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Le Collège de France crée une chaire sur l'histoire du Coran

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collège de france

C’est une première en France. Le prestigieux Collège de France organise aujourd’hui la première leçon inaugurale d’une chaire sur l’histoire et la formation du Coran. 

La chaire intitulée «Histoire du Coran, texte et transmission» sera inaugurée par une leçon sur «La voix et le calame. Les chemins de la canonisation du Coran» lejeudi 2 avril à 18h.

Cette chaire a pour titulaire François Déroche, paléographe et spécialiste de l’histoire des manuscrits arabes et de l’histoire du texte coranique dans sa forme écrite.

Fondée en 1530, la prestigieuse institution parisienne d'enseignement supérieur espère mettre en lumière la formation du Coran grâce à de nouveaux témoignages du  VIIe-Xe siècles, plaçant «le Coran et sa transmission au centre de son projet».

Poursuivant «une longue tradition d'études arabes» le Collège de France ouvre «un nouveau chapitre de [sa] connaissance de la civilisation islamique», explique-t-il dans un communiqué. ​

«Je compte revisiter le texte coranique en tirant parti de la situation issue des recherches récentes sur la tradition manuscrite des premiers siècles de l'islam et de découvertes» écrit François Déroche.

Après la première leçon inaugurale, cinq cours auront lieu jusqu’au 2 juin 2015, accessibles à tous et sans inscription préalable, dans la limite des places disponibles.

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Le Bourget : vitrine d'une jeunesse musulmane ambitieuse

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Le Bourget UOIF

Au Parc des expositions de Paris- Le Bourget s'est déroulée la 32e Rencontre annuelle des Musulmans de France, plus connue sous le nom de RAMF. Six halls étendus sur 60 000m2 ont abrité quatre jours durant plusieurs pôles thématiques. Parmi les divers projets, trois ont attiré notre attention.

Au Bourget, la première visite dans le hall de la Foire commerciale est dépaysante. Loin du calme et de l'ordre habituel des magasins parisiens, l'ambiance est chaotique. Il faut jouer des coudes pour réussir à se frayer un chemin dans les allées, noires de monde. A l'entrée, un épicier vend des dattes et autres produits orientaux. Un peu plus loin, des hommes d'une trentaine d'année jouent aux rodéo sur un chameau électrique. Entre une vendeuse de barbapapa et un carré humanitaire, un stand se démarque. Pourtant très petit et discret, c'est le burkini qu'il propose qui attire les passants, qui s'empressent de le photographier. Le burkini – dont le nom fait sourire plus d'un – est une tunique assortie d'un pantalon, pour permettre aux femmes qui le souhaitent de se baigner sans montrer leur corps. Une invention sortie tout droit de l'imagination d'Aheda Zanetti, styliste australienne d'origine libanaise.

«Je suis Mohammad»

Pourtant, la star du stand n'est pas le burkini, mais la multitude de t-shirts arborant le slogan «Je suis Mohammad». Plusieurs pancartes sont accrochées au présentoir. On peut y lire : «Je suis, du verbe suivre. Pas être!» - on demande alors des explications. Les trois garçons sont jeunes, ils hésitent à parler, mais l'un d'eux se décide : «Nous avons lancé un concept en écho aux événements de Charlie Hebdo. Tout le monde s'est identifié à une cause, et vu que le thème de cette RAMF est le Prophète, nous avons voulu innover avec ces t-shirts. Nous avons eu quelques retours négatifs, certains nous disent que l'on s'associe à la mouvance #JeSuisCharlie. Mais quand on explique le message, tout est clair. Les gens sont ouverts d'esprit et certains de nos clients n'étaient même pas Musulmans, ça fait vraiment plaisir !». Plus tard dans la journée, on croisera plusieurs personnes portant leurs t-shirts. En continuant la traversée de ce hall immense, les stands sont variés. Henné à paillettes et robes de soirée côtoient les vendeurs de musc et les livres religieux. Les libraires sont bondés, mais nous arrivons à nous entretenir avec l'un d'eux. «L'intérêt pour l'Islam est croissant dernièrement. C'est toujours comme ça après un événement tragique. C'est vrai que ce qui s'est passé le 7 janvier aura marqué les esprits, et ça a été un coup dur pour l'Islam. Heureusement, les personnes aiment s'instruire et comprendre avant de juger».

Prêter, on vous le rendra !

Le stand est spacieux, et les livres sont variés. Ouvrages islamiques se mélangent aux bijoux de l'histoire poétique arabe et persane. Une cliente empile cinq volumes d'Al Ghazali (grand savant soufi de l'âge classique, ndlr), pendant qu'une autre bouquine un livre juridique. De l'autre côté du hall, un jeune homme nous aborde, flyer à la main. Vêtu d'un qamis – longue chemise, et d'un turban, il nous explique son projet. «Nous avons voulu procéder de manière innovante, la structure de notre mosquée est déjà prête. Maintenant, nous avons besoin de fonds. Ceux qui veulent faire des dons sont les bienvenus, sinon nous acceptons les prêts. Lorsque nous en aurons les moyens, nous les rembourserons. Nous sommes en plein dans une période de polémique sur le nombre de mosquées en France, mais même si il peut être difficile d'avoir les permissions de construction, souvent cela peut être bénéfique aux élus. Tout dépend des villes, mais dans certains endroits, ça peut permettre à la population de se sentir comprise et plus en harmonie avec sa mairie. Nous avons également voulu jouer dans l'original avec une architecture orientale, mais qui se marie avec le paysage environnant.» Les donateurs sont récompensés de thé vert et pâtisseries. En longeant les allées, on tombe sur le pôle éducatif. Une enfant se balade avec un micro et nous invite à rejoindre son stand : «Participez à notre jeu ! Des lots et des jouets à gagner !» - on s'approche. C'est un appel aux inscriptions et aux dons pour un projet d'école islamique dans le 15e arrondissement de Paris.

«Se sentir normales pour une fois»

La directrice du projet, qui préfère rester anonyme, nous confie : «Nous n'avons pas encore entamé les procédures pour obtenir les autorisations, car il faut des locaux aux normes et les nôtre sont trop petits. Mais il est sûr que la demande au sein de la communauté musulmane est croissante. C'est en partie dû à l'interdiction du voile. Beaucoup de filles ont une grande capacité mais se sentent sous-estimées. D'autre part, certaines nouveautés comme la théorie du genre font peur, et les parents préfèrent savoir que leurs enfants sont éduqués dans une certaine éthique. Mais le projet n'est pas réservé exclusivement aux musulmans, tous sont les bienvenus. Juifs, chrétiens, ou autres. C'est aussi ça l'islam.» Même si ces écoles assurent une bonne insertion après le bac, dans quelle mesure ces étudiants trouveront un débouché ? Tout est question de choix. Ghaya est mauritanienne, et s'exprime dans un français parfait : «Je suis en France depuis 3 ans, et je suis voilée mais je pense qu'il vaut mieux aller dans une école publique, on est mieux intégré. On ne peut pas vivre en marge de la société. » Mariam, son amie, désapprouve : «On nous force à nous tourner vers ces options. Si on nous acceptait comme on est, on n'aurait pas à choisir .» Tarba, silencieuse jusque-là, nous confie : «Indépendamment de cette question, je pense que la RAMF est un moyen pour les musulmanes de se sentir normales pour une fois. Personne ne nous regarde, ni nous remarque.»

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Au pays du ballon rond, l'islam brésilien gagne du terrain

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islam Brésil

Avec 126 millions de fidèles, le Brésil est le premier pays catholique au monde. Discrète, une petite communauté musulmane s'est solidement implantée au fil du temps, et connaît depuis une quinzaine d'année une progression qui fait parler d’elle.

Sans pour autant connaître une explosion fulgurante, l'islam se fait lentement, mais sûrement, une place dans la mosaïque religieuse brésilienne. Pour la plupart catholiques, les fidèles se tournent de plus en plus vers la troisième religion monothéiste. Selon l'IBGE - Institut brésilien de géographie et statistiques - le nombre de musulmans au Brésil aurait augmenté de 29.1% entre les années 2000 et 2010. Toujours selon l'IBGE, la plus grande population musulmane se trouve à São Paulo, suivie de près par Paraná, Rio Grande do Sul et Rio de Janeiro.

Un nombre de fidèles difficile à déterminer

Les instances religieuses revendiquent entre 2 et 3 millions de fidèles. Les recensements officiels, eux, n'en dénombrent que 36 000. Aucun des deux chiffres n'est pourtant fiable : les instances musulmanes se basant sur des estimations, et les recensements étant souvent inexacts. En effet, le Brésil ne recense pas la part de sa population musulmane.

Les chiffres ne sont publiés que pour les catholiques, évangéliques, juifs, et adeptes des religions afro-brésiliennes ou spirites. «Les musulmans sont listés dans la catégorie «autres», aux côtés des bouddhistes par exemple» déplore Paulo Pinto, professeur à l'Université Fédérale de Fluminense, cité par le site d'information Dawn.com. Selon lui, les musulmans seraient au nombre d'un million dans le pays. Quoi qu'il en soit, le pourcentage reste moindre sur une population de plus de 203 millions d'habitants. C'est surtout la part de conversions qui est remarquable. À Rio, il y a quelques 500 familles musulmanes dont 85 % sont des Brésiliens convertis.

 

Une télénovela derrière plusieurs conversions

Les chiffres concernant la démographie musulmane brésilienne ne sont pas précisément connus et oscillent de 36 000 âmes à... 3 millions.

Dans un article du Bondy Blog, Hussein - auparavant Klenio – explique sa conversion : «A la mort de mon père, ma tante qui vit au Liban nous a invités à passer quelques jours là-bas, j’y ai fait plusieurs rencontres enrichissantes. (...) Je les observais, même s’ils restaient discrets sur leur religion. Ils n’avaient pas ce discours violent» poursuit-il. Sa femme Bruna, devenue Fatima, est également convertie. Son intérêt pour l'islam aurait grandit à la suite de la diffusion d'une télénovela. Ce qui pourrait sembler une anecdote est en fait un réel phénomène de société. «À l'université, les cours sur le monde arabe et l'islam, autrefois exotiques, sont bondés. Au Brésil, l'engouement a été attisé par une spécificité locale : la telenovela. Le Clone». O Clone - de son titre original – est une série télévisée lancée par la chaîne Globo. Diffusée fin 2001, elle a pour but de montrer le monde arabe sous un nouveau jour. Elle prend place au Maroc et «a pour héros un musulman; particulièrement attentif envers sa femme» explique Paulo Pinto. Certes, l'engouement pour une série est une bien faible motivation pour se convertir à une religion; et une part des conversions restent éphémères. C'est toutefois le signe d'une curiosité croissante envers l'islam dans le pays.

La présence musulmane au Brésil remonte au XVIe siècle.

Un islam historique au Brésil

Les premiers musulmans ont fait leur apparition au Brésil au début du XVIe siècle. Une deuxième vague suivra peu après. Pendant les quatre siècles suivant, tous les musulmans au Brésil étaient des esclaves africains. C'est l'arrivée des populations proche-orientales qui change la donne. Syriens, Libanais, et Palestiniens constituent la vague d'immigration la plus récente. Dès le début du XXe siècle, ils fuient l'empire Ottoman et se réfugient au Brésil. Pour la plupart, ils sont aujourd'hui complètement assimilés à la population brésilienne : 90% d'entre eux ont la nationalité, et beaucoup ne parlent même plus l'arabe. Au Brésil, la première mosquée se fera attendre, et n'a été inaugurée qu'en 1960. La construction d'autres lieux de cultes ne commencera réellement qu'à partir des années 1980, pour enfin s'accélérer au début des années 2000. Il y a aujourd'hui plus de 127 mosquées au Brésil, soit quatre fois plus qu'en 2000.

Le nouveau visage des fidèles

Le visage de l'islam brésilien change totalement au cours des dernières années. Connu pour être pratiqué dans les familles immigrées et relativement bourgeoises, voire de la haute société, l'islam se fait plus courant au milieu des favélas. Les fidèles, en majorité Noirs, y trouvent une alternative à l'Eglise catholique. Le Mouvement noir unifié (MNU) soutient que Jésus est toujours représenté en homme blanc, et que beaucoup de jeunes Noirs ne se sentent pas considérés.

Fidèles en prière à la mosquée de Sao bernardo do campo.

D'autres y trouvent un réconfort dans la pauvreté, ou encore un remède et un appui moral. «Posse Hausa» est un groupe de hip-hop dont une partie des membres s'est convertie à l'islam. Selon Honerê Oadq, star de hip-hop brésilienne, l'islam a sauvé son entourage de l'alcool, la drogue et la prison. «L'islam se présente comme une idéologie tiers-mondiste, semblable à celle qu'on pouvait trouver dans la théorie de la libération latino-américaine avant que l'Église catholique décide de freiner son expansion» explique Paulo Pinto. Selon certaines études, près de 70% des convertis au Brésil sont «des femmes, jeunes pour la plupart, avec un niveau d'études plutôt élevé». Le Brésil a le mérite de soutenir sa population. Après les événements du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient demandé aux gouvernements paraguayen et brésilien de surveiller leurs communautés musulmanes, sous prétexte qu'elles pouvaient couver des tendances terroristes. Le Paraguay s'était exécuté, emprisonnant et torturant des commerçants de Ciudad del Este. Le Brésil avait en revanche déclaré qu'il «défendrait tous les citoyens brésiliens contre des ingérences étrangères».

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Palestine, CFCM, islam : le virage historique de l'UOIF

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UOIF Bourget 2015

Au surlendemain de la clôture de la 32e édition du Rassemblement annuel des musulmans de France organisé chaque année par l'Union des organisations islamiques de France, quel bilan peut-être tiré des orientations proposées et défendues par la Fédération musulmane proche des Frères musulmans ? Zaman France revient sur quelques temps forts du salon couramment appelé «Le Bourget».

Que faut-il retenir de cette 32eédition du Rassemblement annuel des musulmans de France (RAMF) ? Difficile d'y voir clair face à la richesse du programme de ce cru 2015 dont le thème était «Mohammed, Prophète de miséricorde et de paix». Plus d'une centaine d'intervenants ont pris la parole au cours de cet événement qui représente le plus grand rassemblement de musulmans en Europe. Incontestablement, ce 32e rendez-vous a été du point de vue logistique une réussite. Les 1700 militants de l'UOIF ont eu fort à faire avec un programme titanesque découplé sur deux zones, la grande salle classique des conférences et un autre espace où se sont déroulés toute une séries de débats sous l'intitulé Forum Génér'action.

Une floraison inouïe de thématiques a été présentée et abordée : outre une vingtaine de conférences abordant un aspect de la vie et du message prophétique, les questions de l'islamophobie, de la radicalisation religieuse, du terrorisme et la représentation de l'islam en France ont été traitées. Quand aux débats du Forum, les sujets n'étaient pas moins ambitieux : l'après-Charlie, l'écologie, l'engagement politique, les libertés religieuses, le dialogue interreligieux, le féminisme, le patriotisme...

La couverture digitale était également appréciable : retransmission en direct, qui avait été interrompue l'an dernier ; interviews vidéos et fonctionnalité maximale du site internet de la RAMF. Pour le reste, la recette traditionnelle du Bourget, un savant mélange artistique de conférences religieuses enrobées de messages voire de consignes politiques, a bien été respecté.

Ne pas importer la question palestinienne

Pour autant, quelques variantes ne sont pas passées inaperçu cette année. Le virage le plus spectaculaire est celui de l'institution elle-même qui, en la personne de son président Amar Lasfar, a évoqué au cours de son discours prononcé le samedi 4 avril la question palestinienne. Idéologiquement proche des Frères musulmans, l'UOIF a toujours eu une posture très pro-palestinienne, pas seulement d'un point de vue humanitaire mais y compris politiquement. Cette année, les visiteurs ont remarqué une inflexion significative de la position officielle de l'UOIF. «Il ne faut pas importer les conflits étrangers en France. La question palestinienne se réglera en Palestine et non en France» a ainsi déclaré Amar Lasfar.

Le président de l'Union des organisations islamiques de France, Amar Lasfar.

Comment interpréter ce changement de position politique d'une institution qui s'est toujours vue comme l'équivalent communautaire du CRIF pour les musulmans, en dépit de son ostracisation par la classe politique française ? Là repose précisément l'explication. Depuis douze ans, l'UOIF s'est retrouvée considérablement isolée politiquement. Le temps de la visite de Sarkozy en 2003 est lointain et les élus boudent désormais la RAMF. Les propos récents et plutôt hostiles de Manuel Valls sur les Frères musulmans qui viennent s'ajouter au boycott de ce mouvement dans certains pays arabes ont considérablement fragilisé l'UOIF qui tente de se «déFrérisé». Les manœuvres autour de la réorganisation de l'islam de France, la réforme du CFCM et les projets d'élargir la consultation musulmane à la société civile, autant de directives décidées Place Beauvau, ont également obligé d'une certaine manière l'UOIF a réagir, au risque d'être définitivement écarté des débats et des décisions communautaires et gouvernementales.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en présence du Premier ministre Manuel Valls, à la cérémonie de naturalisation de Lassana Bathily, l'homme qui sauva des clients au cours de l'attaque terroriste à l'Hypercasher de Paris.

C'est ainsi qu'il faut comprendre la présence de Dalil Boubekeur et de la Mosquée de Paris comme invités d'honneur de cette 32e rencontre. Le départ de l'UOIF du CFCM, en guise de protestation contre l'absence de démocratisation de l'instance, fait bien partie du passé. Cette politique a été vivement critiquée dans les réseaux historiques du réformisme islamique en France. Yamin Makhri, co-fondateur de l'Union des Jeunes musulmans et des éditions Tawhidà Lyon, a qualifié de trahison «aux idéaux défendus par les résistants de l'école réformiste de l'Islam, de Hassan Al-Bannaà Ibn Badis en passant par Abd el-Krim el-Khattabi», cette position politique sur la Palestine. Siham Andalouci, qui s'illustra dans la dynamique Présence musulmane de la fin des années 1990 au milieu des années 2000, dynamique qui accompagna l'émergence de Tariq Ramadan en France, parle elle de «honte prévisible dans le monde de la mesquinerie politicienne».

Stand au salon du Bourget consacré à l'aide humanitaire en Palestine.

Se réconcilier avec la jeunesse musulmane

Sortir de son isolement impliquait également pour l'UOIF de se réconcilier avec une partie importante de la base musulmane. En effet, l'institution avait perdu de son crédit après sa politique de conciliation avec l'Etat qui avait accompagné son entrée au CFCM en 2003. A l'époque, l'UOIF voulait sortir de sa marginalisation et de la méfiance suscitée par son affiliation frériste en visant la reconnaissance officielle de l'Etat. Cette politique avait mené l'UOIF à jouer patte de velours sur le projet de loi du 15 mars 2004 interdisant le voile à l'école, en refusant de se mobiliser frontalement ce qui lui aurait valu l'étiquette de fondamentaliste dont elle cherchait à se libérer. Un an plus tard, pour répondre aux attentes sécuritaires de l'Etat, l'organisation avait produit une fatwa condamnant du point de vue islamique la violente fronde des jeunes, islamisant une problématique qui n'avait rien de religieux.

Véhicule incendié au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, au cours des émeutes de 2005.

Cette politique coûta cher à l'UOIF qui perdit de son audience auprès des jeunes musulmans des grandes métropoles françaises (Paris, Lyon, Marseille...). La sortie du livre témoignage de Farid Abdelkrim, un ancien militant de l'Union, a donné une idée publique de l'ampleur des divergences et des reproches adressés à l'organisation islamique. La traversée du désert qui s'ensuivit nécessitait donc un sérieux toilettage pour l'Union qui commença par réinvestir la question de l'islamophobie, via le Comité du 15 mars. L'UOIF participera aux deux meeting du Forum contre l'islamophobie, vaste plate-forme réunissant des associations musulmanes, le Parti des Indigènes de la République, des syndicats et des partis de gauche, en décembre 20014 et mars dernier. Plusieurs intervenants de ces meetings étaient d'ailleurs à la tribune de nombreuses conférence de la 32e RAMF.

Le ralliement de Tariq Ramadan

L'autre élément significatif de cette édition 2015 est l'implication personnelle de l'intellectuel Tariq Ramadan au congrès du Bourget. L'histoire des relations entre Tariq Ramadan et l'UOIF fut pendant longtemps très agitée. Tour à tour admis, boycotté, séduit puis intégré dans le dispositif de la RAMF, la participation de l'intellectuel suisse n'a jamais été aussi aboutie que cette année. En 2011, au cours d'un débat avec le journaliste d'extrême-droite, aujourd'hui maire Front national, Robert Ménard, le prédicateur avait annoncé, agacé, qu'il s'agissait de sa dernière participation à la suite d'un changement de programme subi. Depuis la vidéo de ce débat a été supprimée de Youtube et en 2012, Ramadan s'expliquait dans une nouvelle vidéo «disponible» sur les raisons de son retour.

 

Quoi qu'il en soit, la participation de Tariq Ramadan au Bourget est une aubaine réciproquement avantageuse. Pour l'UOIF, la présence de Ramadan est gage d'affluence tant la popularité et l'omniprésence médiatique de l'islamologue n'est plus à démontrer. Elle renforce et légitime sa stratégie de reconquête de la jeunesse musulmane et militante, et partant, sa volonté politique de s'imposer comme l'organisation légitimement représentative des musulmans de France. Pour Ramadan, la participation à la RAMF est indispensable. Elle lui offre la possibilité de présenter et commercialiser ses ouvrages, deux sorties éditoriales consécutives cette année, et lui garantit une caisse de résonance durable auprès du public musulman.

L'essoufflement, puis la disparition de la dynamique Présence musulmane qui le portait il y a plus de dix ans, et dont l'objectif initial était la formation et l'émergence d'une génération de leaders d'opinions dans les quartiers populaires, a en partie imposé cette option à Ramadan qui oscille désormais entre sa proximité avec les Indigènes de la République et l'UOIF. C'est lui qui a lancé le teaser officiel de la RAMF 2015, une petite vidéo invitant les musulmans à se rendre à cette 32e rencontre. Tariq Ramadan a en échange bénéficié cette année d'une visibilité maximale (conférences, débats au Forum Génér'action, interviews). La consolidation de cette alliance est donc l'une des caractéristiques de la récente reconfiguration politico-religieuse de l'UOIF.

 

 

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Le football français, bastion des joueurs musulmans en Europe

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La France, le pays qui abrite la plus forte communauté musulmane au sein de l’Union européenne, est également en tête du peloton s’agissant des footballeurs de confession musulmane.       

 

Une des plus prestigieuses d’Europe, la Ligue 1 de France est également celle qui compte le plus de footballeurs de religion musulmane. Sur les 562 joueurs qui s’illustrent au sein des 20 équipes de la compétition, 71 sont de cette confession.

Mevlüt Erdinç, footballeur d'origine turque, joue dans l'équipe de Saint-Etienne

20 footballeurs musulmans dans l’équipe nationale depuis 1998

Chacune des équipes a au moins un sportif musulman alors que l’Olympique Lyonnais tient le haut du pavé avec pas moins de 8 professionnels. Suivent Bordeaux, Monaco, Montpellier, Lens, Lorient et Nantes (5), Bastia, Evian, Nice et Guingamp (4).

Depuis la victoire de la Coupe du Monde en 1998, l’équipe nationale française a vu passer 20 sportifs qui se revendiquent de l’islam, la deuxième religion de France. Les plus célèbres sont Zinedine Zidane, Thierry Henry, Franck Ribéry, Samir Nasri et Karim Benzema.

Ribery, Benzema et Nasri étaient les meilleurs attaquants de l'équipe de France

Les effets de la colonisation et de l’immigration

Les deux raisons principales qui expliquent ce chiffre sont la colonisation et l’immigration.

A partir du 18e siècle en effet, la France fait venir à la métropole des populations du Mali, du Sénégal et d’Algérie.

Et au 20e siècle, ce sont les Marocains, les Tunisiens et les Turcs qui viennent s’y installer pour des raisons économiques.

Karim Benzema, d'origine algérienne, a été capitaine de l'équipe de France

Les stars qui se sont converties à l’islam

A côté de ces footballeurs qui sont nés musulmans, il en existe de nombreux qui ont embrassé l’islam. On peut citer Nicolas Anelka (ancien de Fenerbahçe), Franck Ribery (ancien de Galatasaray), Eric Abidal (ancien du FC Barcelone) et Thierry Henry.

Franck Ribery débute souvent ses matchs par une prière

Influencés par leurs pairs ou les membres de leur entourage musulmans, ces joueurs sont également connus pour leur piété.

«Je me suis senti très proche de l’islam»

Thierry Henry, qui fait partie de l’un des joueurs les plus performants du football mondial, a connu l’islam à travers ses amis Abidal, Anelka et Ribéry.

Né en 1977 aux Ulis, Henry entre à l’Union sportive Palaiseau à 12 ans avant d’être repéré par Arsène Wenger et de se lancer dans une brillante carrière. Monaco, Arsenal, FC Barcelone, l’équipe de France, le parcours est époustouflant. Il joue dans 916 matchs et marque 411 buts au total.

La star Thierry Henry s'était prosterné après avoir marqué un but

En 2009, une révélation tombe dans les médias. «Puisque de nombreux amis à moi, avec qui je me sens très proche, se convertissent à l’islam, comme Philippe Christanval, Nicolas Anelka, Peter Luccin, Eric Abidal, Franck Ribery, et Didier Domi, je ne sais pas comment l’expliquer, mais je me suis senti très proche de l’islam, que je considère comme la religion la mieux adaptée à moi», déclare Henry à Al Jazeera.

D'anciens joueurs de la Ligue 1 qui sont en Turquie

Les anciens footballeurs de la Ligue 1 qui jouent actuellement en Turquie, Moussa Sow (Fenerbahçe), Demba Ba (Besiktas), Mustapha Yatabaré (Trabzonspor) et  Aatif Chahechouhe (Sivasspor) sont particulièrement adulés par le public turc.  

Moussa Sow et Demba Ba à La Mecque

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L'agenda culturel du 1er au 7 mai

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Expo photo | Canakkale Geçilmez■ Exposition | Calligraphies arabes■ Rencontre | Grande figure : Georges Corm■ Table ronde | Israël-Palestine : nouvelles recherches■ Table ronde | Gaz et pétrole au Moyen-Orient, quels enjeux ?■ Table ronde | L’islam radical britannique est-il l’islam radical de France ? 

Expo photo | Canakkale Geçilmez► Autour du thème de la bataille des Dardanelles, une exposition de photos, une conférence prononcée par Ilber Ortayli (université de Galatasaray), un concert de musique traditionnelle, ainsi qu’une pièce de théâtre. ► Le 3 mai de 12h00 à 22h00 ■ 10, rue Ampère | 95300 Pontoise

 

Exposition | Calligraphies arabes► A partir des règles strictes sur lesquelles repose son art, le calligraphe algérien Abdelkrim Benbelkacem invente sans cesse des formes nouvelles. ► Jusqu’au 2 mai ■ Le Patronage laïque «Jules Vallès» ■ 72, avenue Félix Faure | 75015 Paris

 

Rencontre | Grande figure : Georges Corm► Ancien ministre libanais des Finances, économiste et historien, Georges Corm est consultant auprès de divers organismes internationaux et professeur d’université. Dans son dernier ouvrage, Pensée et politique dans le monde arabe, Contextes historiques et problématiques, XIXe-XXIe siècle (La Découverte, 2015), il décrit la complexité de la pensée arabe depuis le XIXe siècle. ► Le 7 mai à 18h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V | 75005 Paris

Table ronde | Israël-Palestine : nouvelles recherches ► Avec Matthieu Cimino (CERI), Thomas Vescovi (université Paris VIII) et Xavier Guignard (IFPO). ► Le 5 mai à 18h30 iReMMO ■ 5-7, rue Basse des Carmes | 75005 Paris

Table ronde | Gaz et pétrole au Moyen-Orient, quels enjeux ?► Avec Philippe Hochart (GDF-Suez), Olivier Appert (IFPEN) et Matthieu Auzanneau (Shift Project). ► Le 6 mai à 18h30 iReMMO ■ 5-7, rue Basse des Carmes | 75005 Paris

Table ronde | L’islam radical britannique est-il l’islam radical de France ?► Avec Dominique Thomas (auteur de Le Londonistan. Le Djihad au cœur de l’Europe, Editions Michalon, 2005) et Guido Steinberg (auteur de German Jihad: On the Internationalization of Islamist Terrorism, Columbia University Press, 2013). ► Le 5 mai à 18h00 EHESS ■ 105, boulevard Raspail | 75006 Paris

 

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Napoléon était-il musulman ?

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«J’espère que le moment ne tardera pas où je pourrai […] établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l’Alcoran, qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes» (Napoléon Bonaparte)

Il y a 201 ans, le 20 avril 1814, Napoléon Bonaparte partait pour l’île d’Elbe. Celui qui un an auparavant régnait sur l’Europe signait là sa première abdication. Or c’est sur cette île où ses ambitions impériales n’appartiennent plus guère qu’au passé que le général écrit dans son Journal : «Jésus se dit Fils de Dieu et il descend de David. J’aime mieux la religion de Mahomet, elle est moins ridicule que la nôtre, aussi les Turcs nous appellent-ils idolâtres !» Cette phrase, ainsi qu’un passage plus long et plus explicite, mais forgé de toutes pièces, continuent d’alimenter des polémiques passionnées : Napoléon Bonaparte se serait converti à l’islam au crépuscule de sa vie.

Il n’y a aucune preuve tangible à l’appui de cette thèse. Plus intéressante par contre est la question du rapport de Napoléon à l’islam. Au plan de l’action – la politique islamique du Consulat et de l’Empire –, comme au plan des idées – les vues de l’empereur sur la religion islamique et sur l’homme qui en a été le prophète. L’expédition d’Égypte (1798-1801) visait en réalité l’ennemi britannique et, au-delà, l’extension vers l’Est d’un empire français sur les traces d’Alexandre le Grand.

Il s’agissait de prendre l’Egypte aux Anglais pour progresser ensuite vers les Indes, où les Français pouvaient compter sur le sultan de Mysore, Tipû Sahib, ennemi irréductible des Britanniques. Il fallait pouvoir compter sur la neutralité de l’Empire ottoman. Talleyrand devait y pourvoir : il fera faux bond. C’était le premier d’une succession d’échecs et de retournements d’alliances qui aboutiront à la capitulation française en 1801.

Gagner la confiance des oulémas

De ce rêve d’un empire français d’Orient de l’Atlantique à l’Indus, il ne subsistera que deux résultats tangibles : l’Institut d’Egypte, et son immense contribution scientifique, et la conquête d’Alger en 1830, sur la base d’un plan des défenses de la ville relevé en 1808 par un agent secret de Napoléon, le commandant Boutin. C’est dans ce contexte stratégique qu’il faut replacer les nombreuses citations liées à l’islam : il s’agissait de gagner la confiance des «ulémas, nobles, cheiks, imams et fellahs» sur lesquels on prétendait régner. Quitte à faire précéder une proclamation (17 juillet 1799) de la profession de foi musulmane : «Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète !».

Le respect pouvait néanmoins être sincère, lié à la conviction – politique – qu’une société doit reposer sur un socle moral d’essence religieuse : «J’espère que le moment ne tardera pas où je pourrai […] établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l’Alcoran, qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes» écrit Bonaparte au cheikh El-Mesiri, membre du Divan d’Alexandrie (28 août 1798).

L'islam, «la religion la plus belle»

Aux dignitaires du Caire, réunis après la victoire des forces anglaises à Aboukir, il n’hésitera pas à affirmer : «Je vous ai souvent dit et vous ai répété que j’étais un musulman, que je croyais à l’unité de Dieu, que j’honorais le prophète Mahomet»… Le fait est qu’ «Il fallait […] se concilier les idées religieuses […] ; il fallait convaincre, gagner les muphtis, les ulémas, les schérifs, les imams, pour qu’ils interprétassent le Coran en faveur de l’armée», lit-on dans ses Mémoires dictés au général Bertrand.

Napoléon est un homme des Lumières ; à la fois déiste et pragmatique, il a de l’histoire sacrée une conception positiviste. D’où sa fascination pour Muhammad, «qui a détruit les faux dieux [et] propagé plus que qui que ce soit la connaissance d’un seul Dieu dans l’univers [montrant ainsi que] les plus petites sociétés [lorsqu'] elles ne sont point cimentées par les liens de la moralité, si nécessaire à la société [...] se détruisent d’elles-mêmes». Or à cet égard, l’islam, en proclamant dans toute sa pureté l’unicité de Dieu, consacre «la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus-Christ», ce en quoi, sans doute, elle est aux yeux du grand homme «La religion […] la plus belle.»

 

 

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Jupe longue : Pour Najat Vallaud-Belkacem, l'école «a fait preuve de discernement»

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La polémique qui dure depuis plusieurs jours autour de la jupe noire portée par Sarah K., élève de 3ème au collège Léo-Lagrange. Elle se serait vue l'interdiction d'entrer en classe à deux reprises. Toutefois, l'Académie de Reims a démenti un renvoi. La classe politique s'est exprimée sur le sujet.

Prosélytisme : non pas dans la tenue mais «dans l'attitude»

Entendue ce matin sur l'antenne de RTL, la Ministre de l'éducation Nationale et de l'enseignement supérieur Najat Vallaud Belkacem a déclaré soutenir l'équipe pédagogique qui «a fait preuve du discernement que l'on attend d'elle pour juger du caractère prosélyte ou pas ; non pas de la tenue, mais de l'attitude de l'élève». Ces propos seraient justifiés par le fait que Sarah K. se serait présentée en jupe avec d'autres de ses amies.

C'est ce que soutient également Eric Ciotti, député-maire UMP de Nice, invité de BFM TV. Selon lui, le fait de porter cette jupe revenait à «imposer une appartenance religieuse qui relève de l'intime, à la collectivité», selon lui le port de cette jupe (achetée chez Kiabi, selon L'Ardennais) est le «signe d'une expression religieuse».

«Une perversion de la laïcité»

En revanche, Corinne Corinne Narassiguin, porte parole du PS, invitée sur le plateau d'iTélé hier 29 avril, a elle déclaré que les instructions sont «très claires sur l'application de la loi sur le port de signes religieux à l'école. Clairement, la jupe ne fait pas partie des signes religieux». Elle ajoute que l'on «assiste à une perversion de la laïcité» avant de conclure qu'il faut «poser des limites, car on déborde vers l'ineptie»

De même, Abdallah Zekri, président de l'Observatoire des actes islamophobes du CFCM, a dénoncé le comportement du collège, faisant remarquer qu'il ne va pas «dans le sens du vivre ensemble et du respect de l'autre». «Nous vivons actuellement dans une hystérie collective. Ça suffit maintenant» a-t-il ajouté.

A l'étranger : la France en mauvaise lumière

A l'étranger aussi, l'affaire fait parler. Que ce soit en Angleterre, en Italie, ou même outre-Atlantique, la presse s'indigne du comportement français.

Les réactions

La mère de l'adolescente a elle exprimé le souhait de voir la polémique se tasser. Elle a déclaré à l'AFP que la jupe de sa fille est «simple sans signe particulier». «Ce n'est pas religieux mais si l'école refuse que ma fille la porte en cours, elle ne la mettra pas», a-t-elle ajouté avant de poursuivre que leur famille «ne cherche pas de problème» et que «l'important c'est que ma fille continue ses études». «On ne comprend pas pourquoi l'école a réagi comme ça: quand il fait chaud elle met une jupe, sinon, elle met un pantalon, c'est tout» a-t-elle souligné.

Une pétition intitulée «Mettez un terme aux dérives de la laïcité à l'école !» a été lancée sur change.org par Sihame Assbague, porte-parole du collectif Stop le Contrôle au faciès.

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USA : deux hommes armés tués à un concours de caricatures sur le Prophète

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fusillade USA

Deux hommes ont ouvert le feu dimanche au Texas lors d'un concours de caricatures représentant le prophète Muhammad avant d'être abattus par la police, ont annoncé les autorités.

La fusillade s'est produite peu avant 19h00 à Garland, ville située près de Dallas, dans un parking du centre où se tenait l'événement, le Curtis Culwell Center. L'homme politique néerlandais d'extrême-droite Geert Wilders figurait parmi les intervenants de cette manifestation.

La police a indiqué ne pas avoir pu établir l'identité des deux suspects ni s'ils étaient liés à des personnes ayant critiqué cette manifestation comme anti-islamique.

"Je n'ai aucune idée de qui ils sont, si ce n'est qu'ils sont morts et dans la rue", a déclaré un porte-parole de la police de Garland.

L'examen du véhicule des tireurs est en cours au cas où des explosifs s'y trouveraient, a ajouté ce porte-parole.

L'événement, appelé Mohammad Art Exhibit and Contest, était organisé par Pamela Geller, présidente de l'American Freedom Defense Initiative (AFDI). Cette organisation, considérée par certains comme incitant à la haine, a financé des campagnes de publicité contre l'islam.

Les organisateurs ont dit vouloir promouvoir la liberté d'expression. Ils offraient un prix de 10.000 dollars (près de 9.000 euros) pour l'illustration ou la caricature du prophète jugée la meilleure, ainsi qu'un prix de 2.500 dollars représentant le choix du public.

POSITIONS CONTRE L'ISLAM

Dimanche, les deux suspects armés se sont garés devant le bâtiment alors que le concours touchait à sa fin. Ils ont ensuite commencé à tirer sur un officier chargé de la sécurité, le touchant à la jambe, a indiqué le porte-parole de la police.

Des tirs ont ensuite été échangés entre la police de Garland et les deux hommes, qui ont été abattus.

Le gardien chargé de la sécurité est sorti de l'hôpital.

La plupart des personnes qui assistaient au concours étaient à l'intérieur quand les tirs se sont produits. Elles n'ont pas réalisé ce qui se passait jusqu'à ce que la police pénètre dans le bâtiment et conseille à tous de rester à l'intérieur en raison d'une fusillade.

Pamela Geller est connue pour ses positions contre l'islam. En 2010, elle avait organisé un défilé à New York sur le site où devait être construit un centre islamique, près de l'emplacement du World Trade Center, détruit par les attentats du 11 septembre 2001.

En réponse à la tuerie de Garland, l'AFDI a publié un communiqué sur Facebook revendiquant la liberté d'expression.

Dans son discours diffusé sur le site internet de l'AFDI, Geert Wilders explique les raisons qui l'ont conduit à soutenir le concours de caricatures, affirmant que les représentations du prophète et la violation ce faisant d'un des grands tabous de l'islam, était un acte libérateur.

"Notre message aujourd'hui est très simple", a dit le Néerlandais. "Nous n'autoriserons jamais la barbarie, n'autoriserons jamais l'islam, à nous voler notre liberté d'expression."

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Ce qu'il faut savoir sur le penseur algérien Malek Bennabi

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Malek Bennabi

Le 25 avril dernier, Jamel El Hamri, chercheur à l’EPHE, a prononcé une conférence intitulée «Bennabi et la civilisation musulmane». Malek Bennani (1905-1973) est un penseur humaniste musulman né à Constantine, dans une Algérie encore sous le joug colonial. C’est ce contexte de domination qui constituera le point de départ de sa réflexion sur la société algérienne en particulier et sur la civilisation musulmane en général. Sa vie durant, – à travers une œuvre d’autant plus riche et féconde qu’elle est irriguée par une foi sincère (27 ouvrages, dont le monumental Vocation de l’islam) –, il s’est employé à combattre ce qu’il appelé la «colonisabilité».

Par ce néologisme, il désigne le défaut d’inventivité, de création et d’action à l’origine de la décadence de la civilisation arabo-musulmane, de l’affaiblissement des pays d’Islam et, finalement, de leur colonisation par d’autres nations, qu’elle soit directe (Algérie française) ou non (tutelle économico-politique des pétromonarchies, riches en matières premières mais dont la production intellectuelle et industrielle est quasi nulle)… Il ne mésestime pas pour autant les préjudices causés par la colonisation, qui aboutit à «faire croire [à l’individu postcolonial] que tout est au-dessus de ses moyens.» Mais il refuse la position victimaire qui, en rejetant la responsabilité sur autrui, contribue à pérenniser la colonisabilité (culte de la personnalité du leader, habitudes serviles, matérialisme qui amène «à adopter non pas l’esprit, les moyens de la civilisation occidentale mais simplement ses besoins : on n’apprend pas à construire une auto, mais à l’acheter et à l’utiliser»…).

Une des rares photos du penseur algérien Malek Bennabi dont l'influence intellectuelle sur le monde musulman reste importante.

Le matérialisme mène au déclin

«Dieu ne change pas l’état d’un peuple tant que les hommes qui le composent ne changent pas leur comportement» (XIII:11). Le verset revient comme un leitmotiv dans l’œuvre du penseur réformiste, soucieux de tirer de sa torpeur la Oumma «post-almohadienne» (le déclin date en effet du XIIIe siècle). Pour ce faire, il a recours à la raison– critique par essence – pour comprendre, élaborer et agir, et à la foi, qui guide et donne sens («l’orientation, c’est la force à l’origine»). Le diagnostic étant posé et les moyens définis, il rejette dans un même mouvement les deux options retenues jusqu’alors, moyens naïfs d’atteindre au progrès et qui sont autant d’écueils. D’une part, l’idée que le progrès tiendrait à la seule réforme du «dogme» et du «prêche» ou, ce qui revient sensiblement au même, qu’il résulterait automatiquement du respect de l’orthodoxie et d’une pratique rigoureuse du rite (position qui est aujourd’hui encore, celle de nombre d’islamistes, réformistes ou non). D’autre part, l’idée que la solution serait politique au sens le plus formel du terme : un système représentatif (importé) fondé sur des élections libres, mais d’où serait bannie toute spiritualité (position qui est toujours celle des laïcs en pays d’Islam) ; or «une civilisation purement matérielle évolue [nécessairement] vers le déclin».

La notion de déclin et d'homme post-almohadien sont au centre de l'analyse civilisationnelle menée par Bennabi sur le monde musulman.

Renouer avec les idées de l'islam

Si, dans un cas comme dans l’autre, on fait fausse route, c’est parce qu’on reste au niveau des choses, alors que la civilisation relève fondamentalement du «monde des idées». On ne peut, ni faire l’impasse sur une nécessaire refondation appuyée sur une relecture critique des sources – précurseur d’Arkoun, Bennabi a été un des premiers à employer les outils des sciences humaines dans sa lecture du Coran –, ni importer des solutions, comme on importe «du matériel de chemin de fer, de l’extérieur».

 

Les musulmans doivent, au contraire, envisager les solutions au seul niveau des idées et «trouver l’élément de fécondation de [leur] pensée, les stimulants de [leur] culture, c’est-à-dire les principes de novation, d’invention, de création.» La dynamique qui a produit la brillante civilisation islamique est le fruit d’une Révélation adressée au cœur de l’homme, qui à travers le récit des hauts faits de «héros épiques» accomplit notamment «la leçon nécessaire de persévérance, de patience, de courage et de désintéressement». Un message qui doit constamment être redécouvert. L’œuvre de Bennabi n’a de cesse d’y appeler, les facteurs de colonisabilité étant toujours à l’œuvre.

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Médine appelle «au ‪#‎JihadSocial‬ pour contrecarrer l'illettrisme !»

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Médine Speaker corner

Le dernier clip du chanteur de rap Médine, Speaker Corner, fera-t-il autant de vagues que Don't Laïk ? C'est à prévoir à l'audition du texte plus que jamais engagé politiquement.

Sur fond de contestation sociale, le rappeur havrais Médine réendosse pour le meilleur et pour le pire le costume du porte-parole non officiel des banlieues. L'entame de texte annonce la couleur : «Ici République et Nation c'est que des stations de métro. Encore une phrase qui devrait remplir la gueule de Finkielkraut. 10 ans plus tard, j'amène mon message par les voies de la provoc'».

 

Si Don't Laïk dénonçait l'apartheid social en France pour les musulmans visibles et le dévoiement de la laïcité par les élites, dénonciation dont la forme a été jugée déviante et dangereuse par certains intellectuels français, Speaker Corner (coin des orateurs) poursuit la critique sur le terrain social et politique. 

De la contestation anti-système à la «réforme» du système

Le titre est une référence au lieu public et symbolique situé à Londres où chaque Londonien peut prendre publiquement la parole. Parmi les passages phares du texte médinien, un appel «au ‪#‎JihadSocial‬ pour contrecarrer l'illettrisme !» est ainsi lancé. Pour le rappeur français, le jihad social est une allusion directe aux propos de l'intellectuel suisse Tariq Ramadan interrogé par l'hebdomadaire Le Point en 2014. «Aujourd'hui, le meilleur djihad pour un Français de confession musulmane, c'est d'être un citoyen dans son pays, de se battre pour faire régner la justice et de demander au gouvernement de respecter les individus à la lumière de ce que ses propres valeurs lui disent. Je crois qu'il y a un vrai djihad de la citoyenneté active à mener : être la voix des sans-voix au coeur de l'Occident», avait alors clamé le prédicateur musulman. 

Médine, voix de la provoc' 

Autre passage du texte que certains jugeront sulfureux : «On m'a colonisé, je viens rendre la pareille (…) c'est la saison 2, c'en est finit d'être assaisonné». Interrogé par Zaman France, l'artiste a clarifié ses propos : «C'est une référence au traitement des populations issues de l'immigration qui sont données actuellement pour responsable d'une situation dont elles sont les victimes. Par ailleurs, il ne s'agit pas de victimisation qui est un logiciel appartenant aux luttes antiracistes du passé. Avec ce morceau, on est dans l'étape d'après, l'auto-détermination par l'éducation populaire». Les pontes de SOS Racisme (Dominique Sopo) sont également épinglés au passage. Sur le plan artistique, la griffe médine est bien présente avec l'effet doublé, un vers rappique et politique suivi d'un autre à la sonorité similaire, tel un enchaînement droite gauche que le rappeur qui pratique aussi la boxe apprécie, comme l'illustre sa participation au show d'adieu du kick-boxeur français Jérôme Le Banner. On l'aura donc compris, Speaker Corner est un morceau où tous les ingrédients de la polémique sont bien réunis. On regrettera peut-être la filiation insistante de l'artiste avec des figures de gauche au discours respectable mais qui sont loin d'être anti-système, comme Edwy Plenel et Tariq Ramadan nommément cités dans le clip, qui, en tant qu'intellectuels du système, ont précisément leurs entrées. 

 

 

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Qui sont les alévis ?

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Issu du terreau anatolien, et présent principalement parmi les descendants des anciennes tribus turkmènes qui ont peuplé la région, l’alévisme –  forme locale de l’hétérodoxie chiite – est un phénomène ancien, qui, pour l’essentiel, remonte au XIVe siècle.

Le 6 mai dernier, des membres de la Confédération de l’Union des Alevis en Europe ont manifesté devant les représentations diplomatiques turques en Europe pour dénoncer la position du gouvernement vis-à-vis de Daech. A l’instar des Kurdes, des yézidis et des chrétiens, les alévis sont en effet les premières victimes de l’organisation djihadiste en Syrie.

En Turquie, pays où il constitue aujourd’hui la deuxième religion du pays, l’alévisme, forme anatolienne de l’hétérodoxie chiite, a une histoire mouvementée.

La République, qui a aboli, en 1925, les ordres religieux, puis toute référence à l’islam en tant que religion d’Etat en 1928, finance aujourd’hui le culte sunnite via le Diyanet, mais ne reconnaît pas l’alévisme.

Un siècle plus tôt (1826), l’Empire ottoman avait mis fin dans le sang à l’ordre des janissaires, corps militaire aussi puissant qu’acquis au bektachisme, une forme urbaine et mystique de l’alévisme.

Issu du terreau anatolien, et présent principalement parmi les descendants des anciennes tribus turkmènes qui ont peuplé la région, l’alévisme est un phénomène ancien, qui pour l’essentiel remonte au XIVe siècle (quoique sans rapport direct avec la conquête ottomane).

Le Coran n'est pas la parole de Dieu pour les alevis

Sur le plan du dogme, la différence d’avec le sunnisme hanéfite, – ciment de l’Etat ottoman, et aujourd’hui encore religion de la majorité des Turcs (3/4 environ) – est immense.

A l’opposition connue entre sens apparent et sens caché (zâhir et bâtin), dualité fondamentale caractéristique du chiisme, s’ajoute l’idée que le Coran n’est pas la parole de Dieu mais celle du Prophète, que si Dieu est bien incréé, le Coran ne saurait l’être : «Si le Coran était incréé, les prophètes, les saints, les croyants et les mécréants qui sont évoqués dans le texte sacré devraient l’être aussi», est-il ainsi affirmé dans Hüsniye, un des livres de référence de la doctrine alévie.

De même, le Prophète aurait affirmé dans un hadith : «Je suis la Cité de la Connaissance et Ali en est la Porte». Car au sein d’une conception mystique du rapport à Dieu, il s’agit, au terme d’un cheminement initiatique, de faire l’expérience de la fusion avec le Divin, avec le Dieu-Réalité.

Quatre portes y conduisent, qui sont autant d’étapes : la Loi religieuse ; l’enseignement et la pratique religieuse de l’ordre ; la connaissance mystique de Dieu et, enfin, la porte de la rencontre avec le Dieu-Réalité. L’initié, qu’au cours de ce cheminement un guide aura accompagné, accède alors au statut d’ «amoureux de Dieu».

Ceux qui ont atteint le Dieu-Réalité contiennent en eux-mêmes le macrocosme tout entier. On les appelle les Hommes Parfaits. Leur nombre est constant (366), même si l’assemblée ainsi constituée est toujours ouverte : les meilleurs se transformant en purs esprits, ils se voient remplacés par d’autres fidèles méritants…

La trinité alevie

Au plan céleste, on trouve tout d’abord la Sainte Trinité – Dieu, Muhammad, Ali –, suivie de la Sainte Famille – le Prophète, sa fille Fatima, son gendre Ali, et ses petits-enfants Hassan et Hussein – et les «gens du Martyr», parmi lesquels figurent notamment les douze imams.

Sur le plan formel, contrairement aux sunnites chez qui la langue arabe prévaut (récitation du Coran et prière), les alévis comme les bektachis n’emploient que le turc dans leurs pratiques cultuelles. Ils sont, du reste, à l’origine d’une riche tradition de poésie religieuse ; l’alévi Pir Sultan Abdal, qui vécut au XVIe siècle, est un poète majeur.

Les alévis et bektachis, qu’on trouve principalement en Turquie, où ils représentent entre 10 et 20 % de la population (soit environ 8 à 16 millions d’âmes), sont également présent dans les anciennes provinces européennes de l’Empire ottoman – Albanie, Kosovo, Bulgarie, Grèce, Chypre, Macédoine, Hongrie, Roumanie – leur aire de diffusion historique, ainsi qu’en Azerbaïdjan, Iran, Irak et Égypte.

 

 

 

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Entretien avec le leader islamiste tunisien Rached Ghannouchi

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L’islam, la révolution, la charia, la démocratie, la laïcité, la liberté, le terrorisme, Israël, l’homosexualité, les femmes, le voile, l’avortement… Rached Ghannouchi, l’incontournable chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, répond à toutes les questions du journaliste Olivier Ravanello. Sans ambages.

L’islam, la révolution, la charia, la démocratie, la laïcité, la liberté, le terrorisme, Israël, l’homosexualité, les femmes, le voile, l’avortement… Rached Ghannouchi, l’incontournable chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, répond à toutes les questions du journaliste Olivier Ravanello. Sans ambages : entretiens en tête-à-tête, aucune limite dans les thèmes abordés, aucune coupe ou retouche dans le texte et un traducteur choisi par le journaliste, spécialiste du monde arabe, et observateur de l’évolution politique des mouvements islamistes, passés de la clandestinité à la tête de l’État à la faveur des printemps arabes. Loin des analyses de bazar et des polémiques subjectives, cet ouvrage permet au lecteur de se faire une opinion argumentée sur l’islam politique. A la fois penseur islamiste et acteur politique majeur, le cheikh Rached Ghannouchi est un homme à l’influence considérable, l’une des 100 personnalités les plus puissantes de la planète selon le magazine américain Time. Le lauréat du Prix Ibn Rochd de la pensée libre 2014 va ici au fond des choses et livre, au fil de la conversation, sa vision de l’islam dans la société.

Au sujet de l’Islam, de Rached Ghannouchi, entretien réalisé avec Olivier Ravanello, Plon, 141 pages, 15 €.

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Le CCIF organise son 4e gala de soutien le 29 mai

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CCIF

La soirée du 29 mai sera placée sous le signe de la lutte contre l'islamophobie autour d'un événement majeur. Le 4e gala de soutien au CCIF sera organisée dans le 17e arrondissement parisien.

Parmi les invités officiels, ce gala comptera parmi ses hôtes le Chef cuisinier de la 4ème édition du dîner de soutien du CCIF, Mohamed Si Abdelkader Benmoussa, candidat de Top Chef 2014. Après être passé dans les cuisines des luxueux hôtels du Sers, du Bel-Ami dans le triangle d'or, travaillé avec le chef expérimenté Christophe Hay, son «mentor» et côtoyé le chef étoilé Thierry Marx, il est actuellement Chef Cuisinier au restaurant Gastronomie Française Halal Le Crystal Paris.

Le chef cuisinier ne sera pas seul : son collègue Abdelkarim, chef pâtissier de la 4e édition du dîner de soutien du CCIF sera finaliste de l'émission "Le meilleur pâtissier" sur M6.

Pour cette quatrième édition, l'invitée d'honneur du dîner de soutien du CCIF sera Noor Tagouri. Journaliste américaine sur CBS, elle est la première femme voilée à apparaître sur une chaîne d'informations aux Etats-Unis. La présence de Noor aux cotés du CCIF cette année, permettra selon les termes du CCIF d'envoyer «un message fort aux politiques, aux médias ainsi qu'à l'opinion publique : être voilée et réaliser son rêve professionnel est possible ! Le voile ne saurait être un obstacle dans la mise en œuvre du projet de vie personnelle et professionnelle de millions de femmes».

Rokhaya Diallo, militante active contre le racisme, journaliste radio & télé, écrivain et réalisatrice sera également présente.

 

L'humoriste et animateur radio Yassine Belattar sera pour sa part le maître de cérémonie du gala.

Depuis janvier dernier les actes islamophobes se sont décuplés dans tout le pays : des mosquées vandalisées, des femmes voilées agressées, des enfants fichés, convoqués au commissariat,des jeunes filles exclues de cours pour port de jupes longues jugées ostentatoires, et une parole islamophobe libérée et banalisée. Le CCIF accompagne plusieurs centaines de victimes depuis le début de l'année.

Pour tout renseignement: diner@islamophobie.net

Billetterie: ccif.me/diner2015

 

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«Un bon prince est un prince juste»

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Plusieurs siècles avant Machiavel, les auteurs musulmans de «miroirs des princes» définissent une éthique du souverain dissociée du religieux. Elle repose sur les principes de justice et d'équité, conçus dès le VIIIe siècle comme étant d'essence universelle.

Les éditions Les Belles Lettres ont récemment fait paraître une traduction nouvelle de De l’éthique du Prince et du gouvernement de l’État du juriste irakien al-Mâwardî (974-1058). Appartenant au genre littéraire et philosophique du «miroir des princes», l’ouvrage analyse le métier de gouvernant, – et notamment les responsabilités du Prince vis-à-vis de ses sujets – pour mieux définir ce que doit être une conduite exemplaire en la matière, une éthique du souverain.

Le genre naît très tôt en Islam, dès le VIIIe siècle, avec la Risâla fî as-Sahâba d’Ibn al-Muqaffa‘ (m. 757), et se perpétue sur plus d’un millénaire, jusqu’au début du siècle dernier, avec un dernier traité de parénétique royale paru en 1909.

Le grand théologien al-Ghazâlî (m. 1111) s’est lui-même essayé au genre en rédigeant à l’intention du prince seldjoukide Muhammad Ibn Mâlik Shâh son célèbre Nasîhat al-mulûk (Conseils aux princes).

Du point de vue du contenu, on trouve aussi bien des recommandations pratiques – ainsi celle d’Ibn al Muqaffa‘ qui invite le calife al-Mansûr à constituer l’armée d’éléments hétérogènes et à veiller à ne pas l’associer à l’administration politique – que des histoires exemplaires centrées sur des personnages tant islamiques que non islamiques.

Les monarques doivent rendrent des comptes

Les miroirs puisent ici tant dans la tradition arabe païenne, que dans les traditions indienne, grecque et perse auxquelles – fait notable – ils confèrent la même légitimité que la tradition musulmane.

En bien ou en mal, en effet, les souverains anté-islamiques valent ceux de l’Islam, et, à ce titre, ils leur sont donnés en exemple. ‘Alî Ibn Abî Tâlib ou ‘Umar Ibn al-Khattâb, modèles du bon calife, ou ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz, modèle d’humilité devant la charge califale, côtoieront ainsi les noms des empereurs sassanides Ardashir I Papakan, Bahram Chubin, Chosroès I Anusharwan et Chosroès II Aparwiz, de leurs sages ministres tels que Buzurgmihr, ou encore d’Alexandre le Grand et d’Aristote.

A tel point d’ailleurs qu’un auteur défendant le modèle théocratique n’aura pas nécessairement recours à des exemples musulmans tirés de la Révélation, l’histoire des Hébreux ou celle de la Perse sassanide servant avantageusement son propos.

Car ce qui est central dans les miroirs, c’est l’idée de justice, d’équité. Une idée qui se déploie de diverses manières.

Tout d’abord, la royauté est un don de Dieu et c’est à Lui seul que le souverain est redevable de comptes. Mais c’est précisément dans cette perspective du Jugement dernier que les sujets sont en droit d’exercer une pression sur le monarque. D’autant que ni les premiers, ni le dernier n’ignorent que l’exigence de justice et d’équité est ici-bas à la base du consentement politique et de l’allégeance, sources effectives du pouvoir.

La justice politique avant tout

De fait, à l’instar du monarque, les sujets apparaissent dans les miroirs des princes sous une forme hyperbolique : un vieil homme seul, une veuve mère de famille sans ressources, un vieux juif réduit à la mendicité. Plus grand est leur dénuement, plus forte est leur exigence, plus fort leur droit de se faire entendre du prince et d’en appeler à son équité.

Enfin, les auteurs assument d’emblée l’universalité du principe islamique de justice et d’équité, assumant par là même une conception du politique dissociée de la Révélation.

Une conception séculière du politique, plusieurs siècles avant Machiavel, affirmée notamment par des maximes telles que «Mieux vaut le gouvernement d’un prince infidèle et juste que l’iniquité d’un souverain musulman» ou «Deux heures de justice d’un infidèle valent mieux qu’un an de tyrannie en Islam»...

Al-Ghazâlî lui-même avait contribué à populariser ce type de formule, qui dans son Conseils aux princes, écrivait en substance que «le gouvernement peut se perpétuer dans l’incroyance [la non adhésion à l’islam] mais certes pas dans l’injustice.»

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Les tribulations égyptiennes de Marine Le Pen

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Marine Le Pen

La visite de la présidente du Front National Marine Le Pen dans l'un des principaux sanctuaires du sunnisme, l'université du Caire al-Azhar, a fait couler beaucoup d'encre. Les critiques internes en Egypte ont poussé l'institution religieuse a publié un communiqué officiel pour justifier cette rencontre. Zaman France revient sur cette échappée politique de la leader frontiste.

Qu'est-elle allée faire en Egypte ? La patronne du Front National s'est rendue à la célèbre université religieuse d'al-Azhar au Caire pour y rencontre le mufti Ahmed al-Tayeb pendant une heure. Officiellement, cette visite était organisée à la demande de Marine Le Pen. Al-Azhar a précisé que cette rencontre se faisait dans le cadre de «l'ouverture» de l'institution «vis-à-vis de tous les courants idéologiques, pour répondre et confronter tout ce qui fait offense à l'Islam, sa tolérance et son acceptation d'autrui». «Si elle (Mme Le Pen) avait une compréhension erronée de l'islam, le Cheikh d'Al-Azhar voulait lui montrer quel était le véritable islam», a expliqué à l'AFP Abbas Shoman, l'adjoint de M. Al-Tayeb. L'institution égyptienne a également souligné avoir exprimé ses réserves «concernant ses opinions hostiles à l'islam et aux musulmans, telles qu'elles sont rapportées par les médias internationaux», estimant que «ses opinions devaient être revues et corrigées».

Un contre-feu international

Cette visite égyptienne intervient peu de temps après la tourmente qu'a connu le Front National après l'épisode houleux qui a opposé Marine Le Pen à son père, exclu du parti qu'il a lui-même fondé, après ses propos sur les chambres à gaz. Cette escapade diplomatique intervient à point nommé alors que les risques d'implosion ou d'érosion électoraux du parti d'extrême-droite planaient sérieusement sur lui. Mais cette rencontre n'est pas un hasard dans l'agenda politique de la fille de Jean-Marie Le Pen. Celle-ci avait déjà manifesté son soutien au général Sissi, putschiste en chef du président déchu Mohamed Morsi, condamné à mort, pour sa lutte implacable contre l'islamisme radical, bête noire du FN. Cette sortie internationale lui permet donc de redorer son blason de chef politique crédible. «Le président Al-Sissi est un des leaders qui a le message le plus clair à l’égard du fondamentalisme», a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse. «Nos choix au Front national sont clairs, soutenir les pays qui luttent contre le fondamentalisme, au premier rang desquels bien entendu l’Egypte et les Emirats Arabes Unis», a précisé Marine Le Pen.

Le Pen, de l'islamophobie française à l'islamophilie internationale

Plus surprenantes sont les positions sur les musulmans de France et du monde dévoilées à l'occasion de ce voyage. La présidente du FN a déclaré être contre «l'amalgame entre islam et actes de violences» et «reconnu le droit des Français musulmans de pratiquer leur foi en toute liberté», d'après le communiqué d'al-Azhar. Marine Le Pen a également déclaré espérer que cette rencontre «contribuera à gommer les effets malheureux de la désinformation médiatique dans l'esprit de nombreux musulmans du monde». Faut-il voir dans ces déclarations un changement de ligne au sein du FN ? Pas vraiment. La présence à ce voyage de Aymeric Chauprade, un géopoliticien député européen FN suffit à écarter cette option. Aymeric Chauprade s'était illustré en janvier dernier par une sortie islamophobe où il déclarait «s'inquiéter d'une "cinquième colonne" islamiste en France et de "la menace très grave" que constitue, selon lui, l'islam». Marine Le Pen en a profité pour attaquer le Qatar et l'Arabie saoudite accusés de soutenir le salafisme djihadiste. Une posture qui pourrait expliquer le dépôt de plainte pour diffamation du Qatar, en France, à l'encontre de Florian Philippot, accusé d'avoir proféré des propos similaires contre l'émirat du Golfe. Enfin, une rencontre avec les Coptes a permis à la politicienne française de réexprimer son soutien aux chrétiens opprimés dans le monde et victimes de... l'islamisme radical !

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Osez le féminisme en pleine «fitna» sur le voile

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Osez le féminisme

La section lyonnaise de l'association nationale Osez le féminisme a démissionné. En cause : la question du voile qui a divisé les militantes de l'un des principaux mouvements féministes mainstream en France, proche du PS.

Le torchon brûle au sein de Osez le féminisme (OLF). Ou plutôt le voile. La démission des membres de la section lyonnaise de cette association féministe de gauche, proche du PS et qui incarne le féminisme institutionnel en France, a jeté un pavé dans la mare. Les raisons avancées par les démissionnaires qui ont publié un communiqué pour s'en expliquer mettent en avant deux éléments. D'une part, «un fonctionnement entre instances nationales et antennes locales jugé autoritaire, trop pyramidal». D’autre part, un violent désaccord sur la position relative aux femmes musulmanes voilées. La diffusion d'une émission de Canal + sur le mouvement OLF et sur sa présidente Anne-Cécile Mailfert avait déjà provoqué il y a peu la colère de ces membres, qui se sont senties déconsidérées par une direction distante et par «l’impossibilité de mener des débats sur des sujets cruciaux malgré des demandes répétées de la part des antennes locales d’ouvrir une réflexion sur ces thématiques», selon Rue 89.

Anne-Cécile Mailfert est la présidente de l'association Osez le féminisme.

Ces dernières estiment, par ailleurs, que «dans un contexte de montée de l’islamophobie et du racisme, rester silencieuses sur des lois qui discriminent et stigmatisent une population, toujours la même, c’est laisser la possibilité au racisme de s’exprimer en récupérant insidieusement les arguments féministes», d'après leur communiqué.

Malaise dans la galaxie féministe

L'affaire fait grand bruit dans les milieux féministes mais elle n'est que le révélateur de tendances profondes et d'un clivage de moins en moins significatif sur le terrain. La question du voile est récurrente et comme à l'accoutumée, les directions des mouvements féministes mainstream répètent à l'envie la même position : le voile est le symbole de la soumission de la femme et de la domination patriarcale, et en ce sens doit être combattu. Au début des années 2000, ce discours porté par Elisabeth Badinter, Caroline Fourest, Ni Putes Ni Soumises et quelques autres figures de la gauche féministe institutionnelle avait contribué largement a infléchir l'opinion publique en faveur du vote de la loi sur l'interdiction du voile dans les collèges et les lycées le 15 mars 2004.

 

Depuis, pas de changement de ligne sur ce sujet en dépit de quelques ouvrages et études révélant les multiples significations adossées au voile par les jeunes femmes le portant, la plupart n'ayant que peu de rapport avec une quelconque injonction masculine. Cette affaire de démission collective dévoile donc les dynamiques de conflit interne ou à tout le moins d'interrogations de nombreuses féministes sur la position à avoir concernant la pluralité des pratiques sociales féminines et la diversité culturelle et religieuse des femmes en France.

Les racines d'une prise de conscience

Une rencontre organisée au mois de mai à Lyon entre la section de OLF et la Coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI) a été un révélateur de ce fossé entre la direction nationale de OLF et les militantes de terrain. Ces dernières, parties à la rencontre des femmes de quartier, des militantes de confession musulmane, ont perçu les mécanismes de domination inhérent au discours universaliste du féminisme institutionnel, en particulier les charges constantes menées contre les femmes musulmanes.

Manifestation contre l'islamophobie organisée à Lyon par la Coordination contre le racisme et l'islamophobie.

Mais le changement de perception de OLF Lyon ne date pas de cette rencontre. Jamila Farah, membre lyonnaise du CRI, témoigne : «L'invitation a été à l'initiative de OLF qui voulait entendre Safia Benyounès du CRI Lyon en tant que militante voilée. Les militantes de OLF avaient déjà participé à la manifestation du 14 mars contre la loi contre les signes religieux. Elles souhaitaient mieux comprendre le quotidien des femmes voilées. Elles ont compris que les femmes voilées sont doublement dominées, d'une part par les hommes, d'autre part par les instances paternalistes. Elles ont également saisi l'importance primordiale de favoriser l'insertion économique des femmes musulmanes voilées».

Jamila Farah est l'une des membres de la section lyonnaise de la Coordination contre le racisme et l'islamophobie.

Les participantes de OLF Lyon ont également reconnu l'existence d'un racisme inconscient porté par un certain discours féministe exclusif. Pour la militante féministe Hanane Karimi qui suit ces dynamiques de très près, «les musulmanes ont leurs propres voix car elles n'ont cessé de parler pour elles-mêmes depuis les première polémiques les concernant».«Il y a un effet de perméabilité de leur discours et de leur point de vue qui a pris du temps mais qui est effectif». Doctorante, diplômée du Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Ethique, Hanane Karimi estime que l'épisode lyonnais de OLF «est emblématique du renouveau féministe qui a une vrai prégnance sociale : le féminisme intersectionnel». Elle considère néanmoins qu'il en faudra un peu plus pour renverser la donne et qu'une restructuration du féminisme institutionnel, parfois qualifié de «féminisme blanc», est attendue.

La doctorante et militante féministe musulmane Hanane Karimi.

«La femme voilée est dans un angle mort»

Au think tank Different, le «féminisme intersectionnel», on connaît. Sa présidente, Virginie Martin, politilogue, sociologue et auteure du livre Ce monde qui nous échappe - Pour un universalisme des différences aux éditions de l'Aube, nous en a touché quelques mots. «Nous travaillons sur un féminisme intersectionnel qui prend en compte l'approche post-coloniale dans le féminisme. Si on ne prend en compte que la classe sociale on se trompe. Si on ne prend en compte que l'ethnie ou la race ou encore uniquement le sexe, on se trompe également».

Politologue et sociologue, Virginie Martin est la présidente du think tank Different.

Sur le positionnement d'OLF, l'analyse de Virginie Martin est critique. Tout en considérant que l'association «travaille très bien sur la classe sociale» et qu'elle est loin d'un «féminisme bourgeois», elle souligne le fait qu'elle oublie «la question civilisationnelle et raciale». «La femme voilée est dans un angle mort» estime Virginie Martin, celui de la République qui ne les reconnaît pas au nom d'une vision paternaliste du féminisme, et celui du machisme conservateur et/ou religieux qui les renvoient à leur condition de femmes. Ce décalage lui paraît, néanmoins, vaguement ressenti au sein de OLF. «Elles sentent bien qu'elles loupent quelque chose en terme de clientèle associative. Sur le discours des classes modestes, elles loupent le rendez-vous avec les quartiers et la question des discriminations», précise la présidente de Different. Le dogmatisme de OLF, sa tendance à dire «ce qui est bon ou pas bon» ne correspond plus, selon elle, au paradigme de notre époque. «Peux-t-on donner des leçons à qui que ce soit dans cette planète ? C'est difficile de dire nous avons raison. Le monde est devenu excessivement complexe. Le seul principe qui vaille est la reconnaissance mutuelle et réciproque dans un monde horizontal et non vertical. Je te respecte et tu me respectes. Il nous faut décentrer les regards car les pratiques s'hybrident», confie Virginie Martin.

 

Repères

Ce monde qui nous échappe, l'appel à la raison de Virginie Martin

Beaucoup d'interrogations dans le dernier ouvrage de Virginie Martin, Ce monde qui nous échappe - Pour un universalisme des différences aux éditions de l'Aube. Quel est ce monde dans lequel nous vivons, où les ­extrémismes se donnent à voir, et les nationalismes avec eux. Car le monde qui vient semble faire peur comme s’il allait échapper aux États, aux nations, aux hommes et aux femmes. Pour beaucoup, un retour à une stabilité imaginée, un repli, l’espoir d’un temps figé, sont autant de réponses à des environ­nements devenus instables.

Pour sa part, si elle partage le constat d’un monde complexe et mouvant, ­Virginie Martin refuse d’emboîter le pas à ceux qui parlent de suicide français ou de soumission. Et si nous racontions une autre histoire que celle à la mode, celle qui nous angoisse et nous sépare, propose-t-elle ? Une histoire d’émancipations, d’identités multiples et harmonieuses, de progrès ­techniques incroyables… Dans cet essai passionnant et acéré, l’intellectuelle lance un appel : la France doit porter un discours sur un nouvel universalisme – celui des différences. Ce livre a été initié en collaboration avec Pierre Lenel.

 

 

 

 

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Un «califat» méconnu : l’empire de Sokoto

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Empire fondé sous la bannière de l’islam et califat méconnu, Sokoto est le grand et le plus puissant État africain au XIXe siècle. Il est l'oeuvre d'un homme, Ousmane Dan Fodio, uléma itinérant et cheikh de la confrérie Qadiriyya.

Frontières de sable, frontières de papier. Histoire de territoires et de frontières, du jihad de Sokoto à la colonisation française du Niger, XIXe-XXe siècles (Publications de la Sorbonne) est le titre du dernier essai de l’historienne Camille Lefebvre. L’ouvrage, qui englobe 160 ans d’histoire de ce qui allait devenir le Nigeria, a notamment le mérite de revenir longuement sur l’empire de Sokoto.

Empire fondé sous la bannière de l’islam et califat méconnu, il s’agit du plus grand État africain au XIXe siècle : 1500 km du fleuve Niger au lac Tchad, et 600 km du Nord au Sud. Le plus puissant aussi. Un empire né de l’activité missionnaire d’un homme, le prédicateur peul ‘Uthmân Ibn Fûdî (Ousmane dan Fodio), et qui durera un siècle, jusqu’en 1904.

Son action s’insère dans un contexte socio-politique régional dans lequel deux facteurs sont déterminants. D’une part, une forte tendance au regroupement politique, qui voit l’émergence d’Etats qui, s’ils sont dominés par certaines ethnies (Peul, Malinké, Agni et Baoulé, à l’Ouest, Peul et Haoussa au Centre, Bantou au Sud) dépassent le cadre de la tribu. D’autre part, la diffusion croissante de l’islam, une religion certes millénaire en Afrique, mais qui au XVIIIe siècle gagne les campagnes, progressant vers le Sud.

Une diffusion qui doit beaucoup aux ulémas itinérants, qui associent prédication religieuse et action politique. ‘Uthmân Ibn Fûdî, – savant musulman et fondateur d’empire – constitue à cet égard un exemple emblématique.

Par son savoir (son œuvre comprend des dizaines de traités en arabe, mais aussi des poèmes en langue vernaculaire), par sa rigueur morale, par son aura, ce disciple du marabout réformateur Jibrâ’îl ibn ‘Umar al-Aqdasî et cheikh de la confrérie Qadiriyya attirait des étudiants des quatre coins du Bilâd as-Sudân (Afrique de l’Ouest et nord de l’Afrique centrale actuels).

Mais surtout, par ses prêches publics, il réussit à initier un formidable mouvement de réforme qui allait donner une place nouvelle à l’islam dans la région. D’une religion qui, pour l’essentiel, est cantonnée aux cercles des lettrés, des riches marchands et des hommes de pouvoir, il contribuera à faire une religion populaire, réunissant, au-delà des barrières ethniques et sociales, paysans, pasteurs, femmes et esclaves.

En février 1804, appuyé par de nombreux fidèles, il lance, à partir du nord du Gober, la guerre sainte (jihâd) contre les rois haoussas, dont il juge le gouvernement contraire aux enseignements de l’islam. En décembre 1808, celui que ses fidèles parent du titre de Commandeur des croyants (Amîr al-mu’minîn) s’empare du dernier bastion haoussa. En l’espace d’une décennie, l’Etat ainsi constitué atteint son extension maximale : du Dendi et du Gourma à Maroua, engloblant Katsina, Kano, Zaria, Adamaoua, etc.

Un Etat prospère qui impose d’importantes taxes douanières aux riches caravanes qui, quotidiennement, assurent la liaison avec l’Afrique du Nord et la vallée du Nil. La cité de Kano est alors un centre commercial majeur du continent.

‘Uthmân Ibn Fûdî meurt en 1817, dans la capitale qu’il a fondée, Sokoto. Cinq ans plus tôt, ayant jugé sa mission accomplie, et conformément à son éthique soufie, il s’était retiré du pouvoir pour se consacrer à l’étude.

Ses successeurs veilleront à consolider les acquis de l’«Etat ‘uthmanien» (ainsi que le nomment les sources afro-arabes) : une structure politique divisée en provinces (émirats), supra-ethnique, centralisée et stable. L’administration demeurera entre les mains des fonctionnaires lettrés et, de même que l’idéal du jihâd, cette tradition de culture ne fut jamais réellement abandonnée (plus de trois cents ouvrages religieux furent composés à Sokoto).

Néanmoins, l’ivresse du pouvoir finira par avoir raison des idéaux égalitaires du jihâd. Les Peuls devinrent la nouvelle classe dominante, creusant le fossé entre gouvernants et gouvernés. Morcelé, pris en étau entre les forces coloniales françaises et britanniques au Nord et au Sud, l’empire disparaît en 1904.

 

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Le gouvernement s'inquiète d'une réunion de LR sur l'islam

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Le porte-parole du gouvernement s'est dit mercredi "extrêmement inquiet" de la tenue, jeudi, par Les Républicains de Nicolas Sarkozy, d'une réunion à huis clos sur l'islam.

Le porte-parole du gouvernement s'est dit mercredi "extrêmement inquiet" de la tenue, jeudi, par Les Républicains de Nicolas Sarkozy, d'une réunion à huis clos sur l'islam.

Début mars, l'ex-chef de l'Etat avait déjeuné à la Mosquée de Paris avec les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) et annoncé dans la foulée qu'il les retrouverait pour une "journée de travail" visant à produire un "texte commun" sur la République et l'islam de France.

Cette "réunion de travail et d'échanges" se tiendra jeudi à huis clos en présence de représentants du culte et de plusieurs élus, a-t-on indiqué chez Les Républicains, confirmant une information du Monde.

"Je porte un regard extrêmement inquiet (sur le fait) que l'ancienne UMP organise une première convention sur l'islam à huis clos", a déclaré Stéphane Le Foll lors du compte rendu du conseil des ministres.

"Je voudrais savoir où ce parti qui se prétend républicain veut aller", a-t-il ajouté.

Dans la formation de droite, on assure toutefois que le huis clos ne vise "pas du tout à cacher quelque chose" et a été décidé "à la demande de certains participants, pour que tout le monde se sente à l'aise."

La réunion, à laquelle participeront plusieurs élus des Républicains parmi lesquels Nathalie Kosciusko-Morizet et Georges Fenech, rassemblera des représentants du culte musulman mais aussi juif et catholique, précise-t-on.

Nicolas Sarkozy devrait y faire une apparition, ajoute-t-on.

Selon Le Monde, "aucun des principaux rivaux" de l'ex-chef de l'Etat, comme Alain Juppé, François Fillon ou Bruno Le Maire, ne sera présent à cette réunion.

Le gouvernement socialiste a, lui, annoncé une "grande consultation" pour réformer le CFCM, l'instance représentant les musulmans de France qui n'a jamais réussi à s'imposer depuis sa création en 2003.

Cette "instance de dialogue", dont le CFCM devrait rester la "colonne vertébrale", selon l'un de ses membres, doit se réunir avant le ramadan, qui commence mi-juin.

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Les Républicains : Boubekeur aurait subi des pressions pour assister au débat sur l'islam

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D'après Abdallah Zekri, membre du bureau exécutif du CFCM et proche du recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubekeur se serait rendu à la réunion des Républicains sur l'islam en trainant des pieds, à la suite de pressions. Les organisations musulmanes, elles, ont dénoncé un acharnement politique à droite contre l'islam.

Nicolas Sarkozy a affiché jeudi sa volonté d'"apaiser" sur les questions liées à l'islam en France alors qu'un débat des Républicains sur les religions et la République ravive les fractures idéologiques entre les prétendants à la primaire.

Voulue en février par l'ancien chef de l'Etat à la suite des attentats de janvier, cette "journée de travail", d'abord destinée à être une convention thématique et plusieurs fois reportée, a finalement abouti à des échanges à huis clos face aux critiques et réserves des cadres de l'ex-UMP, qui réprouvent tour à tour une "stigmatisation", une "hystérisation laïcarde" ou des "emballements électoralistes" sur le terrain du FN.

La vice-présidente déléguée Nathalie Kosciusko-Morizet, maintenue à son poste en dépit d'une liberté de ton qui hérisse les sarkozystes, a dénoncé une "mauvaise idée".

Après un congrès terni par les huées visant Alain Juppé et François Fillon, Nicolas Sarkozy s'est défendu d'un nouveau faux pas dans la mise en orbite présidentielle des Républicains. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a dit mercredi porter "un regard extrêmement inquiet" sur la réunion.

"Ce qui serait étonnant, c'est qu'on n'en parle pas. Qu'est-ce qu'il y a de choquant à ce qu'un parti dit 'républicain' discute au fond de ces questions, sans insulter personne?", a déclaré le président de l'ex-UMP mercredi soir, lors d'une réunion publique à Asnières (Hauts-de-Seine).

Jeudi, il a persisté lors d'une déclaration impromptue aux côtés du président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, venu malgré les menaces de boycott de l'instance.

Les critiques d'Alain Juppé

"Il y a une double inquiétude", a-t-il argumenté devant des journalistes. "L'inquiétude d'un certain nombre de musulmans de France qui ne veulent pas être assimilés au djihad, qui veulent vivre dans la paix leur religion", a-t-il expliqué.

L'autre inquiétude, a-t-il ajouté, c'est celle "d'une partie de la communauté nationale qui se dit : est-ce que l'islam est compatible avec la République, et comment pouvons-nous poser les bases d'une règle qui permettra d'apaiser?".

A son arrivée au siège des LR, où il n'a pas assisté à l'intégralité des débats, le président du CFCM Dalil Boubakeur avait expliqué sa présence par la volonté de "défendre" les musulmans et son refus de les considérer "comme seulement définissables par le djihadisme, les caricatures, la stigmatisation, les amalgames". Anouar Kbibech, vice-président du CFCM, était aussi présent selon Le Parisien.

Abdallah Zekri, membre du bureau exécutif du CFCM et proche du recteur de la grande mosquée de Paris, s'est élevé sur iTELE contre l'entreprise de "stigmatisation" de Nicolas Sarkozy, rappelant notamment les propos du député-maire LR de Nice, Christian Estrosi, sur l'"islamo-fascisme" et les "cinquièmes colonnes" islamistes. Selon lui, Dalil Boubakeur a subi des pressions pour assister à la réunion de jeudi. «Les invités ont subi des pressions de la part de Nicolas Sarkozy qui a dit à certains: Vous pensez que je ne serai pas là en 2017?», a-t-il déclaré dans les colonnes du Parisien.

Les principaux rivaux de Nicolas Sarkozy pour la primaire de 2016 ont manifesté leur désaccord par leur absence.

Alain Juppé, qui ne retient plus ses critiques et sarcasmes contre le président des Républicains, n'a de cesse de souligner la nécessité d'une société "apaisée".

Dans une interview au Figaro, samedi dernier, il appelait sa famille politique à garder son "sang-froid" et à ne pas tomber "dans l'extrémisme" en prônant, par exemple, l'exclusion des enfants qui ne veulent pas manger de porc dans les cantines scolaires ou des étudiantes portant un foulard à l'université.

Marine Le Pen en embuscade

Durant la campagne pour les élections départementales, Nicolas Sarkozy n'a pas reculé devant la surenchère sur la défense de la laïcité en réclamant l'interdiction des repas de substitution dans les cantines, l'interdiction du voile à l'université ou lors des sorties scolaires.

Lors d'un déplacement à Tunis, en mai dernier, François Fillon avait mis en garde contre "des coups sans lendemain". Quant à Bruno Le Maire, il juge que l'islam n'est pas "une question prioritaire".

La première partie de la journée a été consacrée à la place des religions dans la République, en présence notamment du secrétaire général de la Conférence des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, et de Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France.

Les échanges de l'après-midi portaient sur "l'islam de France" à travers, notamment, des témoignages d'élus locaux.

"Il n'y a pas de sujet avec les gens qui prient dans des caves et les maires qui ont du mal à construire des mosquées parce que la population est divisée?", s'est interrogé sur Europe 1 Henri Guaino, chargé de la question de l'islam au sein de LR avec le député-maire de Tourcoing Gérald Darmanin.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a raillé le choix du huis clos, qui traduit selon elle une approche "honteuse du bilan de Nicolas Sarkozy en la matière".

Henri Guaino et Gérald Darmanin, qui n'ont pas toujours été tendres avec les prises de position de Nicolas Sarkozy, ont précisé que le parti ne ferait "aucune communication sur le contenu des échanges, ni sur les enseignements auxquels ils pourraient conduire". Un rapport sera transmis au président de LR "dans les prochaines semaines".

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