La prison peut permettre à un individu de s'élever et de changer.

Malcolm X y a en effet pris goût à la lecture, à l'éloquence et aux confrontations d'idées. C'est aussi là qu'il s'est converti à l'islam... Aujourd'hui, de nombreux détenus se convertissent également à l'islam, mais pas toujours dans de bonnes conditions.

Tout comme Malcolm X, exclu (voire auto-exclu) par sa société et par les «Blancs», s'est retrouvé dans le discours haineux de la Nation of Islam - qui était mêlé à une hygiène de vie saine (interdiction de l'alcool, de la drogue et du tabac) et certaines bonnes valeurs – certains jeunes, fragiles et vulnérables, se laissent facilement endoctriner et manipuler par des personnes qui leur présentent un islam pas toujours authentique.

Cela produit des personnes ayant une pratique radicale et des convertis ou repentis frustrés, qui vivent leur foi en opposition aux autres. Il ne faut pas porter de jugements hâtifs et définitifs sur les individus : celui qui était hier délinquant, peut très bien devenir, demain, vertueux et bon.

Et inversement !

Par tous les moyens nécessaires !

L'importance de l'éloquence : conscient de ses lacunes en matière de vocabulaire, Malcolm X a recopié tout le dictionnaire afin d'améliorer sa locution et son éloquence. Il savait que pour pouvoir se faire entendre et comprendre, encore fallait-il être compréhensible !

Beaucoup de personnes ne maîtrisent pas encore convenablement la langue française ainsi que tous ses codes. Et quand nous les maîtrisons, nous n'avons pas forcément les techniques de communication adéquates.

50 après sa mort, Malcolm X n'en finit aps d'être une source d'inspiration aux quatre coins du monde. Il demeure la personnalité afro-américaine musulmane la plus influente à ce jour.

Malcolm X n'a eu de cesse d'encourager ses semblables à s'unir, à s'élever culturellement, spirituellement et moralement. Il savait que l'éducation était indispensable. Il savait aussi que pour avoir un poids politique, il fallait s'organiser politiquement et voter en masse (voir son discours «The ballot or the bullet» - le bulletin (de vote) ou la balle).

Conscient que sa cause n'était pas isolée, il a cherché à élargir son mouvement en multipliant les contacts dans le Tiers-Monde, comptant ainsi médiatiser les discriminations dont étaient victimes les Noirs américains.

Une fois revenu de son pèlerinage, il a compris qu'il fallait s'unir avec toutes les bonnes volontés, peu importe leurs couleurs et origines, pour faire avancer les choses. Toutefois, il souhaitait d'abord unir sa «communauté» avant d'espérer d'autres alliances.

Une spiritualité saine peut permettre une contribution citoyenne active et positive. En effet, sans «mélanger la politique et la foi », l'engagement citoyen, associatif voire politique peut être nourri de valeurs spirituelles et universelles.

Néanmoins, quand le matérialisme excessif de la société est mêlé à une stigmatisation (politique, sociale, médiatique etc.) des religions – et donc des croyants -, la Nation se prive de nombreux potentiels qui ont pourtant tant à lui apporter... 

Avec du cœur et de l'intelligence. Du courage et de la persévérance. "By any means necessary" (par tous les moyens nécessaires).

Malcolm X et le pèlerinage : la découverte de l'universelVoici quelques passages de la célèbre lettre de Malcolm X suite à son pèlerinage à la Mecque, témoignage précieux de son revirement humaniste.

«Ce pèlerinage m’a obligé à réviser certaines idées qui étaient miennes, à rejeter certaines conclusions auxquelles j’étais parvenu. Au cours des onze journées que j’ai passé ici, dans le monde musulman, j’ai mangé dans le même plat, bu dans le même verre, dormi dans le même lit

(ou sur le même tapis) j’ai prié le même Dieu que mes coreligionnaires aux yeux les plus bleus, aux cheveux les plus blonds, à la peau la plus blanche. Dans leurs paroles comme dans leurs actes, les musulmans «blancs» sont aussi sincères que les musulmans «noirs» (...)

Nous sommes véritablement frères. Parce qu’ils croient en un seul Dieu, ils excluent toutes considérations de race de leur esprit, de leurs actes, de leurs comportements.

J’ai pensé en les voyant que si les blancs américains admettaient l’Unicité de Dieu, ils pourraient peut-être admettre l’unicité de l’homme et ils cesseraient de s’affronter, de nuire à autrui pour des raisons de couleur.»

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Frapper une femme, c'est cracher au visage de Dieu

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Violence contre les femmes

Elue de gauche à Vaulx-en-Velin, Nadia Iakehal est aussi blogueuse-écrivaine. Dans une tribune exclusive publiée sur Zaman France, elle réaffirme la nécessité pour la société française de se mobiliser davantage pour la cause féminine dans un pays où une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.

Un individu vivant en 2015 peut pleinement profiter des plus grandes avancées de ces deux derniers siècles qu’elles soient : industrielles, scientifiques, culturelles, informatiques.

Toutes ont pour point commun d’avoir progressé de manière significative sans le moindre renoncement ou questionnement susceptible d’obliger l’homme à rétropédaler. Mais il y a une cause qui cristallise encore un bon nombre d’angoisses et qui régresse dans certains pays : la condition féminine.

La réalité est là, dans toutes les sociétés même celles qui se targuent d’être évoluée. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut balayer devant sa porte avant de donner des leçons au reste du monde. Pour aider les autres, il faut avoir mené à la victoire ses propres combats.

C’est la raison pour laquelle, je n’évoquerai que le pays dans lequel je vis : la France. La France, ce pays qui m’a vu naître mais qui voit toutes les semaines des femmes victimes de violences de la part de leur conjoint (viols, coups, agressions, pressions psychologiques…).

Elles sont au total 216 000 en France chaque année (estimation minimale) à être victime de violence conjugale, 86 000 femmes victimes de viol. Quand d’autres meurent sous les coups de leur conjoint.

Mais l’horreur ne s’arrête pas là puisque 40 % des violences conjugales débutent lors de la première grossesse.

Manifestation contre la violence faite aux femmes à Paris.

La persistance culturelle du machisme

Pour sortir la tête de cet océan agité par la barbarie et le machisme primaire, des femmes se sont soulevées, de grandes dames telles que Simone Weil, Gisèle Halimi ou Assia Djebar, pour réveiller cette société qui jusqu’en 2015 ironise encore sur les femmes et leur volonté d’être traitée avec respect et dignité.

Bien évidemment, le temps d’Olympe de Gouge est révolu, considérée comme l’une des pionnières du féminisme français. Dois-je rappeler le sort de cette dernière, guillotinée en 1793 dans une France où un procureur avait déclaré : «la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois.

Et vous voudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes.» ?

Harmoniser les modalités du savoir-vivre

Bien entendu, que de chemin parcouru depuis le XVIII siècle où 1944 et 1975 ont été le témoin d’un virage politique en direction des femmes. C’est une avancée conséquente mais ce n’est pas assez car des réflexes, des paroles, des regards, des modes de pensée pernicieux subsistent, engendrant des violences et des dérives.

Nous pourrions revenir sur quelques phrases assassines que beaucoup de femmes ont pu entendre au moins une fois dans leurs vies : «Je ne t’invite pas ou je ne te cède pas ma place car quand on veut l’égalité, on assume…».

A croire qu’exiger l’égalité, c’est renoncer au savoir-vivre, à la galanterie, comme si pour nous punir certains hommes devaient chasser toutes formes de générosité et de politesse de leur cœur. Une féministe n’a pas pour vocation à devenir un homme ou à prendre sa place, elle souhaite juste une égalité des droits et le respect qui incombe à sa personne.

Ensuite, il y a des phrases d’un autre niveau qui concernent les femmes violées ou les femmes qui s’habillent de manière sexy : «Si elle a été violée, c’est qu’elle l’a bien cherché… » ; «Regarde comme elle s’habille, faut pas qu’elle se plaigne si elle se fait violer.»

Le paradoxe du mâle frustré

Encore une fois, il y a une volonté de culpabilisation effrayante à l’égard des femmes. La jupe, la tenue ou le rouge à lèvre de cette dame qui marche en talons aiguille à 3h00 du matin, ne sont pas une provocation. Elle devient une provocation pour celui qui dans son esprit nourrit des idées malsaines.

Le problème n’est pas la tenue des femmes mais ce que l’homme se met à penser, à imaginer et à s’autoriser. Pourtant, il suffirait juste de détourner le regard pour les plus pudiques. Tout le paradoxe est là : celui qui insulte, menace veut coucher avec celle qui suscite tant de haine et de frustration.

Ces femmes ne sont des trainées uniquement pour celui qui a un schéma de la femme idéale, différenciant celle qui mérite le respect de la maitresse (pour ne pas écrire un autre mot). Enfin, cerise sur le gâteau, la phrase d’un monsieur qui attendait en caisse. Il refusa de laisser passer une dame enceinte jusqu’au coup : «Ce n’est pas une maladie d’être enceinte, vous pouvez bien attendre».

Les icônes féminines du monothéisme

Tant que les femmes entendront ce genre propos, résidus nauséabonds d’une société considérée comme foncièrement machiste, la violence à leur égard continuera. Frapper, tuer, violer, agresser une femme c’est toucher au fondement même de la société humaine.

Pour ceux qui prétendent adorer Dieu, mais qui cachent leur misogynie et leur machisme primaire derrière des traditions archaïques, ont-ils oublié la place qu’occupe Marie dans le christianisme ? Ne savent-ils pas que le paradis en islam se trouve sous les pieds d’une mère ? Ne comprennent-ils pas le rôle de Sarah auprès d’Abraham ?

Des textes qui érigent au rang de reine, d’icône, de figure protectrice, de matriarche, de précieuse conseillère, de guide, de salvatrice, des femmes dont le portrait, au fil des siècles, a été relégué au second rang. Notre rôle a chacun, dans toutes les strates de la société, est de faire évoluer les consciences pour éradiquer ce fléau, qui n’est autre qu’une peur irrationnelle de la femme, exploitée par les hommes pour légitimer leur pouvoir.

Pouvoir si cher à l’homme, source de tous les conflits dans le monde. Toutes les femmes du monde gouvernent à leur manière. Toutefois, la volonté de domination n’est pas une finalité dans la vie d’une femme.

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Sarajevo l’Ottomane, ou la grandeur d’une cité musulmane d’Europe

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Le 2 février dernier, le pape François a annoncé qu’il se rendrait à Sarajevo le 6 juin prochain afin d’y prêcher la paix et le dialogue interreligieux. La capitale de la Bosnie-Herzégovine est souvent réduite à son statut récent de ville martyre du conflit des Balkans. 

Sarajevo a pourtant été, sous la bannière de l’islam, une des cités les plus prospères d’Europe du Sud. Son âge d’or, qui s’étend sur près de deux cents ans, du XVIe au XVIIe siècle, correspond à la période d’extension maximale de l’Empire ottoman dans les Balkans et en Europe du Sud-Est, mais aussi, plus généralement, à l’apogée de la Sublime porte.

Dans le pachalik (province) de Bosnie comme ailleurs, la pax ottomana et le développement de l’agriculture, de l’artisanat et du commerce sont facteurs de prospérité : on assiste alors à un développement des villes, dont notamment celle de Sarajevo, capitale de 1463 à 1583 et de 1851 à 1878.

Dans sa célèbre relation de voyage initulée Seyahatnâme, le grand voyageur ottoman Evliya Çelebi, qui vécut au XVIIe siècle, écrit : «De toutes les cités [de l’Empire] dont le nom contient le mot sarây [palais], Sarajevo est la plus développée, la plus prospère, la plus belle.»

La ville, fondée par les Ottomans au milieu du XVe siècle, porte en effet un nom turc : Saray Ovasi, «Palais de la plaine».

De par sa position stratégique, elle avait vocation à servir de base arrière pour la conquête de la région (Bosnie, Herzégovine, Serbie, Dalmatie, Croatie, etc.).

La Byzance de l’Islam

Les débuts sont modestes, avec, vers 1460, le palais du gouverneur et une mosquée en bois. Puis ce sera un pont enjambant la Miljacka, la rivière qui traverse la ville, un caravansérail, un bedesten (marché couvert), un hammam, quelques maisons, des boutiques, un moulin…

C’est ce premier noyau urbain autour de la résidence de ‘Isa Beg, deuxième gouverneur en titre du sandjak de Bosnie, qu’on appellera Saray Ovasi.

Deux siècles plus tard, Çelebi évoque 400 quartiers (mahalles), 17.000 maisons, 77 mosquées – dont la mosquée impériale Careva dzamija édifiée en 1566 sur ordre de Soliman le Magnifique –, 100 mesjids, des institutions éducatives religieuses en grand nombre (du mektep à la medrese), 47 couvents soufis (tekke), une église catholique, une église orthodoxe, une synagogue, une bibliothèque, 110 fontaines publiques, 5 hammams, 720 bains privés, 76 moulins, 23 auberges (khans), 1080 boutiques abritées dans des bedesten, 7 ponts, ainsi que, fait exceptionnel pour l’époque, une tour horloge…

Les gouverneurs ottomans qui se sont succédé auront eu en effet à cœur d’embellir Sarajevo, la couvrant d’équipements urbains et de monuments.

Une Cité d'islam aux mille lumières

Ils ont ainsi privilégié le développement de l’activité économique : l’agriculture, l’industrie de l’armement, et le commerce.

Ce dernier pôle était favorisé par la position stratégique de la ville, située sur une route de caravanes qui partait d’Istanbul et de Salonique en direction des marchés de l’Ouest de l’Europe.

La prospérité de Sarajevo attirera ainsi une population toujours plus nombreuse : aux musulmans autochtones (Slaves convertis) se joindront des Ottomans – civils et militaires, marchands, artisans, cadres religieux et administratifs, etc. – venus des différentes provinces de l’Empire et appartenant aux ethnies les plus diverses.

De même aux chrétiens autochtones, essentiellement orthodoxes, se joindront, vers le milieu du XVIIe siècle, des catholiques originaires de Raguse en Italie.

Une communauté juive s’était par ailleurs constituée un siècle plus tôt, qui a vu ses rangs grossir avec l’afflux de réfugiés expulsés d’Espagne et du Portugal.

Cité brillante, Sarajevo donnera enfin à la littérature européenne d’Islam deux grands auteurs : Mehmed Nergisi (m. 1635) et Hasan Ka’imi (m. 1690).

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Le gouvernement veut réorganiser l'islam de France

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cfcm

Le gouvernement va créer une instance de dialogue pour combler les faiblesses du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance représentant les musulmans de France qui n'a jamais réussi à s'imposer vraiment depuis sa création en 2003.

La Rédaction avec Reuters

Il s'agit d'un élément clé du plan destiné à favoriser le dialogue avec l'islam, la sécurité des musulmans et la formation de leurs représentants qui a été présenté mercredi en conseil des ministres, un mois et demi après les attentats de Paris.

Des propositions visant à élargir la représentativité des organisations musulmanes devront émerger de cette consultation avant le ramadan, autour du 17 juin, précise-t-on au ministère de l'Intérieur.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé que cette instance de dialogue se réunirait deux fois par an autour du Premier ministre "pour discuter de questions très concrètes", et que le CFCM resterait la pierre angulaire du dispositif.

"Il y aura dans cette instance de dialogue bien entendu le CFCM (...) et il y aura également des représentants des conseils régionaux des cultes musulmans, des imams représentatifs d'un islam modéré, et un certain nombre de personnalités", a-t-il dit à l'issue du conseil des ministres.

Prié dans Le Monde paru mercredi de dire s'il se démarquait de l'expression "islamo-fascisme" utilisée par Manuel Valls, Bernard Cazeneuve explique que le Premier ministre a voulu "dénoncer le dévoiement de l'islam" par "une poignée de barbares".

Mais il a souhaité que l'on cesse de faire de chaque sujet en France "une occasion d'hystérie collective" et invite à une "parole publique millimétrée, précise, apaisante" sur l'islam.

"Il ne s'agit pas d'une reprise en main, l'Etat est seulement à l'initiative", ajoute-t-on dans l'entourage du ministre.

Formations civiques et civils

Le CFCM intervient dans les relations avec le pouvoir politique français, dans la construction des mosquées, dans le marché des aliments halal, dans la formation de certains imams et dans le développement de représentations musulmanes dans les prisons et dans l'armée française.

Cette instance créée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur n'a jamais trouvé son rythme de croisière, les différentes fédérations et nationalités qui la composent ayant des difficultés à s'entendre.

Pour s'assurer que les imams, qui ont "un rôle fondamental à jouer" pour répondre au défi du radicalisme d'une partie des jeunes musulmans, notamment dans les prisons, l'Etat va les inciter à suivre des formations civiques et civiles dans les universités qui leur offriront en outre des débouchés.

Il n'est cependant pas question de toucher à la loi de 1905 qui sépare l'État et la religion. Cette formation sera donc facultative et n'abordera pas les questions théologiques de la deuxième religion de France, sauf pour les aumôniers des prisons et de l'armée qui devront avoir les diplômes en question.

Le gouvernement veut aussi inciter plus d'établissements d'enseignement musulmans à être sous le régime du contrat avec l'Etat. Parallèlement, la trentaine d'écoles confessionnelles musulmanes hors contrats verront leurs contrôles renforcés.

Il entend favoriser le développement de la recherche sur l'islam de France et développer un outil de promotion, d'où la relance d'un projet de fondation lancé en 2005 et resté lettre morte.

Le gouvernement s'est également engagé à renforcer la sécurité des lieux musulmans, autant d'actes islamophobes ayant été commis depuis les attentats de janvier que pendant toute l'année 2014.

D'ores et déjà, un millier de lieux de culte musulmans bénéficient d'une protection et des fonds seront débloqués pour développer les éléments de sécurisation, comme la vidéosurveillance. 

Le CCIF déplore une mauvaise communication du gouvernement

Suite au déclaration du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, le mercredi 25 février, le Collectif Contre l'Islamophopie en France (CCIF) a réagit à ces propos :

"Alors même que nous faisons face à un contexte de recrudescence des actes islamophobes exponentielle, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve a préféré orienter sa déclaration de ce Mercredi 25 février sur l'organisation de l' Islam de France.

Face à cette hystérie collective qui gangrène davantage notre pays depuis les événements tragiques de janvier dernier, le CCIF déplore que B. Cazeneuve n’ait pas saisi l’urgence de prendre des mesures significatives contre la série de violences islamophobes sans précédent qui touche les citoyens de confession musulmane.

Le CCIF s’étonne que B. Cazeneuve s’attache plutôt à rappeler, sur un ton péremptoire, que « les lois de la République (…) et l’application extrêmement stricte et rigoureuse des règles de la laïcité » ne sauraient tolérer aucune «concession» ni «faiblesse» quand il s’agirait d’insister fortement sur la stricte neutralité de l’état et le principe d’égalité de tous face à la loi qui sont 2 conditions sine qua non du respect de la République.

Le CCIF note la « volonté de la République de vouloir accueillir en son sein tous ces enfants (…) de faire prévaloir les principes d’apaisement, de concorde et de fraternité républicaines ». Encore faudrait-il que le gouvernement veille à ce que ces valeurs républicaines soient une réalité dans la vie quotidienne de nos concitoyens musulmans."

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Nice : condamnés à la prison pour avoir crié «Allah Akbar»

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apologie de terrorisme

Un mois jour pour jour après leur interpellation, le tribunal correctionnel de Nice a condamné, mercredi 18 février, trois individus à de la prison ferme et un à de la prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables «d’apologie d’actes de terrorisme», en marge d’un rassemblement contre l’islamophobie tenu dans la ville.

Les prévenus ont été considérés comme des provocateurs par les forces de l’ordre après avoir «vociféré des discours en langue arabe», en criant notamment à plusieurs reprises l'expression «Allah Akbar» (ou «Allahou Akbar» pour «Dieu est le plus grand») devant les policiers. «Allahou Akbar est une belle phrase. Elle est légitime dans la communion religieuse, au sortir d'une mosquée ou d'une fête. Dans le contexte qui est le nôtre, ce n'est plus un cri de paix, c'est un cri de guerre ce 18 janvier ! C'est de l'apologie de terrorisme», a estimé le procureur, dans des propos que rapporte Metronews.

Des militants antisionistes dans la ligne de mire

«L'apologie suppose une intention volontaire de promouvoir un acte de terrorisme. Quel est le lien ? L'expression "Allahou akbar" ?», a réagi Me Sefen Guez Guez, l'avocat de deux des prévenus. Les quatre hommes, âgés de 30 à 40 ans, ont été condamnés à des peines de six mois de prison avec sursis à deux ans de prison dont un avec sursis, assorti d’un stage de citoyenneté. Certains avaient déjà été condamnés pour des violences et des vols. L’individu le plus lourdement condamné était également poursuivi pour incitation à la haine pour avoir affirmé sur Facebook que Mohamed Merah n’avait pas existé, et en raison de la création de la page «La Palestine a besoin de nous». Il y appelait notamment à la constitution d’une « milice antisioniste et anti-islamophobie », dont les membres devaient se prévaloir d’« une très bonne condition physique, une pratique régulière des arts martiaux ou de la musculation, un historique des bastons vécues». La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s’étaient constitués partie civile.

En partenariat avecSaphirnews

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Le parlement autrichien adopte une "loi sur l'islam", les Turcs contestent

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 Le Parlement autrichien a adopté mercredi une "loi sur l'Islam" qui interdit aux organisations musulmanes de recevoir des aides financières étrangères et impose aux instances représentatives de fournir et d'utiliser une version standardisée du coran en langue allemande.

 

"Nous voulons un islam à caractère autrichien et non pas dominé par d'autres pays", a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration, Sebastian Kurz, qui, à 28 ans, est la personnalité politique la plus appréciée.

Le texte, soutenu par la conférence épiscopale autrichienne, n'a guère suscité de débat au sein d'une opinion très largement catholique. L'IGGiO (Islamische Glaubensgemeinschaft in Österreich), principale organisation musulmane autrichienne, l'a quant à elle accepté à contre-coeur, mais sa branche jeunesse l'a rejeté, tout comme l'Union turco-islamique d'Autriche, qui dépend de fonds turcs.

"Avec ce projet de loi, la liberté de culte va faire un bon de cent ans en arrière", avait auparavant estimé Mehmet Gormez, président des Affaires religieuses de Turquie, organisme qui finance une bonne partie des activités musulmanes autrichiennes.

Les musulmans autrichiens, pour la plupart originaires de Turquie, représentent 6% de la population.

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Espérons en confiance

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Cazeneuve

Dans cette tribune du chroniqueur Jean-Michel Cros, la question de la cohérence de la politique du gouvernement menée sur l'islam est posée.  

L'actualité autour de la question musulmane est bouillante : on ne compte plus les moulinettes à idées qui nous entourent subitement : il faut agir, agir et encore agir ! Alors on agit... dans le désordre. En 2009, j'avais écrit un article intitulé «l'islam français n'existe pas», dans lequel je déplorais l'attitude de bien de pouvoirs publics locaux à l'égard des CRCM, l'intervention des pouvoirs publics tant français qu'étrangers dans les processus électoraux, dans lequel je me demandait si ces responsables se prenaient «peut-être à rêver d’être les Bugeaud du XXIe siècle, se contentant d’éliminer politiquement ceux qu’ils ne peuvent plus enfumer dans les cavernes ? Elle aurait pour conséquence de laisser face à face, par exemple, les groupes salafistes avec les pouvoirs publics. Je doute fort que les pompiers incendiaires des grandes manœuvres politico-consulaires aient bien mesuré les conséquences de leurs interventions brouillonnes.» L'actualité serait-elle en train de me donner raison ? Laissons d'autres en juger...

L'Etat va-t-il subventionner le culte ?

Soyons positifs : il est envisagé tout d'abord d'étendre à l'islam «l'instance Matignon», inaugurée alors par Lionel Jospin, le Premier ministre et les ministres concernés recevant une fois par an les plus hauts responsables de l'Église catholique. On peut espérer que cela se fera, car cela ne coûte rien et n'engage à rien. Il semble hélas que la réflexion ait peu progressé sur les autres sujets. On parle aujourd'hui, à nouveau, afin de régler les problèmes de (re)créer une «Fondation pour les œuvres de l'islam de France», réactivant celle initiée par Dominique de Villepin, qui n'a jamais fonctionné, faute d'entente entre les membres du CFCM. d'une part, faute de moyens d'autre part. Peut-on envisager que dans une République laïque, comme aime à le rappeler l'homme à la cravate grise, l'Etat se mette à subventionner un culte ? J'en doute... Il va donc falloir accepter les financements étrangers: notre bouillant Premier ministre y est-il prêt pour l'islam (même si juridiquement rien ne s'y oppose) ?

La misère de l'université française

Je pose cette question car les financement étrangers, curieusement, ne semblent soulever de questions qu'à propos de cette religion et jamais à propos des autres confessions qui y ont largement  recours. Bref, il semble que nous nagions sur ce point en pleine confusion... Va-t-on réformer le CFCM ? Je ne vois rien qui se dessine en ce sens. L'équation est simple: cette instance est issue mécaniquement des grandes fédérations musulmanes toutes influencées par un pays étranger chacune (à l'exception notable de l'UOIF. qui n'est attachée à aucun en particulier) : pour que le CFCM ait du pouvoir, il faudrait que ces fédérations, donc les Etats étrangers, en abandonnent. Y sont-ils prêts ? Nous ne semblons pas là non plus en prendre le chemin. Si l'on ajoute que, quand il était ministre de l'Intérieur, Manuel Valls avait plutôt délaissé ce dossier, les solutions ne sont pas là non plus à notre portée. Le gouvernement chercherait aussi à développer la recherche universitaire et toutes les initiatives qui contribueraient à offrir aux citoyens français, croyants ou non, une meilleure connaissance de la deuxième religion de France. Tout le monde connaît la misère de l'Université aujourd'hui; voici des années, nous avons été nombreux à nous former dans ces matières : quels ont été les débouchés ?

Des cours de religion en Alsace

Pour la plupart de mes condisciples, ces formations n'ont débouché que sur le vide, la suspicion d'éventuels employeurs, et l'abandon de leurs illusions. Je peux compter sur les doigts de la main ceux qui, comme moi, ont pu continuer dans cette voie, même par des chemins détournés. Par ailleurs, depuis des années, nous sommes plusieurs, musulmans ou non, à demander qu'en Alsace, où les cours de religion sont obligatoire, qu'un enseignement de l'islam soit dispensé dans ce cadre, qui le permet. Je ne vois rien de précis là non plus... En  2009, je concluais mon article par ces mots : "Et lorsque nous ferons alors le bilan de cet épisode, nous conclurons avec le général de Gaulle «qu’il n’y a eu là (...) rien que de médiocre et de subalterne»." J'ai peur d'avoir eu raison jusqu'à ce jour. Je veux néanmoins continuer à espérer car le sursaut qui a eu lieu au mois de janvier me paraît somme toute positif. L'islam de France sera l'affaire de tous, y compris des non musulmans, et il faudra bien que musulmans et non musulmans finissent par le comprendre et l'accepter.

 

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Liberté, responsabilité, autonomie : l'humanisme en Islam (IXe au XIIe siècle)

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Réalisme, goût de l’observation, souci de la vérification, dénonciation des vices courants, mais aussi idéalisme et contemplation des valeurs de la Sagesse éternelle. L’expérience humaniste développe ainsi, du IXe au XIIe siècle, au sein d’une conception religieuse, islamique du monde, la philosophie, la littérature, l’histoire, la géographie humaine… Et fait apparaître un homme nouveau, soucieux d’autonomie et de discernement libre dans l’exercice de ses responsabilités, qu'elles soient morales, civiques ou intellectuelles.

Les éditions Albin Michel viennent de faire paraître Pourquoi lire les philosophes arabes, un essai de Ali Benmakhlouf, professeur à l’université de Paris-Est. L’ouvrage, souligne l’éditeur, retrace «le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité […] où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe.» Il souligne enfin le rôle des philosophes arabes dans la formation de la pensée européenne, et plus généralement celui des savants d’Islam dans l’éclosion de la Renaissance. L’Occident développera alors un humanisme durable, qui aboutira, deux siècles plus tard, aux Lumières, à la Révolution française, aux Droits de l’homme… L’humanisme est un mouvement qui met au centre de ses préoccupations l’Homme. Il valorise la liberté, l’esprit rationnel et la quête permanente de la vérité et du savoir. Ainsi, en Islam, l’expérience humaniste fait-elle apparaître un sujet humain soucieux d’autonomie, de discernement libre dans l’exercice des responsabilités morales, civiques et intellectuelles.

Les cinq caractéristiques de l'humanisme musulman

Bien que des plus fécondes, cette expérience a été limitée dans le temps : du IXe au XIIe siècle environ (avant de renaître au XIXe siècle). Mais surtout, elle est fort méconnue. Comme est généralement méconnu le fait que l’humanisme s’est toujours développé au sein de la pensée religieuse (qu’il ne quittera qu’assez tard en Occident). Chez des auteurs tels que Tawhîdî, Abu al-Hasan al-‘Âmirî ou les Ikhwân as-Safâ’, on trouve aussi bien le réalisme, le goût de l’observation, le souci de la vérification, la dénonciation des vices courants, que l’idéalisme et la contemplation des valeurs de la Sagesse éternelle. Autrement dit, il s’agit d’un humanisme pour qui l’homme doit se réaliser tant dans sa dimension verticale (dans son rapport à Dieu) que dans sa dimension horizontale (en tant qu’humain). Ce mouvement possède cinq caractéristiques majeures, comme le souligne Mohamed Arkoun, qui a consacré deux ouvrages à la question : i) une ouverture aux sciences profanes dites rationnelles (al-‘ulûm al-‘aqliyya), ouverture qui est limitée, non par des a priori dogmatiques, mais par les besoins concrets de la société ; – ii) une rationalisation des phénomènes religieux et parareligieux (superstition) ; – iii) une attention prioritaire accordée aux problèmes éthico-politiques (devoirs du prince) ; – iv) un développement de la curiosité scientifique et du sens critique qui entraînent une nouvelle organisation du savoir ; – v) des valeurs esthétiques (littérature, musique, architecture, mobilier, etc.). Dans ce parcours historique précoce, à rebours de celui de l’Europe, la génération de Miskawayh et Tawhîdî (950-1020) sera particulièrement active, développant, au sein d’une conception religieuse, islamique du monde, la philosophie, la littérature, l’histoire, la géographie humaine…

La contribution des chrétiens et des juifs

A l’origine du phénomène, plusieurs facteurs. Tout d’abord, sur le plan politique, l’existence de pouvoirs forts mais morcelés, d’Etats prospères mais rivaux, va favoriser la compétition intellectuelle (tout comme le pluralisme doctrinal et culturel) : émirs bouyides à Bagdad, Fatimides dans le Maghreb central, califat omeyyade en Espagne. Sur le plan économique, la classe marchande connaît un essor exceptionnel au Xe siècle : de la Chine aux Pyrénées, des voyageurs humanistes consignent des connaissances sur des pays, des peuples et des cultures. Sur le plan social, la classe des secrétaires d’administration (kuttâb) – des intellectuels, des lettrés soutenus par des mécènes riches et puissants –, sont les maîtres d’œuvre d’un humanisme séculier. Il se verra renforcé sur le plan culturel par l’avancée de la philosophie et de la science grecques. A ce mouvement, participent également des chrétiens comme Yahyà Ibn ‘Adî (m. 974), et des juifs comme Mûsà Ibn Maymûn/Maïmonide (m. 1204), autres humanistes arabes et savants d’Islam.

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Le gouvernement français veut doubler les formations sur l'islam

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Le Premier Ministre, Manuel Valls, a annoncé mardi le doublement de l'offre de formation sur l'islam avant la fin de l'année" pour lutter contre les interventions étrangères dans l'enseignement de la religion musulmane en France..

Le Premier Ministre, Manuel Valls, a annoncé mardi le doublement de l'offre de formation sur l'islam avant la fin de l'année" pour lutter contre les interventions étrangères dans l'enseignement de la religion musulmane en France.

"Il n'y aura pas de loi, il n'y aura pas de décret, il n'y aura pas de circulaire pour dire ce que doit être l'islam", a-t-il dit lors d'une visite à l'université de Strasbourg, où cette formation est assurée. "Il n'y aura pas de tutelle, pas de privilège particulier. Jamais l'Etat ne prendra le contrôle d'une religion ou d'un culte."

Mais cette "neutralité" de l'Etat n'est pas "une raison pour n'avoir rien à dire, pour n'avoir aucune réponse à apporter à nos compatriotes, à nos concitoyens de confession musulmane qui s'inquiètent des interventions étrangères", a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a rappelé que certains responsables religieux, notamment les aumôniers et imams, devraient à l'avenir avoir suivi une formation pour pouvoir exercer selon le plan adopté le 25 février par le conseil des ministres dans la foulée des attentats de janvier.

Ces formations doivent notamment s'inspirer des cursus interdisciplinaires proposés à Strasbourg, qui compte trois parcours universitaires en lien avec les religions. En 2011, un diplôme universitaire de droit, société et pluralité était la première formation de ce type dans une université publique.

Sarkozy au CFCM

Nicolas Sarkozy a pour sa part déjeuné mardi à la Mosquée de Paris avec les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), avec qui il a discuté de "la compatibilité de la République et de l'islam".

"Nous nous retrouverons pour une journée de travail et nous essaierons de sortir un texte commun pour régler cette question dans l'apaisement", a indiqué le président de l'UMP à l'issue de cette rencontre.

Ces propositions devraient nourrir la "grande consultation" annoncée par le gouvernement pour réformer le CFCM, l'instance représentant les musulmans de France qui n'a jamais réussi à s'imposer vraiment depuis sa création en 2003.

Il s'agit d'un élément clé du plan destiné à favoriser le dialogue avec l'islam, la sécurité des musulmans et la formation de leurs représentants qui a été présenté mercredi en conseil des ministres, un mois et demi après les attentats de Paris.

Des propositions visant à élargir et diversifier la composition du CFCM devront émerger de cette consultation avant le ramadan, autour du 17 juin

Le CFCM intervient dans les relations avec le pouvoir politique français, dans la construction des mosquées, dans le marché des aliments halal, dans la formation de certains imams et dans le développement de représentations musulmanes dans les prisons et dans l'armée française.

Cette instance créée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur n'a jamais trouvé son rythme de croisière, les différentes fédérations et nationalités qui la composent ayant des difficultés à s'entendre.

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