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A la Mosquée de Paris, Sarkozy discute de "la compatibilité de la République et de l'islam"

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CFCM

Le Premier Ministre, Manuel Valls, a annoncé mardi le doublement de l'offre de formation sur l'islam avant la fin de l'année" pour lutter contre les interventions étrangères dans l'enseignement de la religion musulmane en France. "Il n'y aura pas de loi, il n'y aura pas de décret, il n'y aura pas de circulaire pour dire ce que doit être l'islam", a-t-il dit lors d'une visite à l'université de Strasbourg, où cette formation est assurée.

Le Premier Ministre, Manuel Valls, a annoncé mardi le doublement de l'offre de formation sur l'islam avant la fin de l'année" pour lutter contre les interventions étrangères dans l'enseignement de la religion musulmane en France.

"Il n'y aura pas de loi, il n'y aura pas de décret, il n'y aura pas de circulaire pour dire ce que doit être l'islam", a-t-il dit lors d'une visite à l'université de Strasbourg, où cette formation est assurée. "Il n'y aura pas de tutelle, pas de privilège particulier. Jamais l'Etat ne prendra le contrôle d'une religion ou d'un culte."

Mais cette "neutralité" de l'Etat n'est pas "une raison pour n'avoir rien à dire, pour n'avoir aucune réponse à apporter à nos compatriotes, à nos concitoyens de confession musulmane qui s'inquiètent des interventions étrangères", a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a rappelé que certains responsables religieux, notamment les aumôniers et imams, devraient à l'avenir avoir suivi une formation pour pouvoir exercer selon le plan adopté le 25 février par le conseil des ministres dans la foulée des attentats de janvier.

Ces formations doivent notamment s'inspirer des cursus interdisciplinaires proposés à Strasbourg, qui compte trois parcours universitaires en lien avec les religions. En 2011, un diplôme universitaire de droit, société et pluralité était la première formation de ce type dans une université publique.

Sarkozy au CFCM

Nicolas Sarkozy a pour sa part déjeuné mardi à la Mosquée de Paris avec les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), avec qui il a discuté de "la compatibilité de la République et de l'islam".

"Nous nous retrouverons pour une journée de travail et nous essaierons de sortir un texte commun pour régler cette question dans l'apaisement", a indiqué le président de l'UMP à l'issue de cette rencontre.

Ces propositions devraient nourrir la "grande consultation" annoncée par le gouvernement pour réformer le CFCM, l'instance représentant les musulmans de France qui n'a jamais réussi à s'imposer vraiment depuis sa création en 2003.

Il s'agit d'un élément clé du plan destiné à favoriser le dialogue avec l'islam, la sécurité des musulmans et la formation de leurs représentants qui a été présenté mercredi en conseil des ministres, un mois et demi après les attentats de Paris.

Des propositions visant à élargir et diversifier la composition du CFCM devront émerger de cette consultation avant le ramadan, autour du 17 juin

Le CFCM intervient dans les relations avec le pouvoir politique français, dans la construction des mosquées, dans le marché des aliments halal, dans la formation de certains imams et dans le développement de représentations musulmanes dans les prisons et dans l'armée française.

Cette instance créée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur n'a jamais trouvé son rythme de croisière, les différentes fédérations et nationalités qui la composent ayant des difficultés à s'entendre.

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L'agenda culturel du 6 au 12 mars

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Concert | Les airs andalous— Conférence | La péninsule arabique à la veille de la révélation coranique—  Conte | Le Nuage amoureux, de Nâzim Hikmet— Documentaire | Route 181— Table ronde | Islam, politique et laïcité 

 

Concert | Les airs andalous Un concert de musique arabo-andalouse, avec, en première partie, Sogol Mirzaei, qui, à travers son instrument, le târ, fera découvrir la musique traditionnelle persane. Le 7 mars à 20h30 École normale de musique 78, rue Cardinet 75017 Paris

Conférence | La péninsule arabique à la veille de la révélation coranique Un panorama général de l’Arabie aux VIe et VIIe siècles et de son contexte social, politique et religieux. Par Ghaleb Bencheikh, présentateur de l’émission Islam sur France 2. Le 6 mars à 18h30 IMA Nord-Pas de Calais 65, rue de l’Union 59200 Tourcoing

Conte | Le Nuage amoureux, de Nâzim Hikmet Une histoire de résistance, celle d’Aiché, une jeune fille tendre aux yeux pers et aux cheveux de soie, contre Seyfi le Noir. Celui-ci a décidé de posséder tout dans son pays même la belle Aiché. Aiché sera sauvée par l’amour d’un nuage... A partir de 7 ans. Le 12 mars à 20h30 Maison d’Europe et d’Orient 3, passage Hennel 75012 Paris

Documentaire | Route 181 Sous-titré «fragments d’un voyage en Palestine-Israël», ce road-movie documentaire parcourt un pays morcelé, couturé, défiguré : la Palestine historique en 2012. Le Palestinien Michel Khleifi et l’Israélien Eyal Sivan filment des colons et des indigènes dans un pays sous occupation (documentaire, France/Belgique/Allemagne, 2003, 4h30, VOSTF). Le 7 mars à 12h00 Confluences 190, boulevard de Charonne 75020 Paris

Table ronde | Islam, politique et laïcité La laïcité est-elle pensable ? Comprendre l’articulation du religieux et du politique dans la philosophie et la pensée islamiques à partir de la lecture d’al-Farabi, de Ferdowsi et d’Ali Abd al-Raziq. Avec Omar Merzoug (Institut al-Ghazali), Maryse Emel (Lycée Jacques Brel) et Youssouf Sangaré (université de Strasbourg). Sur inscription : maryse.emel@yahoo.fr. Le 7 mars à 10h00 Lycée Henri IV 23, rue Clovis 75005 Paris

 

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Farid Abdelkrim : «C'est en sortant des Frères musulmans que je me suis trouvé»

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Écrivain et ancien membre de l'Union des organisation islamiques de France, Farid Abdelkrim décrit au vitriol dans son livre Pourquoi j'ai cessé d'être islamiste (éditions Les points sur les i) les rouages d'une organisation hyper-centralisée, peu ouverte aux débats et adepte de l'hégémonie. Dans un entretien qui fait suite à une vidéo exclusive de Zaman France, il évoque les leçons qu'il tire de ce parcours mouvementé.

Vous évoquez assez peu les aspects positifs de votre militantisme au sein de l'UOIF. N'y en a-t-il eu aucun ?

C'est un aspect qui peut de prime abord paraître absent du livre. Mais la vérité est que quand j'ai intégré la structure des Frères musulmans et que j'ai prêté allégeance, je me suis retrouvé extrêmement seul au sein de la structure, sur un plan psychologique et culturel. La fracture a commencé très tôt. Quand on s'est rendu compte que les jeunes musulmans étaient en demande de connaissance de l'islam, on a demandé au département de l'éducation de l'UOIF de nous faire un programme en français. Ils n'ont pas pu le faire. Le jour où nous l'avons fait, ils nous ont dit "vous arrêtez tout, ce n'est pas à vous de le faire". Puisqu'on vous a déchargé, qu'est-ce qui vous pose problème ? On nous a signifié par là que tout ce qui touche à l'éducation religieuse, vous n'y touchez pas, vous n'êtes pas légitimes pour le faire. Il y a donc une solitude que je vais trimbaler plusieurs années. Mais je parle dans le livre des grandes choses que nous avons réalisé avec JMF. Parmi les choses positives, je me suis retrouvé dans une structure où il a fallu que je me trouve. C'est en sortant de la confrérie des Frères musulmans que je me suis trouvé, en partie. Il me reste encore du chemin à parcourir.

Dans le collimateur de Farid Abdelkrim, les responsables de l'Union des organisations islamiques de France accusés d'avoir sacrifié toute une génération de militants francophones.

La communauté musulmane française, dans sa diversité, connaît actuellement toute une série de challenges. Quels sont selon vous les défis qu'elle doit relever ?

Ce que je souhaite dire aux musulmans de ce pays : cessez de penser que le monde est binaire. Ce fameux Nous contre Eux, qui fait que l'incompatibilité semble la seule option pour tout le monde. J'ai beaucoup souffert de cette réalité. Aujourd'hui je ne reconnais qu'une seule communauté, c'est la communauté nationale. Il serait bien que l’État français fasse de même. Si l'on arrive à s'emparer de ce message, les choses avancerons. L'islam reste pour moi une religion de paix, de partage, de solidarité. Ce n'est pas un bouclier identitaire. Il faut se débarrasser de toutes ces revendications faites au nom de l'islam. Je pense qu'énormément d'individus peuvent se retrouver autour de valeurs universelles pour combattre toute une série d'inégalités et d'injustice. Les défis pour moi sont, pour reprendre le titre d'un ouvrage d’Éric Geoffroy, L'islam sera spirituel ou ne sera plus. Cette interrogation doit nous interpeller. Cette religion a toujours su s'adapter en tous lieux et tous temps parce qu'elle est porteuse d'un message spirituel, universel très fort. Peu de musulmans sont à la hauteur de ce message spirituel. Mon souhait est de voir des jeunes profondément ancrés dans cette tradition religieuse et ouverts sur le monde. Pas d'enfermement et pas de superficialité. Que nous apprenions les uns et les autres à débattre même si nous ne sommes pas d'accord. L'entre soi est en train de miner notre société. Contrairement à ce que peuvent penser les gens, je n'aime pas les embrouilles.

Ce livre est votre quatrième ouvrage. Vous y parlez de votre enfance et de votre parcours personnel. Est-ce un livre autobiographique ? Diriez-vous qu'il s'agit d'une confession ?

Une autobiographie, peut-être pas. Plutôt le récit d'un itinéraire pour pouvoir prétendre à une place au sein de l'histoire de ce pays. Les mots s'envolent, les écrits restent. Ce livre participe de l'histoire d'un enfant fils de la République, nés de parents algériens. La France doit s'emparer de ce type de récit car je ne suis pas un individu à part mais un citoyen français. Confession ? Il y a un peu de cela même si en tant que musulman, si je dois me confesser c'est à Dieu. Je n'ai pas besoin d'intermédiaire.

Discours à la tribune de la Rencontre annuelle des musulmans de France de l'ancien président de l'UOIF, Ahmed Jaballah.

C'est aussi une occasion de partager avec les non musulmans cette idée simple à évoquer mais au combien compliqué quand il s'agit de se l'appliquer à soi-même : et si on s'était trompé d'approche de l'islam ? Le discours des orateurs de l'UOIF est dogmatique. Il n'y a pas de place à la réflexion et à la remise en question. Il n'y a pas d'éloge de la perplexité qui permettrait à l'individu de vivre cette tension qui l'élèverait vers Dieu. La certitude, toujours la certitude : quant on sait que ce n'est pas le cas, cela peut faire beaucoup de dégâts. Un récit, un itinéraire, quelques réflexions et beaucoup de questions.

Vous évoquez dans le livre votre fibre artistique et la manière dont elle a été étouffée par un milieu ultra-conservateur plutôt hostile à la musique et au spectacle...

Voilà le problème qu'a posé l'islamisme. On ne vous intègre pas tels que vous êtes. On vous invite à vous débarrasser de tout ce qui fait votre individualité et votre personnalité. Quand j'ai annoncé au groupe de rythm' and blues dans lequel je participais que j'arrêtais la musique parce que j'étais devenu musulman pratiquant, ils n'ont pas compris. L'un d'eux m'a dit : "Comment une religion peut-elle interdire la musique". Vous êtes donc amené à évoluer en taisant en vous ce qui fait partie de vous. C'est très préjudiciable, alors même que je devais supporter parfois des gens qui chantaient très mal les chants religieux (anasheeds). La créativité artistique n'existe pas. Certains disent : il faut penser l'alternative mais sans copier l'Occident. Ce n'est pas une réponse. J'ai envie de leur dire : laissez nous créer et produire artistiquement parlant. Cette réappropriation de la parole s'est faite naturellement et pas dans un souci de vengeance. Je suis arrivé à un moment où je n'avais plus rien à dire aux gens. On me proposait d'intervenir mais j'étais frappé de mutisme. Je suis épaté de voir certains personnes qui ont toujours quelque chose à dire. J'ai mis en place un stand-up pour commencer : "Je vous déclare la paix", avec cette idée de créer un débat derrière. On peut être musulman pratiquant, j'ai cessé d'être islamiste mais pas d'être musulman pratiquant, et avoir de l'humour, envie de chanter et avoir des références musicales. Il ne faut pas renier tout cela. Il faut plutôt faire un travail de réconciliation.

 

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Top 20 des prénoms musulmans populaires en France

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bébé prénoms musulmans

Chaque année, le livre L’Officiel des prénoms (éditions First) établit le classement des prénoms les plus populaires ces dernières années en France.

Quand arrive la question fatidique du prénom, il est souvent difficile de faire le bon choix surtout si l’on souhaite qu'il ne pose pas de problème au niveau du sens ou de la prononciation.

Le choix se porte d'ailleurs souvent sur des prénoms en rapport avec nos origines ou avec des connotations spirituelles.

La dernier volume de L’Officiel des prénoms nous livres les dernières tendances et les tops des prénoms les plus populaires en France en 2014, dont le top des prénoms arabo-musulmans les plus utilisés en France.

Comparé aux prénoms de l’année 2013, les prénoms de l’année passée n’ont pas beaucoup changé si ce n’est l’entrée de Manel, Maryam et Naïla dans le top 20 féminin et de Mehdi, Adem, Nassim et Imran dans le top 20 masculin.

Ce palmarès des prénoms, classés sous le nom de «prénoms arabes», regroupe les prénoms particulièrement répandus dans les communautés musulmanes francophones.

Le livre précise que certains prénoms multiculturels (Adam, Rayan, Soan, Lina, Lila, Maya, Sofia) ont également été inclus même s’ils ne présentent pas nécessairement une identité arabe prépondérante.

La place des prénoms turcs en France

Moins populaires que les prénoms orthographiés avec leur prononciation arabe, les prénoms turcs trouvent quand même leur place dans le classement français.

Le prénom "Mohamed" est dans le top 50 alors que "Muhammed" tel qu'il est orthographié par les turcs est dans le Top 600. 

Ainsi d'autres prénoms auront également un classement différent en fonction de leur orthographe : Ayse - Top 2000 / Aïcha - Top 200 Esma - Top 500 / Asma - Top 300 ; Leyla- Top 500 / Leïla - Top 200 ; Meryem- Top 500 / Maryam- Top 200 ; Zeynep - Top 700 / Zineb - Top 600.

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Ces femmes érudites qui ont marqué l'islam de leur empreinte

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Sadia Saifuddin

Omar Mahassine est imam et animateur du blog Une foi, une éthique, un engagement. Dans un texte s'appuyant sur les sources historiques reconnues par les autorités religieuses de l'islam, il retrace le parcours des femmes qui ont durablement et définitivement contribué à l'édification du savoir dans la civilisation islamique. Une réalité historique encore largement ignorée du public.

 

Dans un contexte où l’islamophobie bat son plein et où les femmes musulmanes se retrouvent au milieu de débats passionnels, certaines voix s’élèvent pour  interdire l’accès à l’université, l’accès au savoir et à l’émancipation à cause du voile.

Disons-le sans ambiguïtés : dans le monde musulman aujourd’hui, les femmes musulmanes sont infériorisées, opprimées, marginalisées et répudiées au nom de l’islam. Pourtant, l’islam n’établit aucunement une hiérarchie entre les sexes.

Alors, la question se pose de manière insistante : est-ce que les textes fondateurs de l’islam, en l’occurrence le Coran et la Sunna confirment l’oppression des femmes ? Ou bien est-ce la lecture misogyne qui en est faite, qui est responsable de l’infantilisation  des femmes ?

Des coutumes rétrogrades ont reléguées les femmes au stade de mineures ignorantes et dociles en leur interdisant l’accès à l’instruction et en leur refusant le droit d’aller à la mosquée.

La contribution décisive des femmes

Pour autant, le message de l’islam,  depuis sa première révélation, a conjugué à la fois la libération spirituelle et la libération sociale des hommes et des femmes afin de les sortir du carcan de l’ignorance et leur ouvrir les horizons du savoir. Le savoir est une quête qui incombe au croyant (e) de rechercher tout au long de la vie.

A Istanbul, un forum de débats sur le thème de la paix organisé par des intervenantes féminines.

En se penchant sur l’histoire du monde musulman, nous découvrons l’apport scientifique auxquelles des femmes musulmanes ont contribué. Les historiens ont consacré des ouvrages aux éminentes figures féminines qui se sont illustrées dans le domaine des sciences du hadith, du fiqh (droit et jurisprudence musulmane), de l’exégèse, des lettres et de la poésie. Al-Hafid Ibn Hajar, dans son recueil « Al Içâba fi tamyiz aççahaba » rapporte la biographie de 1543 femmes, dont des savantes certifiées, des docteurs de la loi et des  femmes de lettres.

De même, l’historien As-Sakhawy a recensé  plus de 1000 savantes distinguées dans son ouvrage intitulé «Ad- daw’e allami3 li ahli al qarn attasi» (Le rayon doré de l’élite du 9e siècle). Et bien d’autres qui ont consacré des ouvrages aux femmes ayant brillé dans différents domaines scientifiques tels que l’imam An-Nawawi, Al Khatîb Al-Baghdâdi dans son livre «l’histoire de Baghdad», ou encore Omar Réda Kahala dans son «Dictionnaire des femmes savantes célèbres». Dans son ouvrage de référence «At-Tabaqat Al-Kobra», Ibn Sa’âd consacre une section entière aux femmes savantes.

Aïcha, la patronne des juristes

Depuis la période du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui), les femmes ont toujours manifesté une soif de s’instruire, d’aller à la quête du savoir et d’exceller dans les disciplines qu’elles pratiquaient. L’épouse du Prophète Aïcha, est l’une des figures les plus importantes dans les sciences des hadiths, non seulement en terme de transmission d’un grand nombre de hadiths,  consignés dans le recueil Sahih Al-Boukhari, mais également l’une des interprètes les plus consultées.

Aïcha, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d’histoire. Urwa Ibn Az-Zoubeir rapporte : «Jamais je n’ai vu personne de plus instruit en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha». 

Le long des siècles, de nombreuses femmes se sont distinguées en tant que références dans plusieurs domaines du savoir, et étaient  consultées par les étudiant-e-s dans les plus grandes mosquées et universités.

Contentons-nous de mentionner quelques noms célèbres de femmes savantes en islam :

Oum Adardaa : (décédée en 81 H/700) était considérée comme la référence dans les sciences des hadiths et sa notoriété dépassait celle de célèbres savants tels Al-Hassan Al-Basri ou Ibn Sirine. Oum Adardaa enseignait les sciences des hadiths et le Fiqh (droit musulman) dans les mosquées aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Fatima fille de Hussein, fils de Ali : était l’une des femmes les plus savantes, et les plus pieuses de son temps, si bien qu’elle était prise par Ibn Ishâq et Ibn Hicham comme référence pour la rédaction de la biographie du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui).

Sayyida Nafissa fille d’Al-Hassan : (née à La Mecque en 145/762) était formée auprès de l’imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Elle s’est établie en Egypte, et a créé un cercle académique qui attirait des sommités religieuses de la stature de l’Imam Chafiî, qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion.

Zaynab fille de Abass : originaire de Bagdad, fréquentait les assises de savoir de cheikh al-islam Ibn Taymia et était reconnue pour ses connaissances en Fiqh.

Chahda fille d’Al Abari : était une agrégée des sciences du hadith ; plusieurs ulémas de la stature d’Ibn Al Jaouzi et d’Ibn Qudama l’ont eue comme professeure.

Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn : était une savante mais aussi une bienfaitrice, elle a construit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au 3ie  siècle de l’hégire. La mosquée faisait office d’université, la première du genre dans le monde musulman.

De grands savants musulmans ont été formés par des femmes savantes tels que l’Imam Ibn Hajr, formé avec cinquante de ses compagnons à l’école de Aïcha Al-Hanbaliya et celle de Zaineb. L’exégète As-Suyuti, avait comme professeur de Fiqh chafiîte Hajar bint Mohamed.  

L’historien Ibn ‘Asaker avait été initié auprès de 1200 savants et 80 savantes. De même que Al-‘Asqalani, Az-Zamakhchary ou encore Ibn Hazm.

En France, la volonté d'interdire le voile à l'université a divisé les politiques.

La sclérose culturelle des musulmans

Les exemples foisonnent de brillantes femmes savantes,  qui ont déclenchés une vraie dynamique d’acquisition de savoirs et de sagesses,  de contributions aux différents champs de la science. Aujourd’hui, la réalité dans le monde musulman est toute autre, la femme a tout simplement été reléguée en arrière plan, et doit se faire de plus en plus discrète et invisible. Les lectures sclérosées de l’islam et les coutumes aberrantes, qui ont marginalisé la femme, portent une grande part de responsabilité dans la décadence du monde musulman.

Après ce petit voyage dans l’histoire des femmes savantes dans le monde musulman, certes non exhaustive, il apparaît fondamental de sortir du cloisonnement idéologique dans lequel l’actualité immédiate nous enferme.

Et où les femmes musulmanes «soumises et stupides» devraient soit se justifier, ou bien s’excuser d’être ce qu’elles sont, tout simplement des femmes.

Il semble donc important d’aller voir aux sources du message et faire l’effort de comprendre comment des femmes ont pu interpréter leur renaissance à la lumière de leur foi.

Cette contribution n’est qu’une petite ébauche d’un travail qui mérite d’être approfondie, loin de toutes querelles partisanes.

 

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L’entrée dans le politique par l’identité musulmane : un pari à haut risque

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Houellebecq soumission

Saïd Daoui est titulaire d'une maîtrise de Science politique à l'université de Bordeaux IV et d'un master à l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence. Il a notamment travaillé sur le passage au politique des musulmans de France et sur les mouvements de démocratisation en Egypte. Dans une analyse exclusive, il met en lien les raisons et les limites de l'engagement citoyen accompli publiquement au non de l'islam, comme le retrait récent de l'Union des démocrates musulmans de France l'illustre.

Dans un contexte politique qui ne cesse de se cristalliser autour de questions identitaires, beaucoup parmi les citoyens de confession musulmane cherchent malgré tout à s’insérer, par des moyens divers, dans le politique. Cette notion dépasse la seule sphère de la confrontation partisane classique ; elle englobe l’entrée symbolique dans le champ de l’appartenance à une collectivité nationale et au partage d’une communauté de destin ainsi que la participation aux débats s’y afférant.

Après être passés par une phase de revendication de leur citoyenneté, ces musulmans, parmi les sphères pratiquantes, souhaitent entrer de manière pleine et entière dans l’ordre politique symbolique par une participation active. Cette participation prend différentes formes (associations, création de structures politiques ad hoc, engagement politique partisan…).

Le point commun de toutes ces initiatives est qu’elles se font à partir de l’identité musulmane des acteurs. Ces derniers misent effectivement sur leur identité religieuse pour opérer cette entrée dans le politique.

L’analyse plus approfondie de ce choix semble aujourd’hui nécessaire tant la visibilité musulmane est désormais devenue une variable d’ajustement de l’échiquier politique.

Le passage de l’identité ethnique à l’identité religieuse

L'Union des démocrates musulmans de France s'est retiré des élections départementales après une campagne négativement médiatisée.

Pendant longtemps et dans une certaine mesure aujourd’hui encore, les musulmans engagés dans le domaine associatif s’évertuaient à entrer dans le politique par la revendication de leur citoyenneté. Cette phase était elle-même la prolongation des actions des « premières générations » de musulmans socialisés en France des années 70 et 80.

Cette mobilisation d’alors portait essentiellement sur le droit à la différence sous couvert de revendications basées sur des valeurs universelles (lutte contre le racisme, pour l'égalité…). Ici l’origine arabe ou africaine était mise en avant plutôt que l’appartenance religieuse. L’égalité était déjà revendiquée à travers la reconnaissance des différences ethniques issues des différentes immigrations essentiellement maghrébines.

Par la suite, à partir des années 90, les actions ou discours publics des militants, mettent désormais en avant leur engagement religieux plutôt que leur origine ethnique. Ce passage de la mise en avant de l’identité religieuse au détriment de l’origine arabe ou africaine s’explique en partie par la fin de non recevoir assénée aux revendications des militants par les autorités publiques de l’époque et à la récupération politique dont le mouvement a fait l’objet.

Ces nouveaux militants s’évertuent bien souvent à mettre en avant la possible conciliation de leur identité musulmane avec une totale appartenance à la communauté nationale. Leur démarche citoyenne se fait même au nom de leur engagement religieux.

Aucune contradiction n’est perçue, à leurs yeux, entre la foi musulmane, souvent dépeinte négativement par une partie du corps social (en fait, une partie des médias et du personnel politique), et une visibilité politique affichée et assumée. Nous ne sommes pas à proprement parler face à un phénomène communautariste car il n’y a là aucune volonté de se couper du reste du corps social ni de se penser hors de celui-ci.

Au contraire, c’est l’inclusion dans la société qui est revendiquée mais en limitant les concessions en terme identitaire. Les individus ne voyant plus aucune contre-indication à la reconnaissance de leur identité par la société politique puisqu’ils se considèrent eux-mêmes comme Français à part entière.

Toutefois, le caractère communautaire est patent dans cette démarche. Il est même question d’expliquer que la citoyenneté des musulmans trouverait ses fondements dans les principes éthiques de la foi musulmane. « Un bon musulman ne peut être qu’un bon citoyen », est-il courant d’entendre dans le discours des partisans de cette posture. L’identité religieuse semble donc déterminante dans la représentation du politique.

Autrement dit, l'Islam, par son système de valeurs, présenté par les acteurs comme universel, devient le catalyseur des choix politiques et de la teneur de l'engagement. Ce schéma de pensée est encore en vigueur aujourd’hui chez bon nombre d’acteurs musulmans dans les sphères pratiquantes.

Des objectifs inconciliables ?

Dans les faits, les individus engagés dans ces mobilisations sont inévitablement confrontés à une dualité d’objectifs : la recherche de l’entrée pleine et entière dans le corps politique tout en réclamant la reconnaissance d’un « nous » identitaire ou communautaire. Cette dualité peut être interprétée comme contradictoire.

Autrement dit, comment revendiquer, de façon collective, l’appartenance à la citoyenneté dans une société où le primat de l’individu est érigé en principe fondateur ? Rappelons que l’idéal sur lequel se fonde la société politique française est celui de l’adhésion de l’individu à des valeurs républicaines communes ; idéal s’opposant de fait à la juxtaposition d’individus aux identités particulières, conformément à une conception rousseauiste qui décrit des individus abstraits ayant fait le choix de vivre ensemble.

Le cadre laïque dans lequel les acteurs musulmans essaient de se frayer un chemin est également à prendre en considération. Dans sa conception profonde et conceptuelle, la laïcité promeut l’émancipation de l’individu de tout déterminisme religieux qui lui dicterait mécaniquement une posture politique ; la loi de Séparation de 1905 cherchant à prémunir la société politique de toute implication et de tout militantisme directs d’une Eglise (à l’origine catholique).

L'élection à Mante-la-Ville du maire FN Cyril Nauth a été perçu comme un électrochoc auprès de la communauté musulmane.

Les musulmans qui mettent en avant leur appartenance à l’islam pour effectuer cette entrée dans le politique diffusent alors, malgré les réelles bonnes intentions, un discours inaudible aux résultats inverses à ceux escomptés : leur action est considérée comme le signe d’un communautarisme exacerbée.

Des réactions hostiles de la société prennent de l’ampleur. L’incompréhension mutuelle également. C’est ce qui va nourrir des ressentiments au sein d’une partie des musulmans engagés ; ancrant ainsi l’idée que « la France » ne souhaite pas la reconnaissance de sa réalité musulmane.

Les exemples sont nombreux. On peut citer celui de la participation massive d’une association étudiante d’obédience musulmane en 2002 aux élections estudiantines. L’association Etudiants Musulmans de France (EMF) s’était effectivement présentée aux élections étudiantes (CROUS) et avait créé la sensation avec des scores élevés (jusqu’à 11 élus à travers le pays) permettant ainsi son entrée aux instances nationales du CNOUS.

Il s’agissait de la première association musulmane à siéger dans des organes officiels de la République. La structure considérait alors la référence au terme "musulmans" de l'intitulé de l'association sous son aspect culturel et comme la référence à une éthique ; les activités de la structure s’adressaient d’ailleurs à toute la population étudiante sans distinction.

La réelle ouverture à la société était belle et bien présente mais elle se faisait sous l’égide d’une identité religieuse. Cet engagement a provoqué un véritable tollé médiatique et politique tant il était considéré comme l’expression d’un communautarisme exacerbé et la mise en péril du projet républicain…

En réalité, c’est la reconnaissance d’une identité qui était recherchée. La normalisation du fait musulman était effectivement le but escompté à travers l’investissement public d’une structure « identitairement » connotée afin de « démystifier » une confession objet de stigmatisation. Il était davantage question de voir une identité trouver une place positive et valorisée dans l’ordre symbolique du pays que de réussir ces élections estudiantines.

La réaction hostile du reste de la société n’a fait qu’accentuer une frustration de ne pas « ressentir » son identité trouver une place digne au sein de la collectivité nationale. Nous avions là une illustration de la dissonance qui peut survenir entre les aspirations des musulmans et le reste de la société. Cet exemple illustre également la portée éminemment psychologique que revêt l’engagement public de beaucoup d’acteurs musulmans : la recherche de reconnaissance.

Il n’est pas rare non plus d’entendre ou de lire des personnalités ou structures musulmanes qui appellent les fidèles à se mobiliser politiquement (par le biais des élections notamment) à l’aune de leur identité musulmane.

Là aussi, l’intention et la volonté sont sincères de décloisonner politiquement les musulmans. Mais une nouvelle fois, le discours et la stratégie des acteurs sont en déphasage avec les codes culturels ambiants car cela est perçu comme la preuve d’un communautarisme rampant.

L’identité musulmane comme clé d’entrée dans le politique et ses conséquences

On le voit, la question porte en filigrane sur la pertinence de la mise en avant de son appartenance religieuse pour revendiquer son entrée dans le politique ainsi que sa citoyenneté pleine et entière.

Le pari implicite ainsi fait se résume en la croyance que l’appartenance aux valeurs musulmanes est suffisamment déterminante et puissante pour permettre une entrée dans le politique. Le marqueur identitaire serait ainsi à même d’édicter une posture politique et permettrait de mobiliser autour de lui.

Les musulmans engagés sur le terrain public (associatif, politique, social…) gagneraient à interroger leurs pratiques et leurs discours. Au vu du contexte socio-historique dans lequel agissent les acteurs musulmans, placer au centre de son action publique une identité religieuse alimente une hostilité dans le reste du corps social et politique.

Cette hostilité peut être plus ou moins instrumentalisée mais il n’empêche que la posture de certains acteurs musulmans pose légitimement question. En effet, les musulmans adoptant une telle posture se placent irrémédiablement en marge du système profondément sécularisé. C’est d’ailleurs ainsi que sont rendues possibles toutes les manipulations de tout ordre.

On l’a vu notamment lors des débats autour de la « théorie du genre » avec l’émergence tonitruante d’une personne, au discours radical, alors méconnue dans les milieux pratiquants. Farida Belghoul, malgré sa très faible notoriété dans les milieux pratiquants, a en effet réussi à capter une grande et éphémère audience au sein de ceux-ci en surfant sur la fibre identitaire.

Elle a recentré son discours sur la donne musulmane pour emporter l’adhésion des fidèles sur sa critique radicale et globale du système éducatif. Une récupération politique s’est également opérée lors des alliances, en apparence contre-nature, entre des musulmans et les milieux chrétiens traditionalistes intégristes.

Cela a renforcé la marginalisation symbolique des musulmans car ils ont préféré une contestation radicale et frontale plutôt que chercher à faire entendre leurs voix par les canaux politiques classiques sur le terrain citoyen.

L’interpellation des élus ou même du ministre de l’Education ou encore une présence régulière et constructive dans les instances des établissements scolaires et parascolaires (association de parents d’élèves, conseils d’école…) n’ont pas été les modes opératoires préconisés.

L'islam et la présence musulmane sur le territoire français sont régulièrement stigmatisés par l'extrême-droite.

Dès lors, les musulmans sont cantonnés à la justification permanente de leur attachement aux valeurs républicaines ou alors, lorsque la frustration est grande, à critiquer avec virulence ces mêmes valeurs dont ils se sentent exclus. Le PIR (Parti des Indigènes de la République) est symptomatique de cette frustration extrême. Il juge le système républicain comme « ontologiquement » réfractaire à l’inclusion des musulmans en son sein.

Ce mouvement né des espoirs déçus de reconnaissance et d’ascension sociale a également opéré un re-calibrage de son discours pour capter un auditoire dans les quartiers populaires, autour de l’identité musulmane alors que ses soubassements idéologiques relèvent de l’extrême gauche areligieuse.

Les musulmans jouent ainsi le rôle de repoussoirs et donnent ainsi raison aux partisans d’un discours alarmiste sur le prétendu communautarisme des musulmans. Cette réalité aboutit à la relégation des musulmans hors du champ politique et social. Cela se traduit notamment lors des échéances électorales pendant lesquelles les musulmans sont transformés en enjeu.

Leur champ d’action se limite ainsi à la politique du choix électoral du « moins pire » ou alors dans le rejet en bloc de toutes les parties en présence sous le prétexte de la stigmatisation qu’ils exercent à l’endroit des musulmans. Par ailleurs, par effet miroir, tous les discours identitaires fermés d’une partie de la société française sont alimentés par la perception négative de l’attitude des musulmans.

Pour un passage au politique redéfini

Soyons clairs, les Français accordant une importance à leur identité religieuse musulmane ne sont pas totalement responsables des discours hostiles quant à leur présence ou du climat politique dégradé ; il n’empêche qu’ils ne peuvent faire l’économie d’être à l’écoute de leur environnement et d’adopter les codes culturels et politiques les plus adéquats pour faciliter leur insertion dans le politique.

Ainsi, le passage au politique des musulmans français n'appelle donc pas à une disparition totale d'une "identité" faisant référence à un univers culturel et religieux perçu comme exogène, mais plutôt à un remodelage de celle-ci dans son expression pour prendre sa place dans le paysage socio-politique.

En d’autres termes, il n’est nullement question de la négation ou à la disparition de l’identité musulmane pour pouvoir se « fondre » dans la communauté nationale. Il s’agit de débarrasser les discours publics d’une référence quasi-systématique à une identité religieuse pour qui veut entrer pleinement dans le politique.

Le passage au politique des citoyens de confession musulmane s’enrichirait à ne plus être connecté de façon aussi linéaire à leur identité religieuse. Un travail d’universalisation des référents musulmans (justice, liberté, équité, éthique…) reste encore à développer pour les traduire de manière intelligible dans l’ordre politique français.

Cela encouragera l’émergence de postures politiques les plus diverses, en fonction d’une multitude de variables dont la référence stricto sensu aux valeurs religieuses sera une composante avec d’autres (trajectoire sociale, position sociale, âge…)6. Il ne s’agit pas en effet de laisser penser que l’islam est producteur direct d’une vision politique déterminée.

D’ailleurs, les mouvements avec pour principal vecteur de mobilisation l’identité musulmane sont rarement dans une dynamique de propositions pour une réforme sociale ou sociétale. Ils sont essentiellement dans la contestation et/ou la revendication.

L’étude approfondie des processus d’entrée dans le politique des autres communautés religieuses (chrétiennes et juives), notamment après l’étendue de la sécularisation à toutes les sphères publiques de la société, pourrait démontrer que seule une complexification des discours et des modes opératoires leur a permis de trouver une place équilibrée.

Encore faut-il que les différents organes influents de la République (partis politiques, autorités locales et nationales…) facilitent cette insertion dans le politique en évitant des raccourcis dans l’analyse ou la stigmatisation. Et ce, afin d’éviter d’accroître le sentiment de frustration au sein des communautés musulmanes et la pression sociale et politique qu’elles subissent indéniablement.

Soldat montant la garde à proximité d'un lieu de culte musulman. La tension et l'inquiétude dans les mosquées étaient palpable après la série d'attentats du mois de janvier à Paris.

Une vision héritée du monde arabe et musulman inadéquate

Cette collusion linéaire entre l’identité religieuse et les représentations politiques est directement héritée des pays à majorité musulmane. Elle a été importée par des individus politiquement et religieusement formés dans les pays arabes, venus dans les années 70 et 80 pour finir leurs études en France ou fuyant la répression des dictatures régnant dans leurs pays.

A travers les structures associatives et mosquées qu’ils ont créées, ils ont formé les générations musulmanes nées et socialisées en France, leur transmettant cette vision du politique. Si la production d’une représentation du politique à partir de l’identité religieuse musulmane a été prépondérante à une époque donnée et sous une aire culturelle particulière (les pays à majorité musulmane), les citoyens français de confession musulmane sont amenés à dépasser cette vision importée inappropriée.

En effet, cette vision trouve racine dans un contexte de dépossession culturelle et politique née de la colonisation. Le refuge derrière l’identité musulmane comme élément mobilisateur et « civilisationnel » a permis de recréer un récit national audible pour les populations anciennement colonisées.

La référence apologétique de la civilisation musulmane, pendant son apogée, a été un des moyens pour valoriser l’identité musulmane. Seul un « retour aux sources » identitaires (en rejetant massivement l’influence occidentale liée à la colonisation) permettrait, selon ce discours, de restaurer une dignité perdue mais aussi et surtout un projet de société.

Autrement dit, en renouant avec cette identité perdue et agressée par le projet colonial, il serait possible de mettre sur pied une dynamique civilisationnelle. Si ce mécanisme a été (et est encore à certains égards) un puissant et efficace vecteur de mobilisation, force est de reconnaître qu’il est en perte de vitesse dans le monde arabe et musulman.

D’ailleurs, les mouvements politiques plaçant au centre de leur discours les valeurs islamiques ne sont aujourd’hui plus en position de force, surtout après les désillusions du « Printemps arabe » ; après avoir longtemps cherché à mobiliser politiquement sur la seule fibre identitaire, cela ne suffit plus face à la complexité des nouvelles réalités d’un monde changeant. Les échecs politiques et électoraux relatifs des partis à référence islamique dans les pays arabes démontrent cet état de fait.

D’évidence, la réalité des musulmans français est bien différente. Le pari est particulièrement risqué pour eux d’opérer cette entrée dans le politique selon un modèle importé ne correspondant en rien à l’histoire du pays. Ils peuvent d’ailleurs ouvrir la voie aux pays de l’autre rive de la Méditerranée en articulant un nouveau paradigme de passage au politique. Ils apporteront la preuve qu’il est possible d’avoir un engagement séculier tout en restant fidèle à ses valeurs profondes en passant d’un discours religieux à un langage universel. Une étude plus approfondie sur les contours de cet engagement séculier reste à mener par les intellectuels et penseurs musulmans.

Le défi est majeur pour qui aspire à un apaisement des tensions et des incompréhensions entre les citoyens de confession musulmane et la République. Cette dernière peut faciliter l’entrée pleine et entière des premiers dans le politique en réaffirmant avec force qu’ils sont totalement partie intégrante du récit national et en veillant à lutter contre la diffusion de discours clairement hostiles (et parfois belliqueux) envers la présence et la visibilité musulmanes.

Les musulmans, surtout dans les sphères pratiquantes, ont à relever le défi de trouver les formes d’une implication intelligente en harmonie avec le contexte socio-historique de leur pays.

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Forte hausse dans la vente des livres sur l'islam

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Depuis les attentats de janvier 2015, le Coran et les livres qui traitent de l'islam voient une nette augmentation de leurs ventes en librairie et sur Internet.

Sur les sites de vente en ligne tels que Amazon ou Fnac, les livres qui traitent de la religion musulmane se voit propulser en top des ventes dans la catégorie «Religion». 

Sur le site de la Fnac, douze livres en rapport avec l'islam se retrouvent dans le top 20 des ventes. Parmi ces livres, Le Saint Coran, mais aussi d'autre publications telles que L'islam pour les nuls de Malcolm Clark et Malek Chebel. 

Sur Amazon, c'est la traduction du Coran de Malek Chebel qui occupe une bonne place dans les plus vendus. 

Témoignant pour Le Figaro, la librairie Sauramps de Montpellier indique que près de 150 Corans ont été vendus depuis les attentats. 

«C'est un phénomène similaire à celui du 11 septembre 2001. La plupart des ventes sont dues à des démarches individuelles dans le but d'en apprendre plus sur les bases mêmes de la religion», explique le gérant.

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Nilüfer Göle : "La laïcité doit être un principe inclusif"

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Nilüfer Göle, professeure turque de sociologie et directrice d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris a accordé une interview à France 3 sur le sujet de la laïcité.

Aux questions de la journaliste, elle explique que le vrai problème de la rencontre de la laïcité avec l'islam réside surtout dans le fait que les sujets tels que le voile, le halal ou l'abattage rituel, deviennent tout de suite des sujets de société.

« Le voile ce n’est pas une question de droit religieux, ça devient tout de suite une question de droit des femmes ou de l'égalité des sexes. Tout de suite, on fait un débat de valeurs et je trouve qu'au fond ce n'est pas ça la laïcité. » assure-t-elle en ajoutant que la laïcité devrait être un principe inclusif et non exclusif.

«La laïcité doit s’adapter aujourd’hui à cette diversité religieuse et culturelle» a-t-elle terminé.

Le 12 mai 2014, Nilüfer Göle avait reçu la Légion d'honneur pour ses contributions dans le domaine de l'islam en Europe et de la modernité alternative.

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Tout ce qu'il faut savoir sur l'islam de France

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islam france

Quels sont les courants de l'islam présents en France ? Quels sont les penseurs les plus influents ? Les figures montantes ? Qu'est-ce qu'une fatwa ? A toutes ces questions et bien d'autres, Zaman France répond dans un dossier exclusif qui dresse un état des lieux de l'islam de France. 

Courants religieux

Salafisme

Courant religieux née en Arabie saoudite. Appelé aussi wahhabisme, du nom de son fondateur Muhammad ibn Abdel-Wahhab (1703-1792), le salafisme est un mouvement orientée autour d'une lecture littéraliste et ultraorthodoxe de l'islam.

Courant le plus dynamique et en expansion mondiale, le salafisme impose une vision de l'islam rigoriste, autour des notions d'interdit (haram) et de licite (halal) et d'une théologie exclusive et minimaliste. Le salafisme est une lecture décontextualisée de l'islam qui ne prend pas ou peu en considération la tradition juridique et historique des écoles malikite, hanafite, chafiite ou hanbalite, se référant directement à l'exemple du Prophète et de ses compagnons.

Plusieurs sensibilités internes ont émergé à l'intérieur de ce mouvement : les salafistes cheikhistes, attachés aux avis des savants officiels de l'islam d'état saoudien ou des pays du Golfe et apolitiques; les salafistes djihadistes, qui s'engagent dans la lutte armée contre l'Occident ou les régimes politiques jugés impies; les salafistes hizbis (de hizb, parti) qui prônent une implication et un rôle politique dans les sociétés musulmanes ou non musulmanes.

Tabligh

Courant piétiste originaire de l'Inde, fondé par Muhammad Ilyas al-Kandhlawi (1885-1944), la jamaat-at-Tabligh (le mouvement pour la transmission du message) est un mouvement missionnaire de l'islam.

Son objectif est uniquement intracommunautaire et ne vise que la prédication des musulmans dans une perspective revivaliste de réislamisation, ritualisée sous la forme du khourouj (la sortie), un voyage prédicatif d'une durée de 40 jours maximum.

Très dynamique dans les années 60, ce mouvement est présent en France et représenté par l'association «Foi et Pratique». Longtemps concurrent du salafisme dans les quartiers populaires français, la jamaat-at-Tabligh est en recul depuis plusieurs années, devancée par le salafisme et son discours plus marqué et identitaire.

Soufisme

Souvent présenté comme la voie intérieure de l'islam, le soufisme est un courant très ancien de l'islam, qui remonte au Prophète lui-même d'après les guides spirituels de cette voie initiatique.

Le soufisme est une pratique austère et ascétique, spirituelle, enseigné dans des tariqas (de tariq, chemin, voie) de diverses traditions (naqshibandis, suleymandje, qadiriyya, chadhiliyya...) implanté dans plusieurs contrées (Afrique du nord et sub-saharienne, monde arabe, Turquie, Iran).

Il s'organise autour de pratiques rituelles tels que le dhikr (évocation de Dieu), le chant religieux ou la danse (derviches tourneurs). Rumi, Ibn 'arabi et Al Ghazali sont les trois figures les plus influentes de ce mouvement.

En France, le soufisme est décentralisé et s'exprime au sein de diverses organisations musulmanes. Le cheikh Khaled Bentounès, de la confrérie soufie Alawiyya et président des Scouts musulmans de France, et le chercheur Eric Geoffroy font partie des figures nationales du soufisme français.  

Ahbaches

Mouvement présent localement dans une vingtaine de lieux de culte musulman en France, les Ahbaches sont présentés comme un groupe sectaire par la plupart de leurs détracteurs qui les accuse d'hétérodoxie dans leur approche de la théologie musulmane. L'organisation tire son nom du cheikh Abdallah ibn Yusuf al-Shibi al-Abdari al-Hirari, un Ethiopien adepte du soufisme et né en 1920.

Dans l’Hexagone, l’Association des projets de bienfaisance islamique en France (A.P.B.I.F.) est le nom officiel du mouvement que le rappeur Kerry James a contribué à faire connaître. Très active à Montpellier, la mouvance des Ahbaches a connu une audience au moment de la publication de l’ouvrage d’Abd as-Samad Moussaoui, frère aîné de Zacarias, jugé dans l’affaire des attentats du 11 septembre 2001.

L’A.P.B.I.F revendique son combat contre les groupes du jihâdisme salafiste et des Frères musulmans. Très discrète dans son fonctionnement, la mouvance des Ahbaches se situe donc au confluent du soufisme et d'une lecture politique d'alignement consensuel avec les autorités politiques.

Frères musulmans

Mouvement politico-religieux né en Egypte et fondé par Hassan al-Banna. Le mouvement des Frères musulmans prône à l'origine la réislamisation par le bas des sociétés musulmanes, dans un contexte de domination culturelle coloniale. Les Frères musulmans sont les principaux représentants de l'islamisme ou islam politique.

Le président Morsi renversé par un coup d'état en Egypte était ainsi issu de cette confrérie. Leur vision de l'islam est globalisante (shumuliyya-l-islam). Après la mort de leur fondateur, ils ont connu une importante croissance internationale.

En France, l'Union des organisations islamiques (UOIF) est la principale organisation issue idéologiquement de ce courant.

Participation et spiritualité musulmane (PSM)

Courant inspiré de la pensée de Abdessalam Yassine, un cheikh marocain fondateur du mouvement islamique al 'adl wal ihsane qui prône un engagement social actif inspiré d'une vision prédicative orientée sur l'éducation, une approche soufie du culte musulman et un retour global aux fondamentaux de l'islam dans les sociétés musulmanes.

PSM fait partie en France de ces associations qui développe un islam citoyen et encourage à la contribution spirituelle et sociale des musulmans de France.

Organisations officielles

Conseil français du culte musulman

Organe national de représentation du culte musulman mis en place sous l'impulsion du gouvernement. Initié en 1999 par les ministres de l'Intérieur socialiste Jean-Pierre Chevènement, et Daniel Vaillant, le CFCM est officiellement crée en 2003, par Nicolas Sarkozy, lui-même ministre de l'Intérieur.

Sa mission est de superviser la gestion et la coordination de la pratique cultuelle de l'islam en France et de constituer un interlocuteur sur le plan national et régional (Conseils régionaux du culte musulman, CRCM). Divisé depuis sa création par des intérêts divergents liés aux Etats étrangers qui administrent ou financent un grand nombre de mosquées, le CFCM n'a jamais pu surmonter ses clivages idéologiques et nationaux.

En 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sous l'impulsion du Premier ministre Manuel Valls, a annoncé une série de mesures destinées à réformer le fonctionnement du CFCM, solutionner son problème de légitimité auprès des fidèles et garantir la transparence de son fonctionnement.

Le CFCM reste auprès d'une large partie des musulmans de France éloigné de leurs considérations quotidiennes et souffre d'un déficit de légitimité.

Grande Mosquée de Paris

L'histoire de la Grande Mosquée de Paris (GMP) est liée à celle de la colonisation. Construite et édifiée en l'hommage des 70 000 soldats de confession musulmane morts pour la France au cours de la Première guerre mondiale, la GMP est inaugurée en 1926 par le président Gaston Doumergue et le sultan du Maroc Moulay Youssef.

La Grande Mosquée de Paris représente en France une tradition de continuité historique et un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Depuis sa fondation, six recteurs ont dirigé la Mosquée de Paris, l’Institut musulman de la Mosquée de Paris (chargé de la certification de la viande halal) et la Société des habous des lieux saints de l’islam.

Si Kaddour Ben Ghabrit (1922-1954), Si Ahmed Ben Ghabrit (1954-1956), Si Hamza Boubakeur (1957-1982), Cheikh Abbas (1982-1989), Tidjani Haddam (1989-1992) et Dalil Boubakeur depuis 1992. La GMP demeure liée financièrement et politiquement à l'Algérie.

Rassemblement des musulmans de France

La principale organisation du culte musulman rattachée au Maroc, au ministère des Habbous qui gère le culte. Le RMF a été créé le 13 janvier 2006, par des transfuges de la Fédération nationale des musulmans de France. Le RMF affirme «contribuer à faire émerger un islam modéré, tolérant et respectueux des lois de la République, un islam du juste milieu».

Il a été présidé successivement par Taoufiq Sebti puis Anouar Kbibech. L'ancien président du CFCM, Mohammed Moussaoui, en est le vice-président. Le RMF est sorti grand gagnant des dernières élections du CFCM en 2011.

L'Union des organisations islamiques de France

La Fédération associative musulmane la plus importante en France avec plus de 300 associations, présentes surtout en province (Lille, Bordeaux, Nantes...), l'UOIF est idéologiquement proche des Frères musulmans, la confrérie fondée par Hassan al-Banna en Egypte.

Créée par des cadres en provenance d'Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie), l'UOIF est à l'origine des plus importantes écoles privées (Averroès à Lille, Al Kindi à Décines) et centre de formation théologique (L'institut de Château-Chignon, l'IESH à Saint-Denis).

Elle réunit chaque année des dizaines de milliers de personnes autour d'un événement organisé au Parc des expositions du Bourget, "La rencontre annuelle des musulmans de France". Malgré cette présence institutionnelle, l'UOIF conserve une image négative auprès des pouvoirs publics, liée à son affiliation présumée aux Frères musulmans.

L'Union des organisations islamiques de France s'est retirée du bureau national du CFCM.

Islam turc

Les associations musulmanes turques sont pour la plupart liées au DITIB, l'organisme d'état turc en France qui gère le culte musulman affilié au Diyanet en Turquie. Trois grandes organisations les représentent.

Le Comité de coordination des musulmans turcs de France qui regroupent la plupart d'entre elles et qui participe au CFCM sous la houlette d’Ahmet Ögras, son président et vice-président du CCMTF. Le Milli Görus (Vision nationale), organisation créée en Turquie par le père de l'islamisme turc Necmettin Erbakan, et qui est très présente sur le territoire français à travers des mosquées et des associations turques.

Le Hizmet est l'autre grande organisation de l'islam turc présente sur le territoire hexagonal. Inspiré des écrits et de la vision religieuse de l'érudit turc Fethullah Gülen, le Hizmet est un mouvement socio-religieux qui promeut la participation civile et citoyenne des musulmans.

Axé sur le dialogue interreligieux (Plateforme de Paris), l'éducation (Etudes Plus, Educactive), le proactivisme économique (Fedif, Proactif), le Hizmet synthétise approche soufie et civisme participatif. L'islam turc est aussi constitué, entre autres, des confréries soufies Naqshibandie et Suleymandje, très présentes également dans les mosquées turques, et des associations alevis.

La Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA)

La FFAIACA est la fédération regroupant les associations afro-musulmanes noire sur des territoires éloignes comme les Antilles, l'Afrique ou les Comores. La FFAIACA est présidée par Assani Fassassi et fait partie du CFCM.

L'UAM 93

L'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis regroupe comme son nom l'indique la plupart des associations musulmanes du premier département de musulmans en France. Non présent au CFCM, l'UAM 93 est en proie à une concurrence et une rivalité avec l'UOIF sur ce département.

Cette organisation privilégie le lobbying auprès des élus de Seine-Saint-Denis, en particulier ceux de droite dont elle est proche politiquement.

La Fédération des chiites de France 

Elle regroupe les associations chiites et les structures affiliées telles que le Centre Zahra et le Parti antisioniste de Yahia Gouasmi.

Très politisée, elle peut être définie comme une forme d’islamisme chiite agencée autour des avis religieux de Khomeyni.

Les relais médiatiques du chiisme en France sont la chaine de télé Sahar TV et la radio franco-iranienne IRIB.

Le chiisme est ultra-minoritaire en France.  

Mouvances et figures nationales

Première figure intellectuelle influente en France, Tariq Ramadan a développé depuis vingt ans un travail de relecture critique des sources musulmanes dans une perspective liée au réformisme islamique qui considère que les lectures historiques de l'islam sont contingentes et participent de l'interprétation et que cette dernière doit être renouvelée à chaque époque.

Partisan d'un engagement citoyen et d'une ouverture des sphères de l'islam savant aux disciplines des sciences humaines, Tariq Ramadan rencontre en France de sérieuses résistances dans les milieux laïcistes de gauche et de droite.

Son discours a également essayé une perte d’influence dans les quartiers populaires où le salafisme a rencontré plus de succès. 

L'autre figure influente de cet islam francophone est Tariq Oubrou, recteur et imam de la Mosquée de Bordeaux, affilié à l'UOIF, bien qu'il soit marginalisé au sein de l'institution.

Tariq Oubrou a inspiré toute une série de cadres associatifs, écrivains, chercheurs de confession musulmane sur sa ligne d'un islam français ancré dans la culture française, concrétisé par une théologie repensée et une lecture contextualisée du fiqh (droit et jurisprudence musulmane) et agencée avec la culture française.

L'association Fils de France présidée par Camel Bechikh, située à droite et prônant un nationalisme réconcilié avec l'islam, se revendique de l'imam de Bordeaux.

Ghaleb Bencheikh diplômé en physique, est l'un des intervenants réguliers sollicités sur les questions de l'islam. Lié à la Mosquée de Paris, Ghaleb Bencheikh prône une refonte de l'islam, l'abrogation des versets coraniques relatifs à la guerre et une approche laïque de la religion qui le rapproche des partisans de l'islam des Lumières. Il fait figure de clerc séculier de l'islam. 

Omero Marongiu-Perria est un sociologue, conférencier et spécialiste des questions de l’islam en France et des problématiques liées à la diversité en entreprise sur lesquelles il travaille. Ancien membre de JMF rattachée à l’UOIF, il a pris ses distances avec l’organisation pour œuvrer en faveur d’une relecture profonde des sources scripturaires de l’islam.

Il s’est notamment illustré par une étude du discours radical des mouvances djihadistes et des mécanismes de recrutement des Français vers les organisations extrémistes. 

Islam des Lumières

Courant intellectuel composé de chercheurs, d'écrivains et de philosophes qui prônent un réformisme séculier de l'islam. Très attaché à l'historicisation des sources musulmanes, ils dénoncent fréquemment la montée du fondamentalisme religieux et de l'islamisme contre lesquels ils opposent une lecture rationnelle, laïque et humaniste de l'islam héritée de l'islamologue Mohamed Arkoun.

Face au défi que certaines pratiques de l'islam contemporain ont posé aux sociétés sécularisées, les partisans de l'islam des lumières prônent généralement leur abandon et une lecture plus philosophique et allégorique du Coran. Des intellectuels comme le psychanalyste Malek Chebel, l'universitaire Rachid Benzine et le philosophe Abdennour Bidar en sont les représentants. 

La galaxie militante

L'islam de France est aussi représenté par une série d'acteurs associatifs très actifs et présent sur le terrain. La montée de l'islamophobie en France a été suivie dès 2003 de la création d'associations comme le Collectif contre l'islamophobie en France, présidée par Samy Debah, représentée au Conseil de l'Europe par Marwan Muhammad et dont la porte-parole actuelle est Elsa Ray.

La Coordination contre le racisme et l'islamophobie est l'autre acteur important engagée contre l'islamophobie. Créée et présidée par Abdelaziz Chaambi, un militant historique, co-fondateur de l'Union des Jeunes Musulmans et du Collectif des Musulmans de France, actif de longue date également sur les sujets liés à la Palestine et l'anti-impérialisme.

 

Les figures montantes

Nabil Ennasri est le président du Collectif des musulmans de France. Spécialisé sur le Qatar, il défend un islam citoyen attaché aux valeurs conservatrices de l'islam (famille, éducation). Militant pro-palestinien, il a aussi été partisan d'un rapprochement avec les milieux traditionnalistes catholiques contre le mariage pour tous et la théorie du genre.

Mohamed Bajrafil est un imam d'origine comorienne qui a oeuvré à la Mosquée d'Ivry-sur-seine. Très populaire, son discours tente de concilier les valeurs traditionnelles de l'islam et une pluralité d'avis juridiques qui permettent de garantir une plus grande diversité des pratiques religieuses.

Rokhaya Dialo est une militante politique antiraciste. Ancienne chroniqueuse à itélé, fondatrice du mouvement des Indivisibles, Rokhaya Dialo n'est pas engagée en tant que telle dans une dynamique confessionnelle musulmane. Elle intervient néanmoins régulièrement sur les sujets sociétaux en lien avec l'islam, l'islamophobie et le rapprochement avec les autres groupes sociaux minoritaires.

 

Hanane Karimi est une chercheuse strasbourgeoise spécialisée sur l'éthique et sur le féminisme. Elle est l'une des représentantes en France du féminisme musulman. Membre du collectif des Femmes dans la mosquée, elle plaide pour une meilleure place accordée aux femmes dans les lieux de culte et contre leur relégation.

Elle travaille également sur les convergences entre courants féministes et sur la question du racisme néocolonial. 

Rachid Abou Houdeyfa est un imam de tendance salafiste. Très actif sur internet, ses interventions, sermons et  conférences sont connues d'un large public. Rachid Abou Houdeyfa représente la nouvelle génération d'intervenants salafistes.

Ultraconservateur et rigoriste, il plaide néanmoins pour la participation citoyenne et le vote des musulmans en France, position peu prisée dans la mouvance salafiste. La plupart de ses interventions sont centrées sur les interdictions, les mises en garde et les recommandations à suivre l'exemple du Prophète dans une lecture littérale propre à ce courant de l'islam. 

Notions clés :

Islam : religion dérivée du terme salam qui signifie paix. L’islam est le nom attribué à la religion monothéiste révélée au Prophète Muhammad au VIIe siècle de notre ère. L’islam est une religion fondée sur deux sources scripturaires : le Coran, parole de Dieu directement révélée sous sa forme littérale par l’entremise de l’archange Gabriel au Prophète et la tradition prophétique (Sunna) constituée par l’ensemble des actes, dires et consentements du Prophète.

Elle s’inscrit dans la tradition des religions révélées dont elle revendique l’héritage et affirme la clôture, l’islam étant dernière révélation et le Prophète sceau de la prophétie. L’islam réaffirme radicalement le caractère unique de Dieu, rejette les notions de filiation christique avec Dieu et se caractérise par son universalisme sans affiliation ethnique.

Elle insiste sur la double importance de la foi en un Dieu unique (Tawhid) et l’importance des œuvres salutaires. Elle enseigne la résurrection des morts précédée de la Fin des Temps et suivie du Jugement dernier où chaque humain se verra attribuée une place définitive au Paradis ou en Enfer.

Charia : terme englobant l’ensemble des règles juridiques, morales et des principes législatifs propre à l’islam, tiré du Coran et de la Sunna à distinguer du fiqh (droit et jurisprudence musulmane) relatif aux avis de savants jurisconsulte appelés muftis et généralement ancré dans l’une des quatre écoles juridiques du monde musulman (malikisme, hanafisme, chafiisme et hanbalisme) .

La notion de charia ne recouvre pas les mêmes significations dans le monde musulman et le monde occidental. Dans ce dernier, charia est synonyme de régime islamique gouverné par des lois violentes et barbares, à l’image des peines et châtiments réservés aux voleurs et aux criminels.

Dans le monde musulman, en particulier chez les adeptes de cette notion et les partis islamistes, charia recouvre un sens de justice et d’équité relatif à la justice divine de la Législation islamique. Certains courants musulmans lui attribuent également un sens plus global, à la fois spirituel et temporel. 

Djihad : notion globale de l’islam signifiant l’effort accomplie dans la voie de Dieu, le djihad peut être rapporté de ce fait à toute action visant à satisfaire Dieu, acte de bien, travail en vue d’acquérir honnêtement un salaire, œuvre caritative.

La tradition prophétique distingue le petit djihad relatif à l’engagement armé dans une bataille juste, du grand djihad qui est le combat contre les passions de l’âme et pour la purification du cœur. En Occident, djihad désigne exclusivement la notion de combat traduit par «guerre sainte», une expression héritée du christianisme des Croisades et tel quel absent des sources scripturaires islamiques, les notions de sainteté et de guerre n’étant pas associées en islam.  

Imam : dans l’islam sunnite, celui qui dirige la prière rituelle, extrait du terme arabe ammama (celui qui se trouve devant). Dans le chiisme, l’imam désigne également celui qui possède légitimement le pouvoir politique à l’instar du califat, comme le désigne le titre attribué au cousin et gendre du Prophète, l’imam Ali dans la tradition chiite. 

Fatwa : avis juridique émis par un savant habilité à le faire (muftis ou mujtahid), une fatwa est une réponse circonstancielle proposée à une question d’ordre sociale (la sphère des mu’amalat) ou rituelle (le domaine des ‘ibadat), généralement liée à l’autorisation, la permission ou l’interdiction.

Le savant qui produit une fatwa le fait au moyen d’un effort intellectuel (ijtihad) d’interprétation des lois islamiques. Une fatwa n’est pas une loi et n’a aucune valeur générale. Comme les termes de charia et de djihad, celui de fatwa revêt en Occident un sens exclusivement péjoratif et négatif. Il est synonyme de condamnation à mort depuis l’affaire Salman Rushdie, un écrivain condamné à mort par une fatwa émise par l’ayatollah Khomeyni, en Iran. 

Sunnisme : courant majoritaire de l’islam mondial, le sunnisme (du terme sunna) se rattache à la tradition prophétique ainsi qu’au legs des quatre califes (successeurs politiques du Prophète) Abu Bakr, Omar, Othman, Ali, au contraire du chiisme.

Le schisme entre sunnisme et chiisme est à l’origine politique et relatif à la succession du Prophète. Tout au long de l’histoire, ce schisme est devenu religieux au travers de l’élaboration par les chiites d’une tradition concurrente. 

Chiisme : deuxième courant important de l’islam, le chiisme est né du conflit de succession consécutif à la mort du Prophète. Les chiites sont les partisans d’Ali, cousin et gendre du Prophète qu’il considère comme le seul successeur légitime du Prophète.

Les chiites estiment que les autres califes ont usurpé leur succession et affirment que celle-ci est le privilège de la famille du Prophète. Le chiisme se divise en plusieurs courants internes (chiisme duodécimain, zaydisme...). Il possède un clergé (mollah, hodjatol-islam, ayatollah) à la différence du sunnisme, et ses propres recueils de ahadiths (propos du Prophète). Il est très présent en Iran, Irak, Liban et de manière moins importante, dans les autres pays musulmans.  

Islamisme : courant de l’islam politique, l’islamisme défend un modèle globalisant de l’islam et une application politique de ses principes. Il comprend différentes mouvances (wahhabites, Frères musulmans, chiites, takfiristes) et diverses approches allant du légalisme démocratique pacifique, à la lutte armée violente pour renverser les régimes déclarés apostats. Les mouvements islamistes ont connu de sévères répressions par les régimes arabes monarchiques ou nationalistes. 

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Traductions du Coran en Occident : des siècles de malveillance

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Traduction anglaise du Coran

Pendant des siècles, la connaissance de l'islam en Europe a été déformée par l'oeuvre de traductions et d'écrits orientés religieusement à des fins de réfutation. Il faudra attendre le siècle des Lumières en France pour connaître la première traduction du Coran établie sur des sources musulmanes.

Le 25 février dernier, le Parlement autrichien a adopté une loi réglementant le culte islamique. Une disposition envisagée dans la première mouture du texte prévoyait d’imposer une traduction officielle du Coran. Elle était destinée, d’après le député Kurs, à éviter les «mauvaises interprétations».

Si elle n’a pas été retenue, force est de constater qu’elle renoue avec une tradition ancienne dont l’Occident chrétien ne s’est émancipé qu’au XXe siècle : celle qui veut que la traduction du Coran soit peu ou prou l’expression de l’idéologie du moment, réduite à elle.

Tout commence au Moyen âge, dans un contexte de lutte contre l’islam. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, charge Robert de Ketton de traduire le Coran en latin. Cette première traduction, qui date de 1142-1143, est en réalité une paraphrase tendancieuse, le texte n’étant qu’un des moyens visant à réfuter l’islam.

«Il faut dire qui fut Mahomet et ce qu'il enseigna, en sorte que ceux qui liront [le Coran] sachent combien sa vie et ses enseignements furent détestables» écrira Pierre le Vénérable, auteur par ailleurs d’un Contre l’entêtement invétéré des Juifs.

Les Lumières et l'islam

La traduction de Robert de Ketton fera autorité des siècles durant. En 1550 encore, une version préfacée par Martin Luther sera publiée par Bibliander. Mais surtout elle servira de base à diverses traductions en langues nationales : la version néerlandaise publiée en 1641 s’appuie sur la traduction allemande de Schweigger, faite à partir de la version italienne d’Arrivabene (1547) qui a pour base la traduction latine de Ketton…

Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que soit effectuée une véritable traduction, à partir du texte original. C’est celle d’André Du Ryer (1647), qui, pour la première fois, rend accessible à un large public (marchands dans le Levant, lettrés curieux de l’Orient, voyageurs) un texte sacré non biblique. Si elle rompt avec la pratique médiévale de la réfutation, elle ne s’inscrit pas moins dans un contexte politico-religieux où l’islam est considéré comme une hérésie. Dans la préface de cet Alcoran de Mahomet, l’auteur ne manque pas en effet de fustiger un «faux Prophète» dont les «absurdités» ont «infecté la meilleure partie du monde»...

Le siècle des Lumières voit la réalisation en 1720 d’une traduction éminemment supérieure, mais qui ne sera jamais publiée. Due à Antoine Galland, le fameux traducteur des Mille et une nuits, elle est animée par un grand souci d’exactitude. Le traducteur s’est notamment aidé d’ouvrages d’exégèse – dont le célèbre Tafsîr al-Jalâlayn– pour éclairer le sens des versets, une première en la matière.

Des traductions coloniales pour connaître l'«ennemi»

Plus généralement, Galland était désireux de faire connaître l’islam sur la base de sources musulmanes. Il envisageait ainsi de faire suivre sa traduction du Coran de la «Profession de foi mahométane écrite par Ghazali», c’est-à-dire la Qudsiyya qui inaugure la monumentale encyclopédie des sciences religieuses (Ihyâ’ ‘ulûm ad-dîn) du théologien musulman.

Mais le contexte politico-religieux français n’était guère propice à la publication d’un ouvrage probablement perçu comme trop favorable aux musulmans, au moment où les déistes des Lumières gagnaient du terrain et où les protestants donnaient de l’islam une image moins négative.

C’est en 1783 que paraîtra une traduction du Coran conforme à la vision déiste des Lumières. Elle est due à Claude-Étienne Savary, pour qui Muhammad, s’il n’est pas un prophète, n’en est pas moins un génie, «un de ces hommes extraordinaires qui paraissent de loin en loin sur la scène du monde pour en changer la face».

En 1841 enfin, paraît la célèbre traduction de Albin de Biberstein-Kazimirski, encore rééditée de nos jours. Commandée par le sinologue Guillaume Pauthier en 1839, soit neuf ans après la conquête de l’Algérie, elle a vocation à servir l’entreprise coloniale. Elle doit en effet permettre, comme il le souligne dans la Préface, de «connaître le caractère arabe et l’énergie fanatique de l’ennemi que nous avons à combattre dans l’Algérie»...

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La gauche et l'islam ont-ils un avenir ?

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islamogauchisme

Ces trois derniers mois, des événements politiques ont remis en lumière en France une alliance entre associations musulmanes et organisations de gauche et d'extrême-gauche, désignée par le terme péjoratif d'islamogauchisme. Ce rapprochement, loin d'être une nouveauté, est un phénomène récurrent dans l'histoire française. A-t-il pour autant une réelle perspective d'avenir ? Quelles sont les modalités de ce rapprochement ? Zaman France revient sur les interrogations soulevées par cette alliance.

Tous ensemble contre l'islamophobie. Depuis décembre 2014, ce slogan s'est durablement installé dans la commune de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Ce fut d'abord un forum contre l'islamophobie organisé à l'université Paris VIII de Saint-Denis. Puis, le 6 mars dernier, un meeting contre l'islamophobie, à la Bourse du Travail, toujours dans la même commune. Ces deux événements ont été organisés par des acteurs associatifs musulmans et des organisations politiques et syndicales de gauche et d'extrême-gauche. ATTAC France, Front thématique antiracisme du Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), PCF (Parti Communiste Français), EELV (Europe Ecologie Les Verts) et bien d'autres associations et intervenants de gauche ont joué le jeu... ou presque.

 

Le revirement des écologistes

Le dernier meeting a, on s'en souvient, divisé les écologistes. Le parti EELV qui avait annoncé sa participation officielle s'est ensuite rétracté au motif que l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et le Parti des Indigènes de la République (PIR) y participaient. Les membres du parti écologiste hostiles à cette participation reprochaient aux associations incriminées d'avoir condamné la marche unitaire du 11 janvier Place de la République pour des prétextes jugés fallacieux, en l'occurrence la présence de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien. Ce premier cafouillage avait été suivi d'une lettre publiée dans le Huffington Post de quatre députés EELV dont Eva Joly dénonçant cette reculade et cet affront de leur parti envers la cause antiraciste. Cette énième bisbille politique soulève une nouvelle fois la question suivante : l'islamogauchisme a-t-il un avenir ?

Meeting du 6 mars contre l'islamophobie, à la Bourse du travail de Saint-Denis. A gauche, Samy Debah, président du Collectif contre l'islamophobie en France. A droite, Ismahane Chouder du Collectif des féministes pour l'égalité à côté du journaliste Alain Gresh.

Qu'est-ce que l'islamogauchisme ?

Au préalable, que désigne l'expression d'islamogauchisme ? Cette notion recensée par Laurent Lévy dans son ouvrage La gauche, les Noirs et les Arabes est définie telle quelle par l'auteur qui rappelle qu'elle a été forgée au moment de l'élaboration de la loi interdisant les signes religieux en 2004 par les partisans de cette loi : «Il est difficile de retracer l’origine de cette nouvelle expression, qui semble avoir été d’abord utilisée par les intégristes laïques de l’UFAL [Union des familles laïques] et de la feuille électronique Res Publica, mais le fait est qu’elle s’est répandue comme une traînée de poudre dans de larges secteurs de la mouvance prohibitionniste, et a été reprise telle quelle par des auteurs aussi divers que Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff ou Caroline Fourest», écrit Laurent Lévy. Pour ses partisans, le sens de cette notion est tout autre : il désigne l'alliance politique des organisations de gauche et des associations musulmanes dans un front commun antiraciste dressé contre l'islamophobie.

L'islamophobie n'en finit pas de diviser la gauche, celle d'EELV notamment. Le consensus idéologique sur ce sujet n'est pas encore d'actualité.

Ne pas confessionnaliser la dynamique

Doctorante en sciences politiques à l'IEP d'Aix-en-Povence, Fatima Khemilat a suivi cette dynamique de rapprochement. Dans un entretien accordé à Zaman France, elle expose néanmoins ses réserves sur la terminologie employée et met en garde contre les raccourcis intellectuels. «Le terme d'islamogauchisme n'a pas de sens et de contenu. Il a, de plus, une connotation très négative. Il représente l'équivalent, à gauche, de l'islamofascisme, à droite». Fatima Khemilat ne voit pas, par ailleurs, dans ce rapprochement de connotation confessionnelle. «La quasi totalité des associations signataires du meeting et du forum contre l'islamophobie sont des associations de terrain très diverses, engagées contre les violences policières, le contrôle au faciès, la lutte contre le racisme. Si beaucoup de leurs militants sont musulmans, les structures ne sont pas religieuses pour autant, excepté l'UOIF ou PSM». La doctorante considère que ces dernières structures sont elles-mêmes engagées comme des acteurs temporels, s'appuyant sur les analyses d'Emile Poulat qui définissait la laïcité comme la séparation temporelle et politique des Eglises et de l'Etat, autrement dit le rôle social et politique des institutions religieuses et non leur dimension spirituelle.

Pour la doctorante en sciences politiques Fatima Khemilat, l'islamogauchisme est un terme connoté, péjoratif et vide de contenu.

Gauche et quartiers populaires : un vieux contentieux

Les précisions terminologiques étant évoquées, la question de l'union conjoncturelle de mouvements issus de la gauche et des quartiers populaires, musulmans ou non, n'est pas en soi nouvelle. Il y eut la douloureuse expérience de la Marche pour l'Egalité, en 1983, récupérée par le Parti socialiste et son association SOS racisme. Vingt ans plus tard, en 2003, l'organisation du Forum social européen, déjà à Saint-Denis, avait scellé le rapprochement de milieux civils et politiques de gauche avec des associations musulmanes. A l'époque, il s'agissait du Collectif des musulmans de France avec la participation de l'intellectuel suisse Tariq Ramadan proche lui-même du journaliste et écrivain du Monde diplomatique, Alain Gresh. Cette association avait été jugée sulfureuse par des milieux laïcistes de la gauche institutionnelle (PS) et très critiquée dans la presse française.

En 1983, une marche nationale était organisée en France pour dénoncer le racisme, l'inégalité, les crimes policiers et pour demander l'égalité entre tous les citoyens.

Une école pour tous et toutes, plate-forme opposée à ce texte de loi et réunissant des partis de gauche, des associations antiracistes et des associations musulmanes comme PSM, EMF et CMF, avait subi les mêmes foudres. Dans la foulée allait naître le Mouvement des Indigènes de la République qui incarnait deux choses : la volonté de dénoncer radicalement la ségrégation faite aux ressortissants français issus de l'immigration post-coloniale et celle de s'émanciper de la tutelle des partis politiques tous bords confondus. De 1983 à 2003, du racisme anti-arabe à l'islamophobie, qui constitue en partie une extension de ce racisme pour Fatima Khemilat, la vague de contestation s'est renouvelée mais le problème demeure.

Le cas Ilham Moussaïd

Quelques années plus tard, c'est au sein du Nouveau parti anticapitaliste que la révolte interne gronda dans les rangs de l'extrême gauche. La candidature de Ilham Moussaïd, militante du NPA portant un bandana, avait semé le trouble au sein d'une famille politique divisée entre ancrage dans les quartiers populaires et positionnement radicalement laïque. Le soutien d'Olivier Besancenot exprimé dans un communiqué ne fut pas du goût de tous. «Le choix du NPA du Vaucluse, après un débat sérieux et complexe, a été d'inclure sur ses listes une de ses membres, militante féministe, anticapitaliste, internationaliste qui estime devoir porter le voile en raison de ses convictions religieuses. Notre parti accueille des jeunes, chômeurs, précaires, salariés de tous horizons qui se reconnaissent dans ses idéaux. La foi est une question privée qui ne saurait faire obstacle à la participation à notre combat dès lors que les fondamentaux laïcs, féministes et anticapitalistes de notre parti sont sincèrement partagés.» En 2010, la jeune militante harcelée par une médiatisation axée sur son bandana et l'opposition interne de son parti, finira pourtant par retirer sa candidature et quitter le NPA.

Ilham Moussaïd a été candidate du Nouveau parti anticapitaliste. Le port d'un bandana lui vaudra de se retirer en 2010 après une pression interne et externe du parti, et de la médiatisation autour de son foulard.

Les militants musulmans divisés

Ces épisodes houleux ont laissé des traces chez beaucoup de militants de confession musulmane et de fait, la galaxie militante est divisée sur la question. Abdelaziz Chaambi, président de la Coordination contre le racisme et l'islamophobie, l'un des acteurs les plus engagés sur ces sujets, boycotte toute alliance «islamogauchiste» et dénonce une gauche islamophobe et opportuniste. S'il n'est pas dupe, le Collectif contre l'islamophobie en France se veut plus pragmatique et mise sur les rapprochements stratégiques pour sortir la thématique de l'islamophobie de son isolement politique. On l'aura donc compris, cette alliance qui peut surprendre, avec la présence de l'UOIF, plutôt à droite politiquement, aux côtés du PIR, interroge.

La Coordination contre le racisme et l'islamophobie dénonce une récupération par les forces de gauche du combat contre l'islamophobie, mené par les structures militantes.

D'une part, par le caractère fébrile de certains appareils politiques encore dans la course électorale à l'image d'EELV. Les autres formations, plus affaiblies, n'ont politiquement rien à perdre et donc tout à y gagner. Malgré cela, on ne peut s'empêcher de relever le fait que la plupart des intervenants ont participé à titre individuel à ces manifestations politiques, et non officiellement au nom de leur parti. D'autre part, les musulmans attendent des gestes forts de la gauche radicale après les nombreuses indécisions du passé. Il faudra sans aucun doute des actes politiques marqués, publics et qui dépassent la sphère associative des «convaincus», pour les persuader qu'une nouvelle page est tournée. D'ici là, le prochain épisode de cette saga militante se déroulera le 21 mars, à l'occasion d'une manifestation à Paris contre le racisme et pour l'égalité.

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La formation des imams officiellement lancée

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formation islam

Dans une salle de cours de l'Institut catholique de Paris (ICP), avec vue sur le dôme de l'Eglise Saint-Joseph des Carmes, six séminaristes orthodoxes et trois musulmanes d'origine algérienne décortiquent l'étymologie du mot "laïcité". Comme chaque vendredi soir, ces élèves viennent parfaire leur connaissance du droit et de l'histoire français.

Après un refus de la Sorbonne, c'est ici que la volonté politique de former à la laïcité les futurs imams et aumôniers musulmans de France a pris corps, en 2008, avec le soutien du ministère de l'Intérieur.

"C'est un travail sur l'islam du juste milieu", juge Kamel Kabtane, recteur de la grande Mosquée de Lyon, où une formation similaire a été créée en 2012. "Ici, on ne peut pas dire la même chose qu'à Kaboul ou au Mali."

Sept ans plus tard, le gouvernement, soucieux de lutter contre la radicalisation de certains jeunes et de limiter les interventions étrangères dans la deuxième religion de France, a annoncé qu'il encouragerait la multiplication de ces formations civiques et civiles d'un an, subventionnées par l'Etat à hauteur de 15.000 euros par étudiant.

L'objectif, affiché depuis les attentats djihadistes de janvier, est de les porter de six à douze d'ici la fin de l'année et de les rendre progressivement obligatoires pour les aumôniers, dans l'armée, à l'hôpital et en prison.

La France compte environ 2.500 mosquées et salles de prière et à peu près 1.800 imams en fonction.

Souvent formés seuls ou à l'étranger, ceux-ci ne parlent pas toujours français et ont des profils très hétérogènes. Des religieux respectés, formés dans les meilleurs instituts ou autodidactes, côtoient des prêcheurs "autoproclamés", l'imamat n'étant régi par aucun statut.

Seuls 25 à 30% sont de nationalité française, et plusieurs centaines sont envoyés pour de courtes durées par des Etats étrangers comme la Turquie, l'Algérie et le Maroc, selon un rapport remis en juillet au gouvernement.

"Ce qu'on appelle l'islam à la française ne s'impose pas par le haut, il se construit par les pratiques quotidiennes des imams", souligne Romain Sèze, sociologue qui a suivi plus de trente imams pendant six ans.

"De ce point de vue, les formations n'apporteront rien de révolutionnaire, mais elles iront conforter cette tendance, tout en armant mieux les imams pour appréhender les pressions de type néo-fondamentalistes ou radicales."

Faire le pont ?

En 2008, 27 étudiants musulmans ont pris place sur les bancs de La Catho, qui accueille aussi depuis trois ans de jeunes orthodoxes. Des formations du même type ont depuis été créées dans des universités publiques à Strasbourg, Lyon, Montpellier, Aix-en-Provence et Bordeaux.

Axées sur le droit et l'histoire des religions en France mais se tenant à l'écart de la théologie, elles sont ouvertes aux étudiants de toutes confessions.

"On trouve un très bel équilibre à Montpellier, où la moitié des étudiants sont des juristes et l'autre moitié des cadres religieux", dit Francis Messner, spécialiste du droit des religions et auteur d'un rapport sur ces formations.

Saliou Faye, imam d'origine sénégalaise, est élève du diplôme strasbourgeois. A 58 ans, il dit trouver du réconfort dans l'histoire de la laïcité, philosophie politique née dans un combat. "La France a compris qu'il fallait sortir des confrontations. C'est quelque chose qui me rassure" par rapport à l'intégration de l'islam, dit-il.

Mohamed Ben Akila, aumônier dans des hôpitaux parisiens, estime quant à lui que la formation suivie à La Catho --il est diplômé de la première promotion-- lui a permis de "faire le pont" entre le "monde" des croyants et celui des soignants, dans des situations aussi complexes qu'un refus de soins ou une fin de vie. De mieux "déceler" l'intrusion du prosélytisme, aussi.

Ces études peuvent-elles pour autant être un remède contre la radicalisation, dans un pays où quelque 1.400 personnes sont impliquées dans des réseaux djihadistes, selon les autorités ?

"Il n'y a pas d'outil miracle", estime Philippe Bordeyne, recteur de l'ICP. "En revanche, le travail de long terme qui est de former des responsables religieux plus à l'aise dans la société, plus éveillés, capables de démonter les préjugés, concourt à un travail de fond contre la radicalisation."

Manque d'élèves

Mais si les élèves en sont satisfaits, ces formations peinent à rencontrer un large public --moins de 10 étudiants à Strasbourg cette année, 15 à Paris, 22 à Lyon, environ 200 dans toute la France à ce jour, selon le ministère de l'Intérieur.

Les rivalités entre fédérations islamiques n'ont sans doute pas aidé, les grandes mosquées et organisations musulmanes ayant souvent servi de "prescripteurs", soulignent des observateurs.

Pour Céline Pauthier, directrice du diplôme de Strasbourg, il est temps de communiquer davantage. "On a besoin du soutien des pouvoirs publics, par le biais des préfectures."

Au manque d'étudiants s'ajoute la difficulté d'atteindre ceux pour qui ces cursus ont été conçus. "On vise un public qui n'a peut-être pas d'ordinaire d'accès facile à l'université."

Le ministère de l'Intérieur a engagé des discussions avec certains pays "fournisseurs" d'imams détachés, dans le but d'intégrer ces diplômes à leur parcours. C'est dans cette perspective que Bernard Cazeneuve s'est rendu en Algérie en décembre dernier.

Le doublement des diplômes devrait par ailleurs permettre une meilleure couverture du territoire. "Les deux ou trois premières années, nous avions des étudiants de Clermont-Ferrand", se souvient Claude Roëls, qui dirige le diplôme de l'ICP. "On est comme les gares SNCF, il faut que ça circule".

Pour recruter plus largement, peut-être faut-il aussi réfléchir à "inverser le processus de formation", suggère le sociologue Olivier Bobineau, qui a dirigé le diplôme de La Catho à ses débuts. "Au lieu de faire venir les imams, aller vers eux, au coeur des mosquées, y être accueilli et marcher avec eux."

Reste la question de la formation théologique des cadres musulmans, dans laquelle l'Etat n'a pas le droit de s'immiscer en vertu de la loi de 1905, souligne Francis Messner.

En l'absence d'autorité religieuse, "tout le monde fait son islam à sa sauce", expliquait récemment à l'Assemblée nationale Mohamed Zaïdouni, président du Conseil régional du culte musulman de Bretagne.

Avec la réforme annoncée du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui n'a jamais réussi à s'imposer depuis sa création en 2003, se posera sans doute la question de la création d'un "conseil religieux", soutenue par de nombreux responsables du culte.

En attendant, Philippe Bordeyne se veut optimiste, et compare ces formations à une graine de moutarde. "C'est la plus petite de toutes les graines, mais elle fait un grand arbre", dit-il. "Seulement il faut un peu de temps."

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Le ministre de la Défense rend hommage à l'aumônerie musulmane

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aumônerie musulmane de France

Jean-Yves Le Drian a prononcé un discours mercredi 18 mars à l'occasion des dix ans de l'aumônerie musulmane française. Après avoir salué le sacrifice pour la Nation de tous les musulmans morts pour la France, le ministre de la Défense a fermement condamné l'islamophobie et mis en garde contre les risques de radicalisation religieuse.

«Toutes celles et tous ceux qui, aujourd’hui, reconnaissent l’islam comme leur religion, et la France comme leur patrie, qu’ils ont fait le choix de défendre par les armes, tous méritent notre reconnaissance». Ces mots viennent de Jean-Yves Le Drian le ministre de la Défense et ils introduisaient une intervention réalisée à l'occasion de la célébration des dix ans de l'aumônerie musulmane en France. Un anniversaire qui a donc été précédé d'un hommage soutenu rendu à tous les soldats musulmans de France. «Tant de fois, des soldats musulmans ont versé leur sang, ont donné leur vie, pour que la France recouvre sa liberté ou demeure une terre fraternelle», a déclaré le ministre ce 18 mars à l’Hôtel de Brienne. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les troupes d’Afrique du Nord et d’Afrique sub-saharienne ont contribué de manière décisive à l’épopée de la France libre. Elles furent notamment au coeur de la libération de la Corse, en octobre 1943, et à l’été 1944 dans les combats pour la libération de la Provence.

Une aumônerie musulmane française «à la hauteur»

Créée en 2005 conformément à la loi de 1905 qui garantit la liberté de culte dans les institutions publiques dites «fermées», la création de l’aumônerie militaire musulmane a d’abord répondu à l’objectif «de normaliser la gestion du culte musulman dans les armées, et de mieux accompagner nos soldats, en leur apportant un soutien cultuel, dans l’accomplissement de leurs missions», a déclaré le ministre français. Jean-Yves Le Drian considère que l'aumônerie musulmane «s’est montrée à la hauteur des espoirs placés en elle» et a salué le rôle des 38 aumôniers musulmans, dont une femme et sept réservistes opérationnels. Trois d’entre eux sont actuellement déployés en opérations extérieures, indique le communiqué publié par le ministère de la Défense. Les différentes aumôneries militaires ont pour objectif premier de permettre aux soldats de pratiquer leur religion dans le cadre de leur engagement en leur assurant un soutien moral, cultuel et spirituel.

Islamophobie et radicalisation religieuse

Depuis 1992, grâce à une circulaire du ministre Pierre Joxe, les cantines militaires parviennent à respecter le régime halal ou casher des soldats qui le souhaitent. Les conditions de célébration des fêtes religieuses et des prières sont garanties. Jean-Yves Le Drian a condamné fermement les actes de racisme et les discriminations religieuses qui pouvaient frapper les soldats de confession musulmane. «Ministre de la défense, je n’accepterai jamais qu’un soldat français soit montré du doigt parce qu’il est musulman, qu’il soit victime d’amalgames avec ceux qui abîment le message de l’islam et voudraient en faire une doctrine de rejet et de haine», a-t-il affirmé. Enfin, le ministre de la Défense a rappelé les risques présents de radicalisation y compris dans l'armée, risque auquel les aumôniers se devaient de répondre par un travail de prévention.

 

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Ironisant sur l’eclipse, un journal allemand confirme "l'islamisation de l'Europe"

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A l’occasion de l’éclipse du 20 mars 2015, le journal allemand de gauche Tageszeitung titre sur une photo d'éclipse où l'on voit un croissant de lune: «C'est arrivé : l'islamisation de l’occident». 

Jouant sur le symbole du croissant de lune représentant l’islam, le journal se moque ouvertement du mouvement allemand « anti-islam » Pegida.

Sous le titre de la Une, le journal ajoute, ironique : « Panique : Pegida avait donc raison. Elle vient, il n'y a plus rien à faire pour l'empêcher. Aujourd'hui entre 9h26 et 11h59. Nazis, regardez bien, mais sans lunettes!».

En Allemagne, ce mouvement "anti-islam'', Pegida, dont les acronymes désigne les « Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident », fait parler de lui depuis octobre dernier.

Le mouvement rassemble des néonazis et des militants d'extrême droite, mais surtout de simples citoyens, qui se disent inquiets face à cette prétendue "islamisation" ou à l'afflux de réfugiés, alors que l'Allemagne est devenue depuis peu la principale destination d'immigration en Europe.

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L'islam s'impose comme thème des élections départementales

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élections départementales

Menu unique avec porc à la cantine, gel des constructions de mosquées : une fois de plus, l'islam s'est invité comme thème aux élections départementales, à la faveur des ténors politiques. Zaman France a voulu donner la parole à des acteurs politiques locaux sur cette nouvelle irruption électoraliste et islamophobe de la parole nationale.

Tout à commencer par le voile à l'université. L'opportunité de voter une nouvelle loi pour l'interdire soutenue par la secrétaire d'État aux Droits des femmes Pascale Boistard, puis écartée par Manuel Valls lui-même; les déclarations islamophobes de Nicolas Sarkozy "Nous ne voulons pas de femmes voilées en France", baroud de déshonneur de la droite française, sans oublier la dernière polémique en date sur les menus uniques avec porc dans les cantines scolaires. Un menu défendu par Laurent Wauquiez qui en fait même un signe d'assimilation à la France. Quant à Marine Le Pen, elle prévoit de geler la construction des mosqués en France , pour garantir dit-elle leur transparence. On l'aura compris, l'islam est plus que jamais dans les discours, les pensées, et les stratégies de la classe politique française. Mais quand pensent les élus de terrain et ceux qui candidatent sur les vraies préoccuptions des Français ? Zaman France a vou le savoir en interrogeant des élus du PS, de l'UDI et du Parti communiste.

Nisrine Zaïbi, Vice présidente du conseil régional de Bourgogne

La religion est personnelle et intime ! Elle ne doit pas être étendu comme un étendard et d'ailleurs la plupart des Français de confession musulmane demandent qu'on arrête de parler de leur religion, qu'on arrête de les stigmatiser et qu'on les laisse tout simplement en paix. Hors de nombreux politiques tous partis confondus utilisent le musulman comme bouc émissaire des maux que nous subissons ! Le véritable ennemi reste la finance qui en période de crise s'enrichit et appauvrit le peuple ...

Et la majorité des français ne se tournent pas vers ceux qui sont à l'origine de la crise, parler des banques et du monde de la finance est beaucoup plus ennuyeux, invisible, impalpable et complexe qu'un bouc émissaire en chaire et en os....!

Régis Leclerc, élu UDI d'Ivry-sur-seine

A Ivry, toutes les communautés religieuses vivent en harmonie. Mon but est que chacun puisse pratiquer sa religion, chacun doit avoir des lieux de culte digne, je suis pour la laïcité, la pratique de la religion. On est contre le fait de désigner des boucs émissaires.

Il y a une montée d'une frange islamiste radicale qui nuit à l'uimmense majorité musulmane. Mais à Ivry-sur-seine, les musulmans pratiquent de manière saine leur religion et totalement intégrée. La religion musulmane n'est pas un problème pour la France.

Nathalie Nail, PC, Le Havre

Au Havre, on a de la chance, on échappe à ces débats. Le FN a fait 35 % aux Européennes, aux cantonnales la droite était devant. On est une ville traditionnellement de gauche. Je trouve ça désobligeant d'utiliser ces sujets, et l'électorat socialiste s'en sert aussi pour défendre le vote utile. L'abstention est le fruit des renoncements de 2012.

Il y a toujours besoin de bouc-émissaires en France, les parents de ceux qui pratiquent l'islam aujourd'hui étaient ouvriers hier. Ce sont les dominants qui stigmatisent toujours les classes populaires, hier les ouvriers, aujourd'hui les musulmans. La finance prospère pendant ce temps. C'est un vrai désistement républicain qui risque de doper le vote protestataire.

 

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L’eau dans le Coran : quand la vie ruisselle

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Affirmation aujourd’hui largement corroborée par la science, l’eau est d’emblée présentée dans le Coran comme étant source de toute vie : «Nous avons tiré toute matière vivante de l’eau» (XXI:30).

Sous l’égide des Nations unies s’est tenue ce 22 mars comme chaque année la Journée mondiale de l’eau. Le thème en a été cette année le développement durable, autrement dit, envisagé plus généralement, le rapport de l’eau au caractère pérenne de la vie.

Ce rapport à la vie est assurément l’idée maîtresse qui gouverne l’évocation de l’eau dans le Coran. La seconde idée est celle de la purification, fonction essentielle de cet élément premier.

Affirmation aujourd’hui largement corroborée par la science, l’eau est d’emblée présentée dans le Coran comme étant source de toute vie : «Nous avons tiré toute matière vivante de l’eau» (XXI:30). Elle figure quatre fois dans le texte coranique. Elle est posée comme étant valable tant pour le paradis, espace de la vie éternelle, que pour le monde ici-bas : hommes, bêtes et végétaux.

De par sa nature même, ce lieu de la félicité suprême qu’est le paradis suppose l’eau : il est jardins (jannât), le pluriel soulignant ici l’abondance. De fait, l’eau y coule à flots : fleuves, fontaines et sources, dont certaines parfumées au camphre, y abondent. Près de quarante occurrences désignent les premiers, dont trente-trois dans la célèbre formule «des jardins sous lesquels coulent des fleuves» (jannât tajrî min tahtihâ al-anhâr).

L'eau, la source du Paradis

Un même mot, ‘ayn, abondamment cité, désigne fontaines et sources. Il existe ainsi deux fontaines au paradis, qui portent des noms propres : Salsâbîl (LXXVI:18) et Tasnîm (LXXXIII:27-28). A l’image du paradis, figé dans sa perfection éternelle, cette eau est «inaltérable» (ghayr âsin, XLVII:15).

Plus encore, elle participe de l’essence du paradis, comme le souligne le parallélisme de ces trois formules où l’eau et le bonheur sont donnés pour équivalents : «Les pieux seront dans des jardins au sein de la félicité/de sources/des fleuves» (na‘îm, LII :17 ; ‘uyûn, XV :45 ; et nahr, LIV :54). Expression de la miséricorde divine enfin, à la multitude des sources paradisiaques s’oppose l’unique source de l’enfer (qui est «bouillante», LXXXVIII:5).

Dans un mouvement vertical qui n’est pas sans rappeler celui de la Révélation, la pluie représente ici-bas l’eau paradisiaque : elle est eau fertilisante que Dieu fait descendre du ciel. L’idée de fécondité devient dès lors prégnante. De la terre, Dieu a ainsi fait surgir «l’eau et les pâturages» (LXXIX:31), ainsi que des sources (XXVI:134). Il y a aménagé des fleuves (XVIII:33 et XIII:3) qu’il a mis au service des hommes.

Enfin, Il a «fait confluer les deux mers, dont l’une est douce et agréable, l’autre est salée et saumâtre» (XXV:53), qui sans doute figurent ici-bas la contiguïté du bien et du mal, entre lesquels « une barrière infranchissable » est pourtant établie (XXV:54).

Détruire et purifier, les deux vertus de l'eau

Bienfait, l’eau est aussi signe de la miséricorde divine. Dès lors, celui qui invoque les idoles plutôt que Dieu l’Unique le fait-il «en pure perte», car «l’homme assoiffé qui se contente de tendre les deux mains vers l’eau ne réussira jamais à la faire parvenir à sa bouche.»

C’est pourquoi l’eau est promesse d’abondance ici-bas avant de l’être dans l’au-delà : Noé promet à son peuple «jardins et rivières» (LXXI:13), dans l’espoir qu’il croira en Dieu et soit ainsi sauvé. Lors même que l’eau est puissance destructrice, elle est, en dernière analyse, l’instrument d’une purification.

Théâtre impérial de l'opéra. Reprise de Moïse - Pharaon englouti dans les flots [estampe]

Pharaon et son armée ont été engloutis par les eaux, mais Moïse et son peuple, sauvés. Le Déluge, en supprimant toute forme de vie à la surface de la terre, a permis néanmoins de la purifier et de la régénérer : humains meilleurs et animaux choisis pourront de nouveau y croître et multiplier.

C’est ainsi que, cinq fois par jour, la purification rituelle des ablutions rappelle au musulman qui l’effectue l’élévation spirituelle vers laquelle il doit inlassablement tendre.

 

 

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Islamophobie : la mairie de Nice se radicalise-t-elle ?

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Christian Estrosi

Après l'arrestation et la condamnation à des peines lourdes pour apologie de terrorisme de manifestants, la mairie vient de suspendre le mariage de deux Français de confession musulmane pour motif de soupçons de radicalisation. Une dérive manifeste qui soulève l'inquiétude des musulmans de Nice.

Mardi 20 janvier, Leila, jeune femme de 26 ans, participant à une manifestation contre l'islamophobie à Niceétait condamné à un stage de citoyenneté pour insulte envers le directeur de la police des Alpes-Maritimes. Mère enceinte et reconnue handicapée pour malformation cardiaque, Leila avait déclaré ignoré le statut administratif du responsable et qu'il était policier.

Mercredi 18 février, quatre manifestants du même rassemblement contre l'islamophobie, étaient condamnés eux-aussi mais pour apologie d'actes de terrorisme. Un an de prison dont trois mois ferme pour deux d'entre eux, et deux ans de prison dont un ferme pour un autre.

Qu'était-il reproché aux condamnés ? D'avoir entravé la circulation du tramway et créé une page Facebook «La Palestine a besoin de nous» en demandant la création d'une «milice anti-sioniste et anti-actes islamophobes». Le Crif et la Licra s'étaient portés parties civiles dans cette affaire.

Lundi 23 mars, une autre affaire dévoilée par Nice Matin, vient bousculer le quotidien apparemment paisible de cette ville touristique.

Des musulmans interdits de mariage civil

Apparemment, car les actes, les propos ou les décisions politiques à caractère réel ou présumé islamophobe se sont multipliés ces derniers mois. Les attentats à Paris et la campagne électorale des départementales ont dopé semble-t-il la vague brune et libéré un sentiment raciste dans ce petit coin rêvé du sud de la France.

Cette fois, c'est un mariage civil devant unir deux Français de confession musulmane qui a été suspendu par la mairie sur ordre du maire Christian Estrosi. Celui qui est également député des Alpes-Maritimes est déjà connu pour ses sorties islamophobesà l'instar de cette déclaration faite le dimanche 15 février sur les ondes de France 5 : «Les chrétiens ne posent pas de problème, la religion juive ne pose pas de problème. Il y a un vrai problème posé par l'islam».

Christian Estrosi incarne avec Brice Hortefeux (à gauche) et Eric Ciotti (à droite) l'aile dure de la droite française à l'UMP.

S'appuyant sur l'article 175-2 du code civil, qui déclare, en référence à l'article 146, qu' «Il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a point de consentement», la mairie a cependant reconnu que les véritables motifs de suspension concernaient des soupçons de radicalisation. Toujours d'après la presse niçoise, le futur marié avait été condamné le 21 janvier par le tribunal correctionnel de Nice, aux côtés de deux autres hommes de confession musulmane, à six mois de prison avec sursis pour avoir agressé un boulanger qu'ils accusaient de ne pas être un «bon musulman».

«L'homme faisait l'objet d'une fiche d'individu à surveiller à la direction générale de la sécurité intérieure, comme étant susceptible d'aller faire le djihadà l'étranger» y est-il précisé et la femme est accusé de radicalisation en vertu du port d'un jilbab, long voile recouvrant la totalité du corps sauf le visage. Sollicité à plusieurs reprises par notre rédaction, Christian Estrosi n'a pas donné suite.

La section niçoise du Front national préparant une campagne électorale. Avec 35,20 % des voix au premier tour des départementales, les candidats frontistes ont réalisé à Nice l'un des meilleurs scores du parti de Marine Le Pen dans les Alpes-Maritimes.

«Surfer sur les vagues est la devise des politiques»

Ces multiples affaires ne sont pas pour rassurer les musulmans de Nice, témoins au quotidien de ce climat de tension et d'un durcissement des pouvoirs locaux sur la question musulmane. «Depuis l'attentat de Charlie Hebdo, on sent une montée de l'islamophobie sur tout le territoire national et encore plus dans les Alpes maritimes», déclare à Zaman France Otmane Aissaoui, président de l'Union des Musulmans des Alpes Maritimes.

«A Nice, nous avons des problèmes de gestion de culte et nous avons initié avec les élus un travail de dialogue. Malheureusement l'esprit politicien et la volonté de surfer sur les vagues est la devise des politiques en général», poursuit le responsable musulman. Inquiet, Otmane Aissaoui déplore cette dégradation du climat à Nice d'autant qu'il ne désespère pas d'une amélioration obtenue par le dialogue avec Christian Estrosi.

«Nous avons essuyé plusieurs fois des dérapages et nous avons exprimé notre mécontentement en suivant les voies institutionnelles pour régler nos différents sans prendre la voie médiatique», explique-t-il, en s'appuyant sur l'envoi récent de colis humanitaires en Palestine de la municipalité, obtenu après un «vif échange».

Angoisse et inquiétude des musulmans de Nice

Wayda est secrétaire de l'association des étudiants musulmans de Nice. Elle confirme son angoisse face à la détérioration du climat local à Nice. «On est fatigué de ces déclarations politiques, chaque dérapage peut coûter très cher. Récemment au tribunal, des femmes voilées ont été interdites d'entrée alors qu'elles souhaitaient assister à un procès. A la fac, on demande maintenant de manière illégale, aux filles voilées de sortir leurs oreilles pendant l'examen, sur la base d'une clause du règlement intérieure votée en 2014.

Le doyen de la fac de lettres a été sollicité, mais on a pas de réponse claire à ce sujet» témoigne Wayda. L'étudiante exprime son inquiétude sur l'ambiance délétère qui résulte des positions politiques d'Estrosi ou Eric Ciotti. «Il y a un problème de stigmatisation. Tout est basé sur des suspicions. Le discours des politiques est violent et blessant. On ne sait pas jusqu'où ça peut aller».

La célèbre Promenade des Anglais, à Nice.

Wayda et son association tente de répondre civiquement à cette montée de l'islamophobie en investissant le créneau des débats, par l'organisation de conférences sur la laïcité et la citoyenneté. Pour Smail, 24 ans, l'inquiétude est aussi palpable. Mais ce sont les manifestations institutionnelles d'islamophobie qui inquiètent ce Niçois d'origine. «Le climat sur Nice est assez particulier. De par les responsables politiques, l'islamophobie peut se répandre quand il y a discours au plus haut niveau politique».

C'est le cas d'Eric Ciotti, député UMP et président du Conseil des Alpes Maritimes. «Ciotti, à moult reprises, s'est permis de mettre à l'index la population musulmane. C'est lui qui a proposé une loi contre le voile à l'université. Sur la base d'une lecture galvaudée de la laïcité, il tente de diviser les Niçois», déclare Smail.

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Quels sont les courants musulmans en France ?

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islam de France

La rédaction de Zaman France publie un dossier exclusif de décryptage des principaux courants religieux, des acteurs et des concepts clés pour comprendre l'islam de France. Un dossier qui sera publié en quatre partie. Aujourd'hui, focus sur les principaux courants religieux musulmans de l'Hexagone.

 

Courants religieux

Salafisme

Courant religieux née en Arabie saoudite. Appelé aussi wahhabisme, du nom de son fondateur Muhammad ibn Abdel-Wahhab (1703-1792), le salafisme est un mouvement orientée autour d'une lecture littéraliste et ultraorthodoxe de l'islam. Courant le plus dynamique et en expansion mondiale, le salafisme impose une vision de l'islam rigoriste, autour des notions d'interdit (haram) et de licite (halal). Le salafisme est une lecture décontextualisée de l'islam qui ne prend pas ou peu en considération la tradition juridique et historique des écoles malikite, hanifite, shafiite ou hanbalite, se référant directement à l'exemple du Prophète et de ses compagnons. Plusieurs sensibilités internes ont émergé à l'intérieur de ce mouvement : les salafistes cheikhistes, attachés aux avis des savants officiels de l'islam d'état saoudien ou des pays du Golfe et apolitiques; les salafistes djihadistes, qui s'engagent dans la lutte armée contre l'Occident ou les régimes politiques jugés impies; les salafistes hizbis (de hizb, parti) qui prônent une implication et un rôle politique dans les sociétés musulmanes ou non musulmanes.

Tabligh

Courant piétiste originaire de l'Inde, fondé par Muhammad Ilyas al-Kandhlawi (1885-1944), la jamaat-at-Tabligh (le mouvement pour la transmission du message) est un mouvement missionnaire de l'islam. Son objectif est uniquement intracommunautaire et ne vise que la prédication des musulmans dans une perspective revivaliste de réislamisation ritualisée sous la forme du khourouj (la sortie), un voyage prédicatif d'une durée de 40 jours maximum. Très dynamique dans les années 60, ce mouvement est présent en France et représenté par l'association «Foi et Pratique». Longtemps concurrent du salafisme dans les quartiers populaires français, la jamaat-at-Tabligh est en recul depuis plusieurs années, devancée par le salafisme et son discours plus marqué et identitaire.

Soufisme

Souvent présenté comme la voie intérieure de l'islam, le soufisme est un courant très ancien de l'islam, qui remonte au Prophète lui-même d'après les guides spirituels de cette voie initiatique. Le soufisme est une pratique austère et ascétique, spirituelle, enseigné dans des tariqas (de tariq, chemin, voie) de diverses traditions (naqshibandis, suleymandje, qadiriyya, chadhiliyya...) implanté dans plusieurs contrées (Afrique du nord et sub-saharienne, monde arabe, Turquie, Iran).

Il s'organise autour de pratiques rituelles tels que le dhikr (évocation de Dieu), le chant religieux ou la danse (derviches tourneurs). Rumi, Ibn 'arabi et Al Ghazali sont les trois figures les plus influentes de ce mouvement. En France, le soufisme est décentralisé et s'exprime au sein de diverses organisations musulmanes.

Ahbaches

Mouvement présent localement dans une vingtaine de lieux de culte musulman en France, les Ahbaches sont présentés comme un groupe sectaire par la plupart de leurs détracteurs qui les accuse d'hétérodoxie dans leur approche de la théologie musulmane. L'organisation tire son nom du cheikh Abdallah ibn Yusuf al-Shibi al-Abdari al-Hirari, un Ethiopien adepte du soufisme et né en 1920. Dans l’Hexagone, l’Association des projets de bienfaisance islamique en France (A.P.B.I.F.) est le nom officiel du mouvement que le rappeur Kerry James a contribué à faire connaître. Très active à Montpellier, la mouvance des Ahbaches a connu une audience au moment de la publication de l’ouvrage d’Abd as-Samad Moussaoui, frère aîné de Zacarias, jugé dans l’affaire des attentats du 11 septembre 2001. L’A.P.B.I.F revendique son combat contre les groupes du jihâdisme salafiste et des Frères musulmans. Très discrète dans son fonctionnement, la mouvance des Ahbaches se situe donc au confluent du soufisme et d'une lecture politique d'alignement consensuel avec les autorités politiques.

Frères musulmans

Mouvement politico-religieux né en Egypte et fondé par Hassan al-Banna. Le mouvement des Frères musulmans prône à l'origine la réislamisation par le bas des sociétés musulmanes, dans un contexte de domination culturelle coloniale. Les Frères musulmans sont les principaux représentants de l'islamisme ou islam politique. Le président Morsi renversé par un coup d'état en Egypte était ainsi issu de cette confrérie. Leur vision de l'islam est globalisante (shumuliyya-l-islam). Après la mort de leur fondateur, ils ont connu une importante croissance internationale. En France, l'Union des organisations islamiques (UOIF) est la principale organisation issue idéologiquement de ce courant.

Participation et spiritualité musulmane (PSM)

Courant inspiré de la pensée de Abdessalam Yassine, un cheikh marocain fondateur du mouvement islamique al 'adl wal ihsane qui prône un engagement social actif inspiré d'une vision prédicative orientée sur l'éducation, une approche soufie du culte musulman et un retour global aux fondamentaux de l'islam dans les sociétés musulmanes. PSM fait partie en France de ces associations qui développe un islam citoyen et encourage à la contribution spirituelle et sociale des musulmans de France.

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Les institutions de l'islam de France : grand décryptage

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institutions de l'islam de France

CFCM, UOIF, RMF, Grande mosquée de Paris, UAM 93 et bien d'autres. Ces noms d'associations, de fédérations, et de mosquées sont souvent mentionnées dans la presse, sans que l'on sache toujours ce qui les différencient. Zaman France vous propose la deuxième parties de son dossier sur l'islam de France consacrée aux principaux interlocuteurs de l'Etat.

Organisations officielles

Conseil français du culte musulman

En 2003, Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur, lance officiellement la création du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Organe national de représentation du culte musulman mis en place sous l'impulsion du gouvernement. Initié en 1999 par les ministres de l'Intérieur socialiste Jean-Pierre Chevènement, et Daniel Vaillant, le CFCM est officiellement crée en 2003, par Nicolas Sarkozy, lui-même ministre de l'Intérieur. Sa mission est de superviser la gestion et la coordination de la pratique cultuelle de l'islam en France et de constituer un interlocuteur sur le plan national et régional (Conseils régionaux du culte musulman, CRCM). Divisé depuis sa création par des intérêts divergents liés aux Etats étrangers qui administrent ou financent un grand nombre de mosquées, le CFCM n'a jamais pu surmonter ses clivages idéologiques et nationaux. En 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sous l'impulsion du Premier ministre Manuel Valls, a annoncé une série de mesures destinées à réformer le fonctionnement du CFCM, solutionner son problème de légitimité auprès des fidèles et garantir la transparence de son fonctionnement. Le CFCM reste auprès d'une large partie des musulmans de France éloigné de leurs considérations quotidiennes et souffre d'un déficit de légitimité.

 

 

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Grande Mosquée de Paris

L'histoire de la Grande Mosquée de Paris (GMP) est liée à celle de la colonisation. Construite et édifiée en l'hommage des 70 000 soldats de confession musulmane morts pour la France au cours de la Première guerre mondiale, la GMP est inaugurée en 1926 par le président Gaston Doumergue et le sultan du Maroc Moulay Youssef. Depuis, la Grande Mosquée de Paris représente une tradition de continuité historique et un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics.

Depuis sa fondation, six recteurs ont dirigé la Mosquée de Paris, l’Institut musulman de la Mosquée de Paris (chargé de la certification de la viande halal) et la Société des habous des lieux saints de l’islam. Si Kaddour Ben Ghabrit (1922-1954), Si Ahmed Ben Ghabrit (1954-1956), Si Hamza Boubakeur (1957-1982), Cheikh Abbas (1982-1989), Tidjani Haddam (1989-1992) et Dalil Boubakeur depuis 1992. La GMP demeure liée financièrement et politiquement à l'Algérie.

Rassemblement des musulmans de France

La principale organisation du culte musulman rattachée au Maroc, au ministère des Habbous qui gère le culte. Le RMF a été créé le 13 janvier 2006, par des transfuges de la Fédération nationale des musulmans de France. Le RMF affirme «contribuer à faire émerger un islam modéré, tolérant et respectueux des lois de la République, un islam du juste milieu». Il a été présidé successivement par Taoufiq Sebti puis Anouar Kbibech. L'ancien président du CFCM, Mohammed Moussaoui, en est le vice-président. Le RMF est sorti grand gagnant des dernières élections du CFCM en 2011.

L'Union des organisations islamiques de France

Le Rassemblement annuel des musulmans de France est le plus grand événement musulman organisé chaque année en Europe.

La Fédération associative musulmane la plus importante en France avec plus de 300 associations, présentes surtout en province (Lille, Bordeaux, Nantes...), l'UOIF est idéologiquement proche des Frères musulmans, la confrérie fondée par Hassan al-Banna en Egypte. Créée par des cadres en provenance d'Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie), l'UOIF est à l'origine des plus importantes écoles privées (Averroèsà Lille, Al Kindià Décines) et centre de formation théologique (L'institut de Château-Chignon, l'IESH à Saint-Denis).

Elle réunit chaque année des dizaines de milliers de personnes autour d'un événement organisé au Parc des expositions du Bourget, "La rencontre annuelle des musulmans de France". Malgré cette présence institutionnelle, l'UOIF conserve une image négative auprès des pouvoirs publics, liée à son affiliation présumée aux Frères musulmans. L'Union des organisations islamiques de France s'est retirée du bureau national du CFCM.

 

Islam turc

Les associations musulmanes turques sont pour la plupart liées au DITIB, l'organisme d'état turc en France qui gère le culte musulman affilié au Diyanet en Turquie. Trois grandes organisations les représentent. Le Comité de coordination des musulmans turcs de France qui regroupent la plupart d'entre elles et qui participe au CFCM sous la houlette d’Ahmet Ögras, son président et vice-président du CCMTF. Le Milli Görus (Mouvement national), organisation créée en Turquie par le père de l'islamisme turc Necmettin Erbakan, et qui est très présente sur le territoire français à travers des mosquées et des associations turques.

 

La mosquée turque Eyyub Sultan, à Strasbourg.

L'islam turc est aussi constitué, entre autres, des confréries soufies Naqshibandie et de la mouvance Suleymanci, très présentes également dans les mosquées turques, et des associations alevis.

La Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA)

La FFAIACA est la fédération regroupant les associations afro-musulmanes noire sur des territoires éloignes comme les Antilles, l'Afrique ou les Comores. La FFAIACA est présidée par Assani Fassassi et fait partie du CFCM.

L'UAM 93

L'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis regroupe comme son nom l'indique la plupart des associations musulmanes du premier département de musulmans en France. Non présent au CFCM, l'UAM 93 est en proie à une concurrence et une rivalité avec l'UOIF sur ce département. Cette organisation privilégie le lobbying auprès des élus de Seine-Saint-Denis, en particulier ceux de droite dont elle est proche politiquement.

La Fédération des chiites de France

Elle regroupe les associations chiites et les structures affiliées telles que le Centre Zahra et le Parti antisioniste de Yahia Gouasmi. Très politisée, elle peut être définie comme une forme d’islamisme chiite agencée autour des avis religieux de Khomeyni. Les relais médiatiques du chiisme en France sont la chaine de télé Sahar TV et la radio franco-iranienne IRIB. Le chiisme est ultra-minoritaire en France. 

Commémoration de l'Achoura chiite au Centre Zahra, à Dunkerque.

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Une femme voilée agressée dans le RER A

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Une femme voilée accompagnée d'enfants a été victime d'une agression à la station Auber du RER A. Interpellés par ses cris, deux hommes «musulmans» sont intervenus pour maîtriser l'agresseur jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre.

C'est une information du site Islametinfo.fr. Une femme voilée accompagnée d'enfants a été victime d'une agression à la station Auber du RER A. Interpellés par ses cris, deux hommes «musulmans» sont intervenus pour maîtriser l'agresseur jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre. Un homme avait accusé la femme de l'avoir bousculé et l'individu aurait usé de la violence en frappant la victime avec ses poings et ses pieds. 

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